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4 mars 2017 6 04 /03 /mars /2017 18:16

 

http://socialisme-2010.fr/blog2016/mars2017.php#mars05

 

Elections présidentielles, est-il si difficile de refuser d’y participer ?

 

Par Robert Duguet

 

Samedi 4 Mars 2017

 

« Un socialiste est plus que jamais un charlatan social qui veut, à l’aide d’un tas de panacées et avec toutes sortes de rapiéçages, supprimer les misères sociales, sans faire le moindre tort au capital et au profit », c’est une citation de Friedrich Engels.

 

Ce blog considère utile de publier les analyses de la situation politique réfléchies et intelligentes qui peuvent aider à servir de boussole dans les événements actuels. En revanche, les articles signés par différents auteurs, voire même organisations, ne signifient pas qu’il y a pour moi accord sur les conclusions des uns ou des autres. Et, pour ce qui me concerne, le point de clivage dans l’immédiat porte sur la question de la participation au vote des élections présidentielles de 2017.

Nous ne pouvons pas durant des décennies dénoncer les institutions réactionnaires du bonapartisme, ce coup d’état permanent contre la démocratie, cette cinquième république qui n’en finit pas de se décomposer avec son cortège de corruption gagnant tous les partis institutionnels, ses violences policières contre les salariés et la jeunesse et son torpillage systématique de tous les acquis sociaux et culturels du Conseil National de la Résistance (CNR), et en même temps continuer de présenter des candidats dans cette élection.

Curieuse génération révolutionnaire que la mienne, qui a forgé sa pensée dans une grève générale qui fait vaciller le régime de Charles de Gaulle et qui s’est globalement perdue dans la gestion de ces institutions. D’un côté la lutte des places a remplacé la lutte des classes et une caste de petits marquis a fait carrière. Ils s’appellent Lionel Jospin, Jean Christophe Cambadélis, Henri Weber et Jean Luc Mélenchon. D’un autre côté, nous, les sans-grades, les militants qui descendent sur le trottoir pour diffuser les tracts et coller les affiches, tenir les réunions et organiser meeting et manifestations, ceux-là sont orphelins des partis et du socialisme. Est-il si difficile que cela d’affirmer qu’on ne peut pas subvertir ces institutions de l’intérieur ?

Qu’aujourd’hui entrer dans le débat que nous impose le matraquage médiatique du matin au soir, c’est d’avance servir une cause perdue.

Denis Collin brocarde les pleureuses de l’unité et il a raison. Divers militants de la gauche radicale se prononcent pour l’unité entre le rocardien Benoît Hamon et Jean Luc Mélenchon, afin que la gauche soit présente au second tour des élections présidentielles contre l’extrême droite. C’est du Gérard Filoche, du Vincent Présumey et d'autres nostalgiques d’une lecture très particulière du front unique.

Pour qu’un accord de front unique soit possible, entre anticapitalistes et réformistes, il faut que les réformistes s’engagent à défendre jusqu’au bout les revendications légitimes qu’ils reconnaissent comme telles dans leur propre programme. Où trouve-t-on cela dans la politique de Benoît Hamon aujourd’hui ? La loi travail, il a d’ores et déjà reculé sur la nécessité de son abrogation. Le salaire universel, c’est l’adaptation pure et simple à la destruction de l’emploi salarié. Ce n’est certainement pas avancer vers une perspective anticapitaliste par les voies légales et démocratiques, qui était le point de vue fondateur du parti d’Epinay.

Nous trouvons un point de vue pour le moins surprenant défendu dans l’éditorial du Parti Ouvrier Indépendant et Démocratique (POID) du 22 février 2017 sous la signature de Daniel Glückstein. Nous pouvons lire que « Benoît Hamon se propose de convaincre le gouvernement de grande coalition d’Allemagne de négocier un nouveau traité européen. Jean Luc Mélenchon conclut l’exposé de son programme par l’engagement de renégocier les traités européens pour obliger la Banque Centrale Européenne (BCE) à racheter les dettes de la France. Nous leur souhaitons bonne chance. Depuis Alexis Tsipras en Grèce, nous savons comment se déroulent les négociations avec l’Union Européenne, le pistolet sur la tempe, et sur quoi elles débouchent. Nous ne saurions donc affirmer que ces candidats sont, à ce stade, engagés sur la voie de la rupture avec l’Union Européenne et la cinquième république. Il reste que sur une question essentielle, une unité, certes limitée, était possible. Elle reste possible. Qui lui tourne le dos prendra la responsabilité qu’au 8 mai 2017 au matin la loi travail continuera de s’appliquer ».

