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19 octobre 2019 6 19 /10 /octobre /2019 16:07

 

 

https://www.elwatan.com/a-la-une/35e-vendredi-de-mobilisation-le-hirak-maintient-le-cap-19-10-2019

 

Trente-cinquième vendredi de mobilisation, Le hirak maintient le cap

La mobilisation demeure infatigable comme à chaque rendez-vous hebdomadaire

Alger, Vendredi 18 Octobre 2019, trente cinquième vendredi du hirak, depuis la rentrée, la bonne santé du mouvement se confirme de semaine en semaine, malgré l’ampleur de la répression, les anathèmes, la propagande et la désinformation.

Vendredi 18 Octobre 2019, les algériens sont, de fait, sortis par centaines de milliers à Alger, pour réaffirmer leur rejet catégorique des élections présidentielles du 12 décembre 2019 et pour exiger la libération des détenus du hirak, dont le nombre a atteint des proportions effrayantes.

Vendredi 18 Octobre 2019 dans la matinée, un calme lourd régnait sur la ville. Le déploiement imposant des forces de police et les camions stationnés tout le long de la rue Didouche Mourad, renforcés par des véhicules tout-terrains, bouchaient le moindre interstice. Sensation d’étouffement, les quelques hirakistes qui arpentent les rues se montrent prudents. Quelques rares manifestants se baladent drapeau sur l’épaule.

Sinon, par petites grappes ou individuellement, ils sont adossés aux murs de l’artère principale ou s’abritent dans les cafés. Il a fallu attendre Vendredi 18 Octobre 2019 à 12 heures pour voir les premiers cortèges se former. Des dizaines de citoyens se donnèrent à ce moment-là le mot et se mirent à scander « état civil, pas militaire », « dégage Gaïd Salah, pas de vote cette année » et « les généraux à la poubelle et l’Algérie accédera à l’indépendance ».

La police forme une haie le long de la rue Didouche Mourad jusqu’à la place Maurice Audin pour dégager une voie de circulation à l’usage des automobilistes. Les manifestants ne se font pas prier pour occuper la bande restante de la chaussée et remonter la rue en répétant « pas d’élections avec la bande » et « Ali Ammar, mon pays est en danger. Nous allons continuer la bataille d’Alger, pas de marche arrière, le gouvernement est à la peine. Main dans la main, nous aurons l’indépendance ».

La libération des détenus était au cœur des revendications populaires, comme l’exprime le slogan « relâchez les prisonniers, ce ne sont pas des vendeurs de cocaïne ». On pouvait également entendre « jetez-nous tous en prison, le peuple ne s’arrêtera pas ». Sur un air qui rappelle la chanson el Menfi, la foule chante « nous ne voulons pas d’un nouveau régime militaire ». Sur les quelques pancartes brandies, on peut lire « nous nous sommes débarrassés de la charrette, il reste la casquette » et « vos lois et vos urnes sont en confinement ».

Un jeune plaide la tolérance après la fermeture de lieux de culte chrétiens à Tizi Ouzou, « musulmans, chrétiens, juifs ou athées, nous sommes les enfants libres de l’Algérie plurielle. Ne détournez pas le sujet ». Il y avait aussi le slogan « nous sommes tous Nabil Alloun », en solidarité avec un jeune détenu d’opinion. Le cortège a défilé jusqu’à la rue Victor Hugo avant de rebrousser chemin.

Vendredi 18 Octobre 2019 à 13 heures, après ce tour de chauffe, plusieurs manifestants devaient rejoindre les mosquées pour la grande prière hebdomadaire, en promettant de revenir. Un jeune dit que « nous allons faire une prière pour les maudire ». Les abords de la mosquée Errahma sont cernés par les groupes de fidèles et, en haut de la rue Victor Hugo, une foule de non-prieurs s’est massée en attendant la fin de l’office religieux pour refaire bloc et lancer la grosse manifestation rituelle.

