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10 juillet 2017 1 10 /07 /juillet /2017 19:28

 

L'opposition turque saisit la justice et marche sur Istanbul (Reuters)

 

Le leader du principal parti de l'opposition turque, le parti républicain du peuple (CHP), a déposé Mardi 4 Juillet 2017 un recours devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour contester le résultat du référendum du Dimanche 16 Avril 2017 qui a considérablement étendu les pouvoirs présidentiels.

Kemal Kilicdaroglu a annoncé sa décision avant d'entamer le vingtième jour de la marche de quatre cent vingt cinq kilomètres qu'il effectue entre Ankara et Istanbul pour protester contre la condamnation d'un député du CHP, Enis Berberoglu, à vingt cinq ans de prison pour espionnage.

Le chef du CHP conteste le fait que la commission électorale turque (YSK) ait accepté des bulletins dépourvus de tampon officiel lors du référendum.

« La décision de l'YSK a rendu ce référendum illégitime. Nous saisissons la CEDH », a déclaré Kilicdaroglu à Izmit, à une centaine de kilomètres à l'est d'Istanbul.

Le référendum du Dimanche 16 Avril 2017, qui s'est déroulé sous l'état d'urgence, a validé, par une courte majorité de cinquante et un pour cent, une réforme constitutionnelle qui a accru les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan.

Aux journalistes qui l'accompagnaient, Kemal Kilicdaroglu a déclaré se battre pour la justice, en accusant le gouvernement de créer un régime à parti unique depuis le coup d’état manqué du 15 juillet 2016.

« La Turquie s'est rapidement transformée en état à parti unique. Pratiquement toutes les institutions de l’état sont devenues des filiales d'un parti politique », a-t-il dit, « cela nuit profondément à notre système parlementaire et démocratique ».

Agé de soixante huit ans, Kemal Kilicdaroglu arborait une chemise blanche et une casquette de base-ball avec le mot adalet inscrit dessus au début de la dernière grande étape de sa marche, en compagnie de centaines de partisans.

Entamée le 15 juin 2017, la marche du leader du CHP a pris de l'ampleur au fur et à mesure de sa traversée de la campagne du nord-ouest de la Turquie.

Des représentants du parti démocratique des peuples (HDP), troisième formation représentée au parlement derrière le parti de la justice et du développement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan et le CHP, ont rejoint le mouvement Lundi 3 Juillet 2017 alors que les manifestants passaient à proximité de la prison où est enfermée Figen Yüksekdag.

De sa cellule, l'ancienne coprésidente du HDP a diffusé un communiqué en exhortant les partis d'opposition à mettre de côté leurs querelles et à se battre pour rebâtir le système judiciaire, qui a selon elle touché le fond en emprisonnant onze députés et une centaine de maires du HDP.

Le HDP rejette les accusations de collusion avec les séparatistes du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le président Recep Tayyip Erdogan a estimé ce week-end que le CHP n'agissait désormais plus comme un parti d'opposition.

« Nous pouvons voir qu'ils ont atteint le stade où ils agissent de concert avec des groupes terroristes », a-t-il dit Samedi Premier Juillet 2017 lors d'une réunion de l'AKP.

« La voie que vous avez prise est celle de Qandil et de la Pennsylvanie », a-t-il lancé à l'adresse du CHP, par allusion aux monts Qandil en Irak qui servent de sanctuaire au PKK et à l’état américain où vit en exil volontaire le prédicateur Fethullah Gülen, ennemi numéro un du chef de l’état.

Depuis le putsch manqué du mois de juillet 2016, imputé par Recep Tayyip Erdogan aux gülénistes, plus de cinquante mille personnes ont été emprisonnées en attendant un procès et cent cinquante mille fonctionnaires ont été suspendus ou licenciés.

Ankara a également fermé cent trente organes de presse et cent soixante journalistes sont en prison, selon les chiffres des syndicats.

 

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