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26 novembre 2016 6 26 /11 /novembre /2016 14:55

 

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/26/cuba-et-castro-une-histoire-d-espoir-et-de-desesperance_5038587_3232.html#xtor=AL-32280515

 

Cuba et Fidel Castro, une histoire d’espoir et de désespérance

 

Editorial du Monde

 

Que restera-t-il de l’héritage de Fidel Castro, mort dans la nuit du vendredi 25 novembre 2016 ? Une révolution qui a, cruellement, mangé ses enfants, sans sortir le peuple de la misère ou la résistance à l’impérialisme américain ?

D’abord, Fidel Castro, mort dans la nuit du vendredi 25 novembre 2016, a représenté l’espoir, un immense espoir. Nous ne pouvons pas comprendre le retentissement de la révolution castriste sur cette petite île des Caraïbes si nous ne la resituons pas dans son époque. En cette année 1959, quand les barbudos de la guérilla menée par Fidel Castro contre la dictature de Fulgencio Batista prennent le pouvoir à la Havane, le socialisme tel qu’incarné par l'union soviétique est figé dans une tyrannie bureaucratique.

Voilà qu’une révolution menée par des jeunes gens qui font le coup de fusil dans la montagne renverse un tyran corrompu. Fulgencio Batista a confié son pays à la mafia nord-américaine, laquelle en a fait une sorte de casino pour touristes en mal d’exotisme. Tout y est, romantisme, rumba et treillis de maquisard. Telle est la légende et aussi une part de la vérité. Car les débuts de la révolution sont marqués par l’ambiguïté.

« La révolution cubaine est une démocratie humaniste », dit Fidel Castro. Deux ans durant, il hésite avant de se jeter dans les bras de Moscou. Les historiens discutent encore si c'est la faute de l’agressivité de Washington ou Fidel Castro était-il déjà décidé à instaurer un régime communiste à Cuba ?

En 1961, le choix est fait, Fidel Castro se proclame marxiste-léniniste, il instaure une dictature de fer, fait fusiller ou embastille la moindre opposition. Les libertés publiques sont anéanties et l’économie est étatisée. Contraint ou délibérément, il enferme la révolution cubaine dans le camp soviétique. Mais pour tous les déçus du communisme, peu importe, en Afrique, en Asie et ailleurs en Amérique Latine, le modèle castriste fascine et, bien au-delà du bassin des Caraïbes, anime nombre de guérillas révolutionnaires. La légende de Fidel Castro est planétaire.

Sur place, la guerre froide fait son œuvre. Washington veut la fin de l’expérience castriste. La crise des fusées, celles qu’installe le Kremlin à Cuba, se solde par une défaite pour Moscou, mais elle contribue au durcissement d’un régime dont la Central lntelligence Agency (CIA) a juré la fin. Les Etats-Unis instaurent un embargo économique total, l'union soviétique soutient l’île à bout de bras. Fidel Castro joue avec succès d’un sentiment anti yankee qu’exacerbent, dans toute la région, les menées des Etats-Unis en Amérique Latine. Aveugle à l’impitoyable répression intérieure, la gauche européenne reste longtemps séduite par le mythe castriste.

La fin de la guerre froide et l’auto dissolution de l'union soviétique en 1991 portent un coup de plus à l’économie de l’île. L’embargo américain n’a en rien assoupli le régime, au contraire.

Alors que le leader, vieillissant, plus secret et mystérieux que jamais, s’est retiré au profit de son frère Raul Castro, en 2008, le président américain Barack Obama va ouvrir la porte à la normalisation entre les deux pays. Le mouvement est en cours, Donald Trump devrait le poursuivre.

Que restera-t-il de l’héritage de Fidel Castro ? Une révolution qui a, cruellement, mangé ses enfants, sans sortir le peuple de la misère ? Un homme qui a incarné la résistance à l’impérialisme américain dans la région ? L’image d’un dictateur cynique vivant dans le luxe avec une nomenklatura de privilégiés sous la protection d’une impitoyable police secrète ? Un homme qui aura été l’un des pions de l'union soviétique, en Afrique notamment, dans la guerre froide ? L’histoire retiendra tout cela à la fois, sans tomber dans les pièges du lyrisme et de l’exotisme.

 

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