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25 septembre 2017 1 25 /09 /septembre /2017 19:23

 

 

Angela Merkel remporte son pari, terni par la poussée de l'extrême droite (Reuters)

 

Angela Merkel a réussi Dimanche 24 Septembre 2017 son pari en s'assurant un quatrième mandat consécutif à la tête du gouvernement allemand mais elle va devoir s'atteler à de difficiles tractations pour former une nouvelle coalition dans un parlement où l'extrême droite est de retour pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

D'après les premières projections diffusées par la chaîne de télévision ARD à la fermeture des bureaux de vote, le bloc conservateur de l’union chrétienne démocrate (CDU) et de l’union chrétienne sociale (CSU) de la chancelière Angela Merkel est donné vainqueur du scrutin avec un score projeté de trente trois pour cent des voix, très en deçà des quarante deux pour cent des voix obtenus aux précédentes élections, il y a quatre ans.

Angela Merkel égale certes Konrad Adenauer et son mentor en politique, Helmut Kohl, les deux seuls chanceliers à s'être procuré quatre mandats depuis l'après-guerre, mais la poussée de l'extrême droite ternit son succès.

L'arrivée au Bundestag de députés d'Alternative Für Deutschland (AFD), parti anti-immigration et xénophobe, est un grand test pour l'Allemagne, a reconnu la chancelière qui a admis qu'elle espérait bien sûr un meilleur résultat.

Mais elle a ajouté que son parti avait clairement obtenu un mandat pour former le prochain gouvernement et elle a ajouté qu'aucune coalition n'était possible sans le bloc de la CDU et de la CSU.

« D'un point de vue comptable, il y a deux manières de former une coalition. Numériquement le parti social démocrate d’Allemagne (SPD) et l’alliance de la CDU et de la CSU ont assez d'élus. Il s'agit d'une question de responsabilité, une question pratique et non théorique », a dit Angela Merkel.

« J'ai entendu que le SPD n'était pas disponible pour des négociations, mais nous pourrons en discuter demain. Nous allons dormir sur cela et nous en parlerons demain. Je veux un gouvernement stable pour l'Allemagne », a-t-elle ajouté, se disant confiante d'avoir un gouvernement stable avant Noël.

Le SPD obtiendrait vingt pour cent des voix, un score historiquement bas, très loin de son score de vingt six pour cent des voix en 2013. Manuela Schwesig, la vice-présidente du SPD, en a aussitôt tiré les conséquences, proclamant la mort de la grande coalition mise en place avec la CDU et avec la CSU en 2013.

« C'est un très mauvais résultat pour le SPD et une lourde défaite. Pour nous, la grande coalition se termine aujourd'hui », a-t-elle déclaré, imité plus tard dans la soirée par Martin Schulz.

Les électeurs, a dit l'ancien président du parlement européen désigné en début d'année à la tête du plus vieux parti allemand, ont envoyé un message clair pour retourner dans l'opposition.

« C'est une journée difficile et amère pour la social-démocratie allemande », a-t-il dit. « Ce qui nous déprime tous en particulier, c'est la force de l'AFD, qui ramène pour la première fois un parti de droite dure au parlement dans une telle de position de force. C'est un tournant », a-t-il déploré.

Avec un score projeté à treize pour cent des voix, un peu au-dessus des sondages qui lui étaient les plus favorables, le parti d'extrême droite AFD, qui s'est nourri de la crise des migrants à la fin de l’année 2015, fait pour sa part une entrée en force au Bundestag où il devient la troisième force parlementaire.

« Le futur gouvernement, quel qu'il soit, devrait se préparer à des temps difficiles. Nous allons les traquer, nous allons reprendre notre pays et notre peuple », s'est réjoui Alexander Gauland, un des deux leaders du parti durant la campagne.

Créée en 2013 pour lutter contre la monnaie unique européenne et les plans de renflouement dans la zone euro, l’AFD s'est muée progressivement en un parti contre l’immigration, xénophobe et dont certains des membres, à l'image d’Alexander Gauland, redoutent que les allemands « ne soient bientôt que des étrangers dans leur propre pays ».

Aux élections de 2013, l'AFD avait obtenu un peu moins de cinq pour cent des voix, échouant à franchir le seuil de représentation parlementaire fixé à cinq pour cent des voix au niveau national.

Plusieurs centaines d'opposants à l'AFD se sont rassemblés en début de soirée devant le quartier général de campagne de l’AFD, à Berlin.

« L’AFD au parlement allemand, cela fait mal à notre pays », a commenté de son côté Ingo Kramer, le président de la fédération patronale allemande BDA.

En optant pour une cure d'opposition, et compte tenu des scores projetés des autres partis, le SPD ne laisse a priori d'autre choix à Angela Merkel que de tenter de former une coalition à trois avec les libéraux du FDP, projetés à onze pour cent des voix, et les écologistes des Grünen, donnés à neuf pour cent des voix. Mais la tâche s'annonce ardue.

« Nous ne pouvons pas contraindre les Grünen et nous à entrer dans une coalition pour la simple raison que le SPD se retire », a prévenu le numéro deux du FDP, Wolfgang Kubicki, sur l'antenne de l'ARD.

Le parti de la gauche radicale Die Linke est donné lui à neuf pour cent des voix. Six partis seront représentés au Bundestag, contre quatre dans le parlement sortant.

Dans les derniers jours de campagne, Angela Merkel comme Martin Schulz avaient multiplié les appels à la mobilisation, redoutant que la désaffection de leurs électorats ne fasse le jeu de l'AFD.

Dans une tribune publiée par le quotidien Bild, un des plus forts tirages de la presse allemande, au matin même du scrutin, le président Frank-Walter Steinmeier avait mis ses concitoyens en garde contre la tentation de l'abstention qui confierait à d'autres leur propre avenir.

« Il n'a peut-être jamais été aussi évident que ces élections concernent l'avenir de la démocratie en Europe », a-t-il écrit alors que le parti d'extrême droite AFD est aux portes du Bundestag et que les indécis sont estimés à près d'un tiers des inscrits, « si vous ne votez pas, les autres décideront ».

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