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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 20:25

 

 

https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/14/gilets-jaunes-vingt-quatre-photographes-et-journalistes-vont-deposer-plainte-pour-violences-policieres_5397844_1653578.html

 

Vingt-quatre photographes et journalistes veulent porter plainte pour violences policières

Le gouvernement avait appelé journalistes et photographes à effectuer des signalements à la suite de nombreux témoignages d’altercations violentes avec la police lors de la manifestation du Samedi 8 Décembre 2018.

Par Simon Auffret

Confiscation de matériel, tirs de Lanceurs de Balles de Défense (LBD)dans le dos ou dans la tête et coups de matraque répétés, lors de la manifestation des Gilets Jaunes du Samedi 8 Décembre 2018, de nombreux journalistes et photographes de presse ont publiquement témoigné d’altercations parfois violentes avec les forces de l’ordre.

Photographies à l’appui, le journaliste du Parisien Yann Foreix montre sur Twitter son casque de moto endommagé par une munition de LBD, tirée par un officier d'une Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) positionné à deux mètres derrière lui. Le photographe du Journal Du Dimanche (JDD), Eric Dessons, voit à deux reprises un policier lui abattre une matraque télescopique sur la main tenant son appareil photographique. Le premier s’en sortira avec un important hématome sur la nuque et le second avec une fracture de la main et quatre semaines d’arrêt de travail.

L’avocat Jérémie Assous a envoyé, Vendredi 14 Décembre 2018, un courrier au préfet de police de Paris, Michel Delpuech, au procureur de la république de Paris, Rémy Heitz, et au ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, pour les avertir du dépôt de vingt-quatre plaintes de photographes et de journalistes pour des altercations avec les policiers.

Au moins huit de ces procédures rapportent des faits de violences avec arme, selon le courrier que le Monde a pu consulter, certaines plaintes concernent des faits antérieurs aux manifestations des Gilets Jaunes, remontant jusqu’à des violences lors des manifestations contre la loi travail, au printemps 2016.

« Au-delà de la manifestation des Gilets Jaunes, il y a de la part des forces de l’ordre un comportement identifié et similaire contre les journalistes, peu importe le lieu et le cadre », selon Jérémie Assous.

 L’Union des Photographes Professionnels (UPP), le Syndicat National des Journalistes (SNJ), Reporters Sans Frontières (RSF), la Confédération Générale du Travail (CGT) et la CGT Force Ouvrière, se porteront parties civiles sur chacune des plaintes déposées. « Des procédures individuelles de ce type auraient très peu de chances d’aboutir, mais avec une action collective le procureur ne peut ignorer la récurrence de ces faits », espère l’avocat.

Parmi les photographes prenant part à cette action figure Véronique de Viguerie, visa d’or humanitaire en 2018, qui s’est fait confisquer son matériel de protection, casques et masques à gaz, par des policiers, Samedi 8 Décembre 2018, alors qu’elle couvrait la manifestation parisienne pour le Washington Post.

Gravement blessé aux mains par un tir de grenade lors d’une précédente manifestation à Paris, le 19 avril 2018, Jan Schmidt-Whitley a lui aussi décidé de déposer plainte.

« En 2015, j’ai été blessé dans un attentat kamikaze de l’organisation Etat Islamique à la frontière turco-syrienne, sans avoir de séquelles. Aujourd’hui, je suis toujours en rééducation pour une blessure en France, causée par la police républicaine. Je trouve cela complètement absurde », témoigne le photographe de l’agence Pictorium, qui a été auditionné au mois d'août 2018 par l'Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN). Il espère que l’action collective lancée Vendredi 14 Décembre 2018 permettra de « mettre en lumière d’une manière différente, dépolitisée car non militante, la question des violences policières ».

Confrontés, au début du mouvement des Gilets Jaunes, à l’animosité des manifestants contre les médias, de nombreux journalistes et photographes chargés de suivre les cortèges font désormais également face à un durcissement de l’action des forces de l’ordre.

« La stratégie policière était différente, Samedi 8 Décembre 2018, le niveau de violence était beaucoup plus important que les week-ends précédents », témoigne Boris Kharlamoff, journaliste pour l’agence A2PRL touché par un tir de LBD dans le dos sur les Champs-Elysées. « Je leur ai montré le courrier d’accréditation que m’avait donné Libération, mais ils n’ont rien voulu savoir », rapporte le photographe Boris Allin, qui s’est fait confisquer son matériel de protection lors d’un contrôle de police dès son arrivée sur place.

L’UPP avait recensé, dès le lendemain de la manifestation, quinze altercations entre photographes journalistes et forces de l’ordre pour la seule journée du Samedi 8 Décembre 2018. Lundi 10 Décembre 2018, un communiqué commun de l’ensemble des syndicats de journalistes a évoqué une situation inédite pour la profession et il a dénoncé les dérapages inadmissibles des forces de police, notamment à Paris.

« Nous ne sommes pas les principales victimes des violences policières », tient à rappeler Pierre Morel, membre du conseil d’administration de l’UPP, « mais nous sommes les premiers à pouvoir les signaler pour les photographes et les journalistes et c’est important que cela ne devienne pas la norme ».

Lors d’une rencontre des syndicats et de Christophe Castaner, dès le 30 novembre 2018, pour évoquer les violences subies par les journalistes de la part de certains Gilets Jaunes, le ministre de l’intérieur les avait encouragés à faire remonter systématiquement les faits de violences policières, par une plainte ou un signalement à l’IGPN.

« Lorsque il y a une bavure, elle doit être sanctionnée. C’est ce que je rappelle aux forces de l’ordre régulièrement, nous avons un devoir d’exemplarité », a déclaré à cette occasion Christophe Castaner, selon un compte rendu de la réunion consulté par le Monde.

« Soyez assurés qu’en termes d’enquêtes administratives et judiciaires les plaintes seront reçues et traitées avec sévérité », s’est aussi engagé le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, en réponse à une question posée par Boris Kharlamoff lors d’une conférence de presse, Mercredi 12 Décembre 2018.

Le gouvernement propose aussi « l’accueil systématique de journalistes le souhaitant à l’arrière des dispositifs de police afin de pouvoir les protéger ». Une mesure risible pour plusieurs photographes, qui n’y voient qu’un moyen d’orienter l’information pendant les manifestations.

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