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19 décembre 2018 3 19 /12 /décembre /2018 19:19

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Candidature_de_Coluche_lors_de_l%27%C3%A9lection_pr%C3%A9sidentielle_fran%C3%A7aise_de_1981

 

La candidature de Coluche au premier tour des élections présidentielles françaises de 1981

La candidature de Coluche au premier tour des élections présidentielles françaises de 1981 est au début une simple plaisanterie, puis elle devient sérieuse lorsque des sondages le créditent de plus de seize pour cent des intentions de vote. À partir de ce moment, diverses pressions sont exercées contre l'humoriste, incluant des menaces de mort, pour que ce dernier renonce à se présenter. Il annonce son retrait le 16 mars 1981 en affirmant avoir reçu assez de promesses de signatures pour que sa candidature soit valide.

Pour avoir parlé des diamants de Valéry Giscard d’Estaing sur l'antenne de Radio Monte Carlo (RMC) et avoir lâché « bonjour, nous sommes en direct du rocher aux putes », faisant référence au rocher de Monaco, Coluche et son assistant Romain Goupil sont renvoyés par le directeur de la radio Michel Bassi, ancien chef du cabinet de Valéry Giscard d'Estaing, le 2 février 1980, après avoir été engagés le 21 janvier 1980.

Privé de voix sur les ondes, son ami Romain Goupil, qui a déjà organisé la campagne présidentielle d’Alain Krivine en 1969, lui suggère de se présenter au premier tour des élections présidentielles françaises de 1981 afin de prendre la parole librement dans les médias et que personne ne puisse le censurer. Initialement, selon Romain Goupil, « c’était une farce, une énorme farce ».

Pendant plusieurs mois, avec Romain Goupil et son régisseur et factotum Jean-Michel Vaguelsy, il prépare son programme et il fait convoquer la presse le 30 octobre 1980 au théâtre du Gymnase. Fidèle à lui-même, revêtu d'une veste queue-de-pie sur sa salopette et d'une écharpe tricolore, sa déclaration de candidature « bleu blanc merde » ne manque pas de saveur, « j'appelle les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédérastes, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les taulards, les gouines, les apprentis, les noirs, les piétons, les arabes, les français, les chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus et tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques, à voter pour moi, à s'inscrire dans leurs mairies et à colporter la nouvelle. Tous ensemble pour leur foutre au cul avec Coluche. Le seul candidat qui n'a aucune raison de vous mentir ».

Il lance également son slogan de campagne, « jusqu’à présent la France est coupée en deux, avec moi elle sera pliée en quatre ».

Il s'y jette avec ardeur, bientôt soutenu par Paul Lederman sous la bannière de la dérision et patronné par Cavanna en tête et l'équipe d'Hara-Kiri, dont Gébé. Coluche est depuis longtemps un compagnon de route des romans-photos et des bouclages du journal bête et méchant. Il sera le candidat nul, avec pour tout programme « d'emmerder la droite jusqu’à la gauche ».

Au début, tout le monde croit au canular et au coup médiatique, mais le 14 décembre 1980, un sondage publié par le Journal Du Dimanche (JDD) le crédite de seize pour cent des intentions de vote. C'est une interprétation biaisée, car la question formulée par le sondage était « pourriez-vous envisager de voter pour Coluche ». C'est la panique chez les principaux candidats. Coluche reconsidère alors le sérieux de sa candidature et il décide de s'y engager véritablement. Plusieurs sondages le placent quasiment en troisième position, avec dix à douze pour cent des intentions de vote. Ainsi le sondage présidentiel de l'Institut Français d'Opinion Publique (IFOP) pour le Point réalisé du 26 décembre 1980 au 2 janvier 1981 donne trente deux pour cent des intentions de vote pour Valéry Giscard d'Estaing, dix huit pour cent pour François Mitterrand, quatorze pour cent pour Georges Marchais, onze pour cent pour Coluche, huit pour cent pour Jacques Chirac, sept pour cent pour Michel Debré et trois pour cent pour Brice Lalonde.

Des ralliements hétéroclites soutiennent la candidature de Coluche, du poujadiste Gérard Nicoud, leader de la CIDUNATI, au comité d'intellectuels conduit par Félix Guattari, avec parmi eux Pierre Bourdieu et Gilles Deleuze, mais aussi Alain Touraine. Le soutien de Gérard Nicoud occasionne d'ailleurs le départ de Romain Goupil, en désaccord avec Coluche sur ce rapprochement.

