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4 novembre 2016 5 04 /11 /novembre /2016 18:49

 

Attentat en Turquie après l'arrestation d'élus pro-kurdes (Reuters)

 

Un attentat à la voiture piégée a fait neuf morts et une centaine de blessés Vendredi 4 Novembre 2016 à Diyarbakir, la grande ville kurde du sud-est de la Turquie, quelques heures après l'arrestation de douze parlementaires du parti démocratique des peuples (HDP).

Parmi les élus interpellés figurent Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, co-présidents de la formation.

Ces arrestations ont suscité une vive réaction de la communauté internationale, déjà préoccupée par la vaste purge dans la fonction publique entamée après le coup d’état militaire manqué du Vendredi 15 Juillet 2016.

La responsabilité de l'attentat a été imputée au parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), que le gouvernement turc, les Etats-Unis et l'Union Européenne tiennent pour une organisation terroriste.

L'explosion s'est produite dans le quartier de Baglar, près d'un commissariat de police où plusieurs des élus du HDP ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête antiterroriste, a-t-on appris de sources proches de la sécurité.

Dans un enregistrement vidéo diffusé sur internet après les arrestations, l'un des chefs militaires du PKK promet une intensification de la lutte armée.

Les diplomates turcs en poste à Berlin et Copenhague ont été convoqués par les autorités allemandes et danoises.

Pour le président du parlement européen, Martin Schulz, les actes d'Ankara « remettent en question les bases d'une relation durable entre l'Union Européenne et la Turquie ».

Federica Mogherini, haute représentante de l'Union Européenne pour la politique extérieure et de sécurité commune, s'est dite « extrêmement préoccupée par l'arrestation de Selahattin Demirtas et des autres élus du HDP ».

En France, le ministère des affaires étrangères a exprimé lui aussi sa vive préoccupation.

« La France et la Turquie sont liées par des valeurs communes qui fondent leurs relations et se traduisent notamment par l'adhésion de nos pays à la convention européenne des droits de l'homme. Aussi, l'arrestation de plusieurs députés du parti HDP soulève une vive préoccupation », a déclaré le porte-parole du ministère, Romain Nadal.

Le Conseil des Droits de l’Homme (CDH) de l'Organisation des Nations Unies (ONU) a déploré que les autorités turques utilisent l'état d'urgence pour prendre des mesures « qui vont au-delà de ce qui est admissible ».

Le gouvernement turc a, lui, défendu sa position.

« La Turquie est un état de droit. Personne n'est au-dessus des lois. Ce qui a été fait entre dans le cadre du droit. La politique ne peut être un alibi pour commettre des crimes », a déclaré le premier ministre, Binali Yildirim.

Les autorités turques reprochent aux députés du HDP d'avoir refusé de témoigner dans des affaires de « propagande terroriste ».

Lors d'une conférence de presse, le porte-parole du HDP a dénoncé une « opération politique » dont l'objectif est selon lui de provoquer une « guerre civile » et d'éradiquer un parti qui a réuni plus de cinq millions de voix lors des deux élections législatives de l'année dernière.

Selahattin Demirtas, candidat à l'élection présidentielle remportée en 2014 par Recep Tayyip Erdogan, s'est dit prêt à répondre de ses actes « devant une justice équitable et impartiale. Mais je refuse d'être un acteur d'un théâtre judiciaire juste parce que Recep Tayyip Erdogan, dont le propre passé politique est suspect, l'a ordonné », ajoute-t-il sur Twitter.

Selon de nombreux turcs, l'accès aux réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook ou au système de messagerie WhatsApp a été perturbé à la suite de ces arrestations. L'utilisation est cependant possible en connexion réseau virtuel privé (VPN).

Ankara accuse de longue date les membres du HDP d'être liés au PKK, ce que réfute la formation d'opposition. Avec cinquante neuf sièges, le HDP est la troisième force politique au parlement turc.

Depuis le mois de juin 2016, les députés ne sont plus protégés par l'immunité parlementaire.

La Turquie vit sous le régime de l'état d'urgence depuis la tentative de coup d’état du Vendredi 15 Juillet 2016. Plus de cent dix mille fonctionnaires, policiers, soldats, juges, journalistes et autres ont été arrêtés ou démis de leurs fonctions.

Ils sont soupçonnés de liens avec le réseau de Fethullah Gülen, prédicateur exilé aux Etats-Unis qu'Ankara présente comme l'instigateur du putsch avorté. Ce qu'il dément.

Les pouvoirs élargis liés à l'état d'urgence ont en outre conduit à des arrestations de responsables politiques de l'opposition pro-kurde et à la fermeture de nombreux organes de presse, dont tous les grands médias kurdes.

 

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