Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 avril 2019 1 22 /04 /avril /2019 16:32

 

 

https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/04/22/mobilisation-en-soutien-a-gaspard-glanz-defere-apres-une-interpellation-en-manifestation_5453511_1653578.html

 

Mobilisation en soutien à Gaspard Glanz, déféré après une interpellation en manifestation

Le journaliste indépendant avait été placé en garde à vue Samedi 20 Avril 2019 pour outrage et pour participation à un groupement lors d’un rassemblement des Gilets Jaunes.

Le journaliste indépendant Gaspard Glanz a été déféré au tribunal de Paris, Lundi 22 Avril 2019, en vue d’une convocation à une audience ultérieure, a fait savoir au Monde le parquet de Paris. Le vidéaste fondateur de l’agence Taranis News, spécialiste des images d’immersion dans les manifestations, avait été interpellé et placé en garde à vue, Samedi 20 Avril 2019, lors d’un rassemblement des Gilets Jaunes, à Paris, pour participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations et pour outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique.

« C’est du harcèlement », a estimé son avocat, Raphaël Kempf, quelques heures plus tôt, Lundi 22 Avril 2019, lors d’un rassemblement de soutien devant le commissariat du douzième arrondissement de Paris. Raphaël Kempf espérait alors éviter le déferrement de son client. « La garde à vue de Gaspard Glanz est une atteinte à la liberté de la presse et la liberté d’informer. Elle était disproportionnée et illégale. Si on voulait l’interroger pour un doigt d’honneur qu’il aurait fait aux forces de l’ordre, on n’avait pas besoin de le garder à vue, on pouvait le convoquer au tribunal », avait-il dénoncé.

Sur des vidéos de son interpellation, filmée notamment par Hors Zone Press, on aperçoit le journaliste indépendant adresser un doigt d’honneur à un policier qui l’avait bousculé, avant d’être aussitôt interpellé. Un geste qui entre dans la définition de l’outrage, prévu par un article du code pénal. Selon la rubrique Check News de Libération, Gaspard Glanz avait auparavant interpellé un groupe de policiers des Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS), demandant à parler au commissaire après avoir été visé par un tir de grenade lacrymogène. Une source judiciaire précise au Monde que sa garde à vue avait justement été prolongée afin de permettre la poursuite des investigations en présence de la personne.

Pour son avocat, les poursuites contre son client sont une forme de pression politique. Il dénonce notamment le deuxième chef d’infraction retenu contre son client lors de sa garde à vue. « Le motif de participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations est un délit qui punit une intention et non pas des actes. Gaspard Glanz, comme des milliers de manifestants, est mis en cause en raison de ce texte et nous espérons que celui-ci sera abrogé », assure-t-il.

Lundi 22 Avril 2019, à 10 heures du matin, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant le commissariat où Gaspard Glanz était gardé a vue. Parmi eux, des soutiens, dont certains lui ont déployé une banderole, « joyeux anniversaire, free Gaspard Glanz ». Aux nombreux smartphones sortis pour filmer le rassemblement, parfois en direct, s’ajoutaient les médias venus écouter le point de presse de l’avocat.

« Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) et la profession, nous sommes scandalisés », a dit Dominique Pradalié, secrétaire générale du SNJ, « nous avons rarement vu une telle répression contre les journalistes dans notre pays. Nous sommes aux côtés de dizaines de confrères qui ont porté plainte pour violences de la police. Un journaliste a eu la rotule cassée récemment et une autre a eu sa carte de presse subtilisée ».

Gaspard Glanz avait pourtant plusieurs fois critiqué le SNJ, accusé de ne pas assez défendre les journalistes sans carte de presse, comme lui. « La liberté ne se divise pas », a dit en réponse Dominique Pradalié. Dimanche 21 Avril 2019, le SNJ et Reporters Sans Frontières (RSF) avaient dénoncé des atteintes à la liberté d’informer, après notamment l’interpellation de Gaspard Glanz et d’Alexis Kraland, un autre vidéaste indépendant.

Outre l’ancien auteur des Guignols, Bruno Gaccio, et le comédien et musicien Yvan Le Bolloch, l’économiste de gauche Thomas Porcher était présent pour soutenir Gaspard Glanz devant le commissariat, Lundi 22 Avril 2019, « il y a une vraie entrave à la liberté d’informer », a estimé celui qui a récemment quitté la liste Place Publique, fondée avec Raphaël Glücksmann, « tous les journalistes et tous les intellectuels devraient se mobiliser ».

Un couple de trentenaires en tenue d’été faisait aussi partie des personnes venues en soutien. Kaspar Vogler, réalisateur de cinéma, ne participe pas aux manifestations des Gilets Jaunes et il se sent de gauche, plutôt Parti Socialiste, mais il « a l’impression de se radicaliser et que plus personne ne nous représente. Les médias ne jouent pas assez leur rôle de contre-pouvoir. Gaspard Glanz incarne, avec quelques autres, une certaine forme d’indépendance. Même si son information peut être un peu partisane, elle est nécessaire ».

Taranis News s’est fait connaître pour ses images de mouvements sociaux, souvent au cœur des affrontements entre les manifestants et les policiers, lors de la contestation de la loi travail, ou encore des protestations contre l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes. Souvent accusé de militantisme, Gaspard Glanz se revendique toujours journaliste. Il reflète une nouvelle génération de vidéastes immergés dans les mouvements sociaux, filmant avec du matériel léger, parfois en direct.

Ce n’est pas la première fois, loin de là, que Gaspard Glanz fait l’objet de procédures. En 2016, il avait été placé en garde à vue alors qu’il couvrait le démantèlement de la jungle de Calais. Et il avait été poursuivi pour deux motifs, d’abord le vol d’un talkie walkie d’un policier d’une Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) dans le camp de migrants, il l’avait ramassé sur le sol et il a fait pour cela l’objet d’une condamnation à une amende symbolique, assure son avocat. Et aussi pour injure publique contre douze fonctionnaires de police de Rennes, montrés en photographie sur un post Facebook, avec en commentaire le slogan nazi, « ein volk, ein reich, ein führer », il a été relaxé, selon son avocat.

A l’époque, Gaspard Glanz avait été soumis à un contrôle judiciaire et il avait découvert qu’il faisait l’objet d’un arrêté d’interdiction de séjour dans l’arrondissement de Calais. Gaspard Glanz fait aussi l’objet d’une fiche S visant les personnes considérées comme des menaces pour la sûreté de l’état, précise son avocat, qui conteste ce fichage.

Partager cet article
Repost0

commentaires