Brice Lalonde déclare que ce Michel Colucci est peut-être « l'un des meilleurs candidats de gauche ». Le Nouvel Observateur consacre sa une au phénomène Coluche, la même semaine que l'annonce de la candidature de François Mitterrand.

Coluche s'étant pris finalement au sérieux, sa candidature canular à l'origine se transforme en contestation du système établi, prenant une teinte populiste, « un pour tous, tous pourris », « voter pour moi, c'est voter contre la politique », proclame-t-il.

Selon Jacques Attali, dans son livre C'était François Mitterrand publié en 2005, c'est lui-même, pour le compte de François Mitterrand, qui aurait piloté la candidature de Coluche. L'auteur fait remarquer que généralement le grand public ignore ce fait et soutient que « dès le début, Coluche travaille avec son ami Jacques Attali dans le but de faire élire François Mitterrand ». Ce stratagème est confirmé par le journaliste Cyril Auffret dans sa biographie sur Jacques Attali.

François Mitterrand, le candidat du Parti Socialiste, pressent que Coluche risque de lui prendre de nombreuses voix et pourrait donc l'empêcher d'atteindre le second tour des élections présidentielles. Deux émissaires du Parti Socialiste, Gérard Colé, voire Jacques Pilhan, et Jean Glavany, sont chargés de persuader Coluche d'abandonner sa candidature qui pourrait nuire à François Mitterrand. L'humoriste se méfie et refuse l'offre. Jean-Pierre Soisson, l'émissaire de Valéry Giscard d'Estaing, est également chargé de le dissuader, en vain.

Valéry Giscard d'Estaing est depuis plusieurs années la cible de Coluche. Pour déstabiliser le président de la république, il pourrait user de l'affaire des diamants révélée par le Canard Enchaîné en 1979. Une consigne aurait alors été passée sur les trois chaînes de la télévision française et le réseau de Radio France, qui sont publiques et dont les directeurs sont nommés par l'exécutif, Coluche n'a pas droit de cité. Tandis qu'au Gymnase, le public le rappelle sur l'air de « Coluche président », le boycott des médias s'organise.

Mais il persiste et sa popularité ne faiblit pas. Des méthodes plus radicales et illégales auraient alors été employées. Le ministre de l'intérieur de l'époque, Christian Bonnet, donne l'ordre aux renseignements généraux d'espionner et de rechercher tous les faits pouvant discréditer Coluche. C'est ainsi que L'Express reçoit des informations qu'il publie le 27 décembre 1980, où l'on apprend que Coluche a été condamné à trois mille francs d'amende pour outrages à agent de la force publique.

Les choses commencent à mal tourner. Le journal Minute exhume un procès-verbal relatant un larcin de Coluche à l'âge de dix neuf ans. René Gorlin, régisseur de Coluche, est retrouvé par la police, le 27 novembre 1980, abattu de deux balles dans la nuque. Mais il semblerait que la police se garde de dire que c'est un crime passionnel, ce qui laisse Coluche supposer que ce meurtre est lié à sa candidature.

Il reçoit alors des lettres anonymes et des coups de téléphone menaçants sur les risques à conduire en moto. Il reçoit également une menace de mort signée du groupe Honneur de la Police fustigeant son rôle dans Inspecteur la Bavure.

Cependant, il est davantage un candidat à la candidature qu'un candidat au premier tour des élections présidentielles, car pour pouvoir se présenter, il lui faut réunir cinq cent signatures de parrainages, qu'il n'aura pas. Le 9 février 1981, Coluche se vante auprès de la presse anglo-saxonne d'avoir recueilli six cent trente deux promesses de signatures d'élus. Romain Goupil avouera sarcastiquement qu'il n'en avait recueilli finalement qu'une.

Coluche, victime de pressions et même de menaces, annonce le 16 mars 1981 qu'il renonce à sa candidature, sans plus d'explication que « je préfère que ma candidature s'arrête parce qu'elle commence à me gonfler » et il proclame alors son intention d'entamer une grève de la faim jusqu'à ce que cesse la censure qui le frappe à la télévision et à la radio. Il annonce cesser sa fausse grève de la faim le 29 mars 1981 après un malaise et, le 7 avril 1981, il renonce à se présenter. Il appelle à voter pour François Mitterrand qui sera élu le 10 mai 1981. Coluche est invité, le soir même, au siège du Parti Socialiste, pour fêter la victoire de la gauche.

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