Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 juillet 2016 7 03 /07 /juillet /2016 17:25

ITALIE GRANDE BRETAGNE ET ESPAGNE

Par Bernard Fischer

Dimanche 3 Juillet 2016

Il y avait donc à la fin du mois de juin 2016 trois échéances électorales européennes importantes en Italie, en Grande Bretagne et en Espagne.

Tout commençait le Dimanche 19 Juin 2016 par le deuxième tour des élections municipales partielles en Italie. Les candidates du Mouvement Cinq Etoiles (MCE) gagnaient les mairies de Rome et de Turin. Il y avait ensuite, quatre jours plus tard, la victoire du Brexit au référendum en Grande Bretagne. Il y avait enfin, trois jours après la victoire du Brexit en Grande Bretagne, les élections législatives en Espagne dans lesquelles les quatre plus importantes formations politiques espagnoles confirmaient les résultats des élections législatives du mois de décembre 2015.

Les caractéristiques communes de ces trois événements électoraux sont les suivantes.

Premièrement, ce sont des défaites politiques majeures des gouvernements réactionnaires respectifs de Matteo Renzi en Italie, de David Cameron en Grande Bretagne et de Mariano Rajoy en Espagne, de l’Union Européenne et de la troïka.

Deuxièmement, comme conséquence de ces défaites des gouvernements réactionnaires, ce sont des victoires politiques importantes des peuples d’Italie, de Grande Bretagne et d’Espagne.

Troisièmement, ces résultats ne sont pas du tout des coups de tonnerre dans un ciel bleu, ils viennent de loin, ce sont les résultats de plusieurs dizaines d’années d’évolution politique et sociale dans chacun des pays et ils auront des conséquences pendant des dizaines d'années.

Enfin, quatrièmement, les médias français et l’extrême gauche française ne comprennent rien à ces résultats.

Les médias français ne comprennent rien à la victoire des candidats du MCE aux élections municipales partielles en Italie. Ils présentent généralement le MCE comme un parti populiste et le populisme serait forcément de droite ou d’extrême droite. Ils ne connaissent rien à la vie politique italienne. Ils ne connaissent pas, par exemple, trois événements importants de la vie politique italienne depuis quinze ans, les girotondi en 2002, le No Berlusconi Day en 2009 et les forconi en 2013. La majorité des électeurs du MCE sont tout simplement les anciens électeurs du Parti Communiste Italien (PCI) et de l’extrême gauche italienne d’il y a vingt ans et d'il y a quarante ans.

Les deux conséquences les plus importantes de la victoire du Brexit en Grande Bretagne sont les suivantes.

Premièrement, la question centrale de la campagne pour le référendum britannique était la question du vote non de gauche à l’Union Européenne, mais l’extrême gauche française ne participait pas du tout à cette campagne et elle oubliait totalement la campagne pour le vote non de gauche au référendum français de 2005. L’extrême gauche française ne comprend rien aux relations entre la gauche du parti travailliste et le Socialist Workers Party (SWP) de Grande Bretagne. Si Jeremy Corbyn ne capitule pas, comme d’autres avant lui, comme par exemple Alexis Tsipras en Grèce, il y aura dans toutes les circonscriptions aux prochaines élections législatives britanniques des candidats du vieux parti travailliste de Jeremy Corbyn contre les candidats du nouveau parti travailliste de Tony Blair.

L’autre conséquence des résultats du référendum britannique, ce sera l’explosion du Royaume Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord, l’indépendance de l’Ecosse et la réunification de l’Irlande. Il y avait déjà un premier référendum pour l’indépendance de l’Ecosse en 2014. Le parti majoritaire aujourd’hui en Ecosse est le Scottish National Party (SNP) et son programme est très clair, c’est l’indépendance de l’Ecosse et l’adhésion de l’Ecosse indépendante à l’Union Européenne.

En Espagne, la majorité des instituts de sondage espagnols annonçaient le sorpaso, le passage de Podemos devant le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE). Il n’en était rien et les instituts de sondage proclamaient immédiatement la défaite de Podemos. Deux ou trois sièges de plus ou de moins pour Podemos ou bien pour le PSOE, cette question était totalement secondaire. La question centrale depuis six mois est la question de l’ingouvernabilité de l’Espagne et de la crise du bipartisme et du régime de la transition de la monarchie post franquiste. Après les élections législatives du mois de juin 2016, l’Espagne est toujours aussi ingouvernable et les meilleurs commentateurs et spécialistes de la vie politique espagnole prédisent déjà pour la troisième fois des élections législatives en Espagne en 2017. La seule solution serait une grande coalition comme en Allemagne, un gouvernement d’union nationale entre le Parti Populaire et le PSOE, mais cette solution précipiterait la crise du régime et du PSOE.

En Espagne, la question centrale n’est pas à Madrid, comme en Grande Bretagne la question centrale n’est pas à Londres. La question centrale est la question de l’explosion de l’état espagnol, de l’indépendance de la Catalogne et du Pays Basque et de la réalisation du mot d’ordre central de la diada de Catalunya de 2012, « Catalunya, nou estat d’Europa ».

Partager cet article
Repost0

commentaires