Vendredi 18 Octobre 2019 à 13 heures 40, les fidèles fusent de la mosquée Errahma et remontent la rue Victor Hugo avant de fusionner avec les autres. Un cri monte, « état civil, pas militaire ». S’ensuit une véritable déferlante humaine par vagues successives qui vont se déverser rue Didouche Mourad sans discontinuer. Un cri sourd déchire le ciel limpide, « dégage Gaïd Salah, pas de vote ». Des voix crient « félicitations à la Tunisie, vivement notre tour, qu’ils dégagent tous ». Les slogans contre les élections pleuvent, « pas de vote, je jure que je ne le ferai pas, Noureddine Bedoui et Abdelkader Bensalah doivent dégager. Même si vous tirez contre nous à balles réelles, nous ne nous arrêterons pas ». Nous pouvions entendre aussi que « le hirak est un devoir national ». Une jeune manifestante résume l’agenda du mouvement en écrivant que « le mardi est le jour des étudiants, le jeudi est le jour du pilon et des youyous, le vendredi est le jour des marches et le dimanche est le jour du parlement ». Elle ajoute « félicitations à la Tunisie et au peuple libanais ».

Toujours dans cet esprit de détermination, un citoyen arbore une pancarte avec le message « coupez les routes, coupez internet, coupez le téléphone, coupez l’électricité, coupez l’eau et, si vous le pouvez, coupez même l’air et faites disparaître le soleil. Nous ne céderons pas ». Un manifestant s’emporte face aux policiers qui encerclent la place Maurice Audin.

« L'Algérie arrachera son indépendance. Nous ne nous arrêterons pas », crie-t-il. Un autre manifestant, déguisé en loup, parade avec une pancarte, « des loups sont partis et ils veulent ramener leurs enfants, mais jamais tu ne pourras dresser un loup ».

Une jeune manifestante aux slogans toujours bien sentis tenait pour sa part à délivrer ce message à travers sa pancarte, « nos espoirs pour l’Algérie sont plus grands que vos prisons ». Au verso, elle ajoute « Algérie libre, démocratique et civile ». Un jeune défilant à ses côtés affiche une autre pancarte percutante, « police nationale, pas politique ». Un homme crie « libérez nos enfants ». Une femme adresse ces mots aux juges, « hommes de loi, libérez-vous ». De larges bannières à l’effigie de Lakhdar Bouregaâ, de Karim Tabbou, de Samir Belarbi, de Fodil Boumala et d’autres prisonniers politiques, sont portées fièrement par des bras solidaires. Près de l’université centrale, des mères à la mine déconfite affichent les photographies de leurs enfants injustement incarcérés, des portraits notamment de Boudjemil Mohand et d’Ider Ali.

Un citoyen fustige les élections en écrivant « la bêtise, c’est de sortir pour faire tomber Abdelaziz Bouteflika et de participer à des élections organisées par le système d’Abdelaziz Bouteflika ». Réagissant au projet de loi sur les hydrocarbures adopté en conseil des ministres, une citoyenne écrit « pour nos enfants, notre sous-sol est un gage, faisons barrage aux lois du bradage ». Un petit garçon drapé de l’emblème national et hissé sur les épaules de son père brandit une pancarte qui dit sensiblement la même chose, « mon avenir n’est pas à vendre ».

Nous descendons prendre la température, boulevard Amirouche. Une marée humaine défilait là aussi avec la même ardeur, en provenance de la rue Hassiba Ben Bouali, de la rue Belouizdad et des quartiers de la banlieue-est d’Alger, tandis que, de l’autre côté, de grosses vagues de marcheurs arrivaient de Bab El Oued.

A Maurétania, près de l’ancien siège du ministère des finances, un carré scande « la loi de finances est contre les pauvres ». Rue Hassiba Ben Bouali, une foule dense exprime là encore son rejet des élections. Un homme a une pensée émue pour les victimes des massacres du 17 Octobre 1961 en écrivant « Maurice Papon, criminel de guerre ».

Des supporters de l’Union Sportive Madinet al Harrach arrivent en force. « Quelle est la cause de nos malheurs, c’est l’état », chantent-ils. A un moment, un carré de manifestants entonne Qassaman. Chair de poule, l’hymne national est suivi d’une salve de hourras triomphants. Puis, ce mot d’ordre martelé à volonté, « indépendance ».

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