Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 avril 2020 1 20 /04 /avril /2020 16:27

 

 

https://www.emancipation69.fr/?discriminer-la-population-selon-l,088.html

 

Discriminer la population selon l’âge, un projet antidémocratique, mortifère et imbécile, vite retiré, mais en partie seulement

Mercredi 15 Avril 2020, devant la commission des lois du sénat, Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique d'Emmanuel Macron avertissait, comme s’il lui appartenait de décider, que dix huit millions de personnes devraient demeurer assignées à résidence, au-delà du Lundi 11 Mai 2020, sans limitation de durée. Etaient menacées de ce projet les personnes jugées comme étant les plus à risque de développer une forme grave de coronavirus.

Étaient notamment visées les personnes d’un certain âge, au-dessus de soixante cinq ou de soixante dix ans, les personnes ayant des Affections de Longue Durée (ALD) et des sujets jeunes ayant une pathologie mais aussi obèses, selon les termes de Jean-François Delfraissy. « Tout cela, cela fait dix huit millions de personnes », indiquait-il. Pour ces personnes, « on continuera le confinement ».

« Pour combien de temps, je ne sais pas », disait-il, « en attendant peut-être un médicament préventif ».

Ce projet, c’était une sorte de coup d'état contre dix huit millions de citoyens qui, à la différence du reste de la population, n’auraient pas retrouvé le droit de libre circulation et la possibilité d’activités de plein air et de vie sociale. Ce projet complétait le dispositif visant à renvoyer au travail, le plus vite possible, les personnes non touchées par cette limite d’âge.

C’était le prix que l’on devait payer pour la politique de destruction de l’hôpital public et d’asphyxie de la recherche.

Jean-François Delfraissy s’était peut-être un peu trop engagé devant le sénat, mais il n’avait rien inventé. Il s’inscrivait dans la continuité de l’allocution présidentielle du Lundi 13 Avril 2020. Simplement, Emmanuel Macron avait été légèrement plus prudent dans son propos, « pour leur protection, nous demanderons aux personnes les plus vulnérables, aux personnes âgées, en situation de handicap sévère, et aux personnes atteintes de maladies chroniques, de rester confinées même après le Lundi 11 Mai 2020, tout au moins dans un premier temps. Je sais que c’est une contrainte forte. Je mesure ce que je vous demande et nous allons, d’ici le Lundi 11 Mai 2020, travailler à rendre ce temps plus supportable pour vous. Mais il faudra essayer de s’y tenir pour vous protéger et pour votre intérêt ».

Mais lui-même ne contestait pas la déclaration de la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, qui venait de déclarer le Dimanche 12 Avril 2020 que « sans vaccin il faut limiter autant que possible les contacts des seniors ». Cela implique de maintenir le confinement des personnes âgées, « les enfants et les jeunes jouiront plus tôt de davantage de liberté de mouvement que les personnes âgées et celles avec des antécédents médicaux », expliquait-elle, espérant le développement d’un vaccin vers la