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27 avril 2017 4 27 /04 /avril /2017 17:37

 

Quatrième rapport du groupe de travail du cercle Podemos de Paris sur les élections présidentielles françaises

 

Lundi 24 Avril 2017

 

Tout est fait. Le lendemain du premier tour de ces élections atypiques ouvre un scénario politique inédit et très intéressant autour de trois domaines politiques en recomposition.

Aucun des deux blocs dominants de la droite et de la gauche qui ont régné au cours des dernières décennies n’a réussi à se qualifier et deux français sur trois ont voté pour de nouvelles options qui disent ne pas reconnaître les institutions de la cinquième république.

Le candidat Emmanuel Macron, qui n’a aucun sens en soi, est apparu au bon moment pour soutenir le système politique et la droite néo gaulliste et le Parti Socialiste ont été prompts à appeler à voter au second tour pour lui. La droite traditionaliste de Sens Commun, qui s’est constituée dans la chaleur des mobilisations contre le mariage pour tous et qui était la principale base sociale du candidat François Fillon, s’est démarquée de ce front républicain. Emmanuel Macron apparaît clairement comme le candidat chargé de reconstruire un ordre en décomposition et les élites économiques et politiques l’ont compris ainsi. Le candidat contre le système doit reconstruire le système depuis l’extrême centre.

Le Front National, « premier parti de France », a finalement été le « deuxième », en grande partie grâce au Mouvement de la France Insoumise (MFI) qui lui a disputé le vote dans les zones de déploiement frontiste, au nord et à l'est du pays, en particulier, et aussi dans le sud, des territoires où Marine Le Pen a gagné, mais avec moins de clarté que prévu. En attendant une analyse plus précise de la géographie du vote, le MFI s’est imposé dans plusieurs départements, dans l’Ariège, en Seine-Saint-Denis, dans les Départements d’Outre Mer (DOM) et dans les Territoires d’Outre Mer (TOM), dans certaines grandes villes, à Marseille, à Toulouse et à Lille, et dans certaines grandes villes périphériques, dans la banlieue parisienne, dans l’agglomération de Lille, à Bordeaux et à Lyon, récupérant et amplifiant l’électorat du vieux Parti Communiste Français (PCF).

A moyen terme, la stratégie du MFI doit être sa consolidation territoriale dans les élections municipales qui se tiendront dans trois ans, génération de nouveaux dirigeants et dépassement définitif du Parti Socialiste, et le conflit idéologique contre le Front National dans les élections européennes. Ensuite, nous verrons si, au-delà de la candidature de Jean Luc Mélenchon, le MFI réussit à articuler et à consolider un mouvement réel de changement à long terme.

Le scénario pour le second tour est cependant le pire de tous, parce que nous sommes le seul camp qui n'a rien à gagner. Deux forces qui s’auto proclament comme rénovatrices ont construit un scénario de contestation politique du type front républicain contre xénophobie qui peut réellement être lu comme le désordre néo libéral contre l'ordre social autoritaire et xénophobe.

Ce scénario dessine en fait une fracture sociologique entre les gagnants et les perdants de la globalisation, qui est aussi une fracture géographique, l’est désindustrialisé contre l’ouest florissant, les villes connectées au capitalisme mondialisé contre les périphéries péri urbaines, l’européanisme contre le souverainisme, l'individualisme contre le communautarisme et le marché contre la patrie.

Nous sommes confrontés au paradoxe suivant. D’une part, selon les sondages, Emmanuel Macron gagnerait facilement contre Marine Le Pen. D’autre part, Emmanuel Macron est son ennemi idéologique parfait, car il représente clairement tout ce qu'elle entend dénoncer et il sert à approfondir sa stratégie de construction du peuple contre les élites.

Il est difficile de prédire qui va gagner le second tour, bien que tous les sondages disent que Marine Le Pen a atteint son sommet. Si elle a atteint son sommet, c’est parce que Jean Luc Mélenchon l’a contesté sur son terrain avec ses propres armes. Nous avons vu depuis hier soir comment le front républicain commence à travailler en profondeur pour Emmanuel Macron.

Mais il ne faut pas oublier qu'il y a un troisième tour, ce sont les élections législatives dans lesquelles il y aura nécessairement un pacte de gouvernement pour rétablir le paysage politique dans lequel personne ne peut former une majorité à lui tout seul. Le jeu des alliances et le transfert des forces ne sont pas claires du tout. Le candidat Emmanuel Macron a répété que les listes du Mouvement En Marche aux élections législatives ne permettraient pas la double appartenance.

Ce qui voudrait dire que le Parti Socialiste se sépare d’une grande partie de ses cadres pour se rallier au vainqueur des élections présidentielles. Ce sera également l'occasion de tester la capacité à court terme du MFI de s’installer dans le paysage politique et d’incarner la bataille de la véritable opposition.

 

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