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10 décembre 2019 2 10 /12 /décembre /2019 19:22

 

 

https://blogs.attac.org/groupe-discriminations-democratie/repression/article/observer-les-pratiques-policieres-un-contre-pouvoir-citoyen

 

Observer les pratiques policières, un contre-pouvoir citoyen

Par Evelyne Perrin, de la commission démocratie de l'Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l'Action Citoyenne (ATTAC) et du Front Social de Paris

Débat organisé Mardi 17 Novembre 2019 au Lieu-Dit à Paris par la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et par le Syndicat des Avocats de France (SAF) avec Arié Alimi, avocat, et des membres de l’Observatoire Parisien des Libertés Publiques (OPLP).

A l’image de ce qui s’est fait à Toulouse, à Montpellier ou à Bordeaux, la LDH en partenariat avec le SAF a créé un OPLP se donnant pour mission de rendre compte des stratégies actuelles de maintien de l’ordre par une présence concrète sur le terrain des manifestations.

Comment créer un contre-pouvoir citoyen et réprimer la répression, par Arié Alimi, membre du bureau national de la LDH

Alors que la liberté de réunion pacifique et le droit de manifester sont des libertés fondamentales et des droits constitutionnels essentiels en démocratie, les autorités publiques se livrent à des atteintes très graves et réitérées contre ces droits, comme l’ont montré entre autres exemples le traitement par ces autorités de la manifestation pour le climat du 21 septembre 2019 et celui de l’anniversaire du mouvement des gilets jaunes du 16 novembre 2019.

La manifestation déclarée qui devait partir Samedi 16 Novembre 2019 à 14 heures de la Place d’Italie s’est vue nassée par les forces de l’ordre et déclarée interdite par le préfet Didier Lallement avant de pouvoir démarrer, les personnes présentes ont subi un gazage démesuré et une répression sanglante avec des tirs de Lanceurs de Balles de Défense (LBD) et de Grenades Lacrymogènes Instantanées (GLI) sans pouvoir quitter la place.

La loi contre les casseurs permet d’interpeller préventivement et le fait de dissimuler partiellement son visage ou de se protéger des gaz lacrymogènes très toxiques est assimilé à l’intention de commettre des violences. Or les LBD et les GLI sont reconnues comme matériel de guerre. Le simple citoyen devient un ennemi intérieur.

Nous assistons à la conjugaison de trois types de répression, une répression policière, judiciaire et administrative, ainsi qu’à une guerre médiatique.

Jusqu’ici le droit d’expression passait soit par l’écriture, soit par la manifestation, soit par le journalisme. Les journalistes qui viennent encore sur le terrain ont vu plusieurs d’entre eux se faire interpeller ou blesser.

Il faut pourtant observer et montrer à voir ce qui se passe, non seulement les violences mais les pratiques policières, les analyser et en établir et publier des rapports. C’est le rôle des observatoires.

La seconde manière de donner à voir, c’est de poursuivre en justice. Nous ne devons pas penser que nous sommes minoritaires et pris dans une relation verticale. Il nous faut utiliser le pouvoir judiciaire même s’il est inféodé au pouvoir que nous avons mis en place et malgré l’impunité dont bénéficient systématiquement les auteurs publics de ces violences. Ce n’est pas le résultat qui compte, mais le fait de donner à voir. Nous devons multiplier les plaintes. Les médias sont aguichés quand nous portons plainte.

Certes il est très difficile de déposer plainte contre les ministres ou le chef de l'état, parce qu’ils sont protégés. Les ministres ne peuvent être jugés que par la Cour de Justice de la République (CJR), qui refuse de faire l’enquête le plus souvent, mais nous pouvons déposer plainte contre les préfets et les procureurs de la république et cela peut avoir des effets directs, par exemple le procureur de Nice a été muté après les violences contre Geneviève Legay et il nous est arrivé de faire condamner des préfets. Et même si nous n'y parvenons pas, cela laisse des traces, exploitables ultérieurement.

L'OPLP a pour objectifs de documenter les pratiques policières par l’observation sur le terrain, de relever l’utilisation abusive des procédures, notamment judiciaires, de recueillir des témoignages et d’informer de leurs droits les personnes concernées par ces pratiques.

Des observateurs sont présents là où s’exercent ces pratiques, par groupes de trois, avec une chasuble blanche, un casque et un masque de chantier. Ils ne manifestent pas, ils prennent des notes, ils filment en vidéos et ils recueillent des témoignages. Chaque observation donne lieu à un rapport rendu public afin de sensibiliser les citoyens, les acteurs de la justice et les pouvoirs publics, d’alimenter le débat d’intérêt général sur les libertés et d’apporter une réponse collective à ces dérives. Il existe des observatoires à Bordeaux, à Toulouse, à Montpellier, à Nantes, à Lille, à Nice, à Quimper et en Seine Saint-Denis. C’est un contre-pouvoir citoyen.

Mais nous avons besoin d’être plus nombreux, rejoignez-nous, et aussi d’être soutenus, par des dons, pour couvrir nos besoins, par exemple pour acheter du matériel.

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