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10 février 2017 5 10 /02 /février /2017 19:08

 

Cédric Herrou condamné à trois mille euros d'amende avec sursis pour avoir aidé des migrants (Reuters)

 

L'agriculteur Cédric Herrou, figure emblématique de l'aide aux migrants dans le sud-est de la France, a été condamné Vendredi 10 Février 2017 à trois mille euros d'amende avec sursis pour avoir aidé des étrangers en situation irrégulière à franchir la frontière italienne.

Le parquet de Nice avait requis au début du mois de janvier 2017 sa condamnation à huit mois de prison avec sursis.

« L'absence de contrepartie directe ou indirecte est évidente. Votre sincérité n'est pas remise en cause mais la preuve au cas par cas de leur situation nécessitant une sauvegarde individuelle n'a pas été apportée », a indiqué la magistrate Laurie Duca lors de la lecture du jugement.

Elle a précisé qu'elle ne pouvait pas se prononcer, en droit, sur les conditions d'accueil des réfugiés mises en place en Italie pouvant justifier ou pas l'action de l'agriculteur.

La justice l'a en revanche relaxé sur l'aide qu'il apporte depuis des mois à de nombreux migrants arrivés sur le territoire français en les transportant, les logeant et les hébergeant notamment dans sa ferme isolée de Breil-sur-Roya.

C'est là, en pleine vallée de la Roya, une zone escarpée s'étendant à la fois en Italie en France, que débarquent depuis des mois des centaines d'étrangers, parfois mineurs, en situation irrégulière souvent venus d'Érythrée. A tel point que l'homme a installé deux caravanes et cinq tentes de deux places pour faire face à l'afflux, rappelle la juge.

« On ne peut reprocher à quiconque d'avoir ouvert les portes de son logement » estime-t-elle pour justifier sa décision d'appliquer une immunité pénale. Elle s'appuie sur « l'état d'indignité » dans lequel se trouvent ces personnes qui forment le projet d'un passage de la frontière au péril de leur vie. « L’aide proposée participe bien d'une action de secours », ajoute-t-elle.

Dans son délibéré, la juge a aussi débouté la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCF) qui reprochait à Cédric Herrou d'avoir d'organisé, avec l’Association Roya Citoyenne, un camp d'accueil sauvage de cinquante sept migrants dont vingt neuf mineurs sur l'un de ses anciens sites inoccupé depuis 1991 à Saint-Dalmas-de-Tende.

L'occupation illégale s'était soldée au mois d’octobre 2016 par une évacuation ordonnée par la justice.

« La justice est témoin des conditions déshumanisantes des gens qui sont sur le sol français. Nos représentants politiques ont le devoir d'assumer leur responsabilité en les accueillant avec dignité », a dit Cédric Herrou à sa sortie du tribunal où l'attendaient trois cent personnes venues le soutenir.

Se félicitant « d'une justice qui n'est pas au pied d'une politique stigmatisante d'une religion, d'une race d'une couleur de peau », il a dit qu'il « continuera à agir ».

L'agriculteur trentenaire a confirmé vouloir changer de stratégie en lançant différentes procédures contre les autorités avec l'aide d'un collectif d'avocats français et italiens.

 

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