Autrement dit, aux conditions d’un accord portant sur l’abrogation de la loi travail, l’unité entre Benoît Hamon et Jean Luc Mélenchon serait possible et nécessaire. A l’heure qu’il est du reste le point de vue de Benoît Hamon est en recul sur l’abrogation de la loi travail. Le contenu objectif d’un accord entre Benoît Hamon et Jean Luc Mélenchon reviendrait ni plus ni moins qu’à tenter de remettre en selle le Parti Socialiste. Merci, nous avons déjà donné. Nous ne jouons plus.

Quant à trouver des vertus à la candidature de Jean Luc Mélenchon, comme l’analyse Denis Collin, c’est un peu, il faut bien prendre une position dans cette élection présidentielle. Nous prenons ce qui reste. Cela ne me convainc pas. Toute l’évolution théorique de Jean Luc Mélenchon le conduit aujourd’hui vers une forme de bonapartisme ou de chavisme étrangère au mouvement ouvrier, compatible d’ailleurs avec les institutions.

L’effondrement du Front De Gauche (FDG) l’a conduit sur cette position. Il y a le peuple d’un côté et la caste dirigeante de l’autre. Charles de Gaulle parlait du régime des partis. Les classes sociales et leur place dans la production du travail social, qui est le point de départ de la méthode marxiste, tout cela disparait. Quant à voir dans son évolution une rupture avec le mitterrandisme, je renvoie mon camarade Denis Collin à la lecture qui m’a semblé pour le moins effarante de l’ouvrage publié au mois de septembre 2016, « Jean Luc Mélenchon, le choix de l’insoumission », de Marc Endeweld. Il se présente sous forme d’interview. Jean Luc Mélenchon consacre près de soixante pages à sa fidélité à François Mitterrand, jusqu’à trouver des justifications aux pages de sa vie les plus obscures, la collaboration et les guerres coloniales. Nous trouvons notamment ce point de vue sur la cinquième république. Avec les présidents de droite de la cinquième république après la disparition de Charles de Gaulle, ce n’était pas bien. Mais avec François Mitterrand c’était bien. C’était de la bonne utilisation des institutions.

L’année qui s’écoule est aussi celle du centenaire de la révolution russe d'octobre 1917. Nous ouvrons un dossier sur cette question en publiant un extrait des travaux d’historien de Nicolas Werth sur la révolution de février 1917. En pleine guerre mondiale, au cours de laquelle les partis dits socialistes demandent aux prolétaires allemands d’aller crever la panse de leurs frères français et réciproquement, alors même qu’un nommé Jules Guesde représentant de l’aile prétendument marxiste de la Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO) entrait dans un cabinet d’union sacrée en 1916, la révolution se répand comme une trainée de poudre en Russie. En trois jours le flot révolutionnaire détruit les institutions d’une dynastie vieille de trois siècles. Chose tout à fait étonnante, dans ce type de situation, ce sont les révolutionnaires qui sont les plus surpris par la force du mouvement de l’histoire. Si demain nous avons un mouvement social débouchant sur une assemblée constituante et sur une reconstruction de la république, qui ne peut être qu’une république sociale, elle sera le produit de ce mouvement et elle en aura le contenu. En dehors de cette perspective qui est celle de la lutte des classes, il n’y a pas d’issue. Les élections du mois de mai 2017 ne seront qu’une pitoyable pantomime.

Par contre nous serons très attentif aux regroupements, partis de l’activité de la base et répondant aux revendications des citoyens, qui pourront s’opérer lors des élections législatives qui suivront les élections présidentielles. Là il peut se passer des choses intéressantes. Un comité de campagne Picardie Debout qui rassemble aujourd’hui plus de six cent personnes au cœur d’une circonscription ouvrière, soutenu par Ensemble, Europe Ecologie Les Verts (EELV), le Parti Communiste Français (PCF) et le Mouvement de la France Insoumise, peut nous fournir quelques indices sur la situation après les élections présidentielles. Par ailleurs, si localement, le mouvement manque de clarté programmatique, cela a le mérite d’exister dans l’affligeant spectacle de cette élection présidentielle.

 

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