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12 août 2017 6 12 /08 /août /2017 17:32

 

 

http://boris-victor.blogspot.fr/2017/08/de-bruxelles-madrid-la-gauche-radicale.html

 

http://www.lemonde.fr/international/article/2017/08/11/de-bruxelles-a-madrid-la-gauche-radicale-prend-le-dessus-sur-les-sociaux-democrates_5171231_3210.html

 

De Bruxelles à Madrid, la gauche radicale prend le dessus sur les sociaux-démocrates

 

Dans plusieurs pays d’Europe, les sondages et parfois les élections révèlent une inversion du rapport de forces.

 

Par Jean-Pierre Stroobants, Philippe Ricard, Sandrine Morel et Raphaëlle Besse Desmoulières

 

Vendredi 11 Août 2017

 

Dans la bagarre entre les deux gauches, celle dite de gouvernement a longtemps tenu à distance sa rivale d’extrême gauche qu’elle regardait avec condescendance. Mais le rapport de forces semble désormais s’inverser, comme l’ont montré de récentes élections sur une partie du continent européen.

Pour Pascal Delwit, politologue à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et auteur d'un ouvrage relatif aux gauches radicales en Europe, la crise économique et financière est à l’origine de cette tendance. « C’est là où elle a frappé avec le plus de violence que ces partis sont nés ou ont repris de la vigueur », souligne-t-il, « dans le nord de l’Europe, la crise n’a pas eu le même impact et a plutôt bénéficié à la droite radicale ».

Dans ce contexte, le spectre de la pasokisation plane au-dessus de certains dirigeants socialistes, en référence à la quasi-disparition du PASOK d’Andréas Papandréou et de Georges Papandréou en Grèce, au profit de la formation de gauche radicale SYRIZA d’Alexis Tsipras.

Mais la gauche radicale est-elle une réelle alternative ? Ce n’est pas sûr. « La voie mouvementiste, née dans la foulée de l’altermondialisme et de la critique du néolibéralisme, est difficile à traduire en termes institutionnels étant donné la méfiance de beaucoup envers la politique et la difficulté d’entraîner les sympathisants de la culture radicale vers un comportement électoral déterminé », constate Paul Delwit.

 

Une France insoumise

 

En France, le leader du Mouvement de la France Insoumise (MFI) Jean-Luc Mélenchon s’est beaucoup servi de l’épouvantail grec, la volte-face d’Alexis Tsipras envers les exigences budgétaires de Bruxelles, et de la critique de l’austérité pour réaliser son rêve de supplanter le Parti Socialiste

Le premier tour des élections présidentielles françaises a accéléré l’inversion du rapport de forces. Le fondateur du MFI s’est octroyé le 23 avril 2017 la quatrième place du premier tour des élections présidentielles, avec vingt pour cent des suffrages, plus de treize points devant le candidat socialiste Benoît Hamon. L’essai est transformé aux élections législatives du mois de juin 2017. Au second tour, le mouvement de Jean Luc Mélenchon parvient à envoyer dix sept élus au Palais-Bourbon, lui-même décroche un siège à Marseille, ce qui leur permet de constituer un groupe parlementaire. Un mois plus tard, Jean Luc Mélenchon et ses troupes se sont imposés comme la principale opposition de gauche dans l’hémicycle face à des socialistes plus nombreux, mais divisés sur l’attitude à adopter vis-à-vis de la politique du président de la république Emmanuel Macron.

Conscients que leur nombre réduit limite leurs marges de manœuvre, les élus du MFI comptent bien prolonger la bataille dans la rue. Un premier rendez-vous parisien a été fixé au Samedi 23 Septembre 2017, place de la Bastille à Paris contre le coup d’état social du gouvernement.

 

Belgique, la forteresse du Parti Socialiste résiste mal

 

Personne n’a vraiment voulu croire le premier sondage, mais un second sondage est venu confirmer le premier quatre mois plus tard.

Deux sondages, au mois de mars et au mois de juillet 2017, ont fait du Parti du Travail de Belgique (PTB), une formation d’inspiration communiste à l’audience jusqu’alors confidentielle, la première force politique de Wallonie, devançant l’omnipotent Parti Socialiste de l’ancien premier ministre Elio di Rupo, au coude-à-coude avec le Mouvement Réformateur du chef du gouvernement fédéral, Charles Michel.

Crédité, dans les deux cas, d’un score oscillant entre vingt et vingt cinq pour cent des voix, ce qui ne fut longtemps qu’un groupuscule aux racines maoïstes profite du climat politique délétère dans la partie francophone de la Belgique. Il n’avait réalisé que cinq pour cent des voix aux élections législatives de 2014, il mais semble être le principal bénéficiaire des scandales qui, en Wallonie et à Bruxelles, ont éclaboussé le Parti Socialiste. Selon les sondeurs, la gauche radicale capterait actuellement les voix de quarante pour cent de l’électorat socialiste traditionnel. Le Parti Socialiste passerait d’ailleurs de trente deux pour cent à vingt pour cent, voire seize pour cent des voix.

 

En Espagne, une gauche en deux parts égales

 

La guerre des gauches espagnoles est tout aussi intense. Le tout jeune parti Podemos a bien failli prendre le dessus sur le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) lors des élections législatives de 2015 et de 2016. Les deux forces se sont stabilisées autour de vingt pour cent des voix chacune.

Le coup est rude pour le PSOE, qui a perdu six millions d’électeurs depuis 2008, essentiellement au profit de la gauche radicale incarnée par Pablo Iglesias.

« La gauche s’est divisée en deux parts égales et il est encore trop tôt pour savoir qui remportera la victoire sur l’autre », estime le politologue Pablo Simon, « le PSOE a bien résisté grâce à son implantation locale, mais il est conscient que soixante dix pour cent des électeurs qui l’ont abandonné se sont décidés pour Podemos ».

La formation de Pablo Iglesias est particulièrement forte chez les jeunes et dans les régions du Pays Basque et de Catalogne. Cela a conduit le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, à embrasser un grand nombre de thèses de Podemos et à opérer un virage à gauche qui lui a valu une rébellion interne en 2016.

Réélu secrétaire général au mois de juin 2017, Pedro Sanchez se définit toujours comme social-démocrate, mais il a défend un PSOE plus contestataire, abandonnant pour le moment l’idée d’avoir une influence sur les décisions politiques du gouvernement conservateur du Parti Populaire, pourtant minoritaire au parlement. Son objectif premier est de se démarquer le plus possible de la droite, afin d’enterrer le slogan brandi par le mouvement des indignés pour dénoncer, au plus fort de la crise, le PPSOE.

« Il lui semble plus utile de négocier avec Podemos une politique d’opposition au gouvernement pour se marquer à gauche et essayer de tirer profit des contradictions internes de Podemos, dont de nombreux membres sont hostiles à tout rapprochement avec le PSOE », analyse Pablo Simon.

 

Au Portugal, la gauche plurielle

 

A ce jour, seule la gauche portugaise semble avoir réussi à résoudre la quadrature du cercle. En 2015, le Parti Socialiste Portugais (PSP) d’Antonio Costa est revenu au pouvoir après s’être associé à des formations contre la troïka, les bailleurs de fonds de l’Union Européenne, de la Banque Centrale Européenne (BCE) et du Fonds Monétaire International (FMI), à savoir le Parti Communiste Portugais (PCP) et le Bloco de Esquerda, qui le soutiennent sans siéger au gouvernement, en échange de certaines mesures comme le rétablissement des trente cinq heures dans le service public ou une légère augmentation du salaire minimum.

Dans les sondages, il oscille autour de quarante pour cent des voix, chiffre stable depuis de nombreux mois, tout comme ceux de ses partenaires de gouvernement, le Bloco de Esquerda avec dix pour cent des voix et le PCP avec six pour cent des voix. En échange, ses alliés au parlement ont renoncé pour l’heure à l’une de leurs revendications, la sortie de la zone euro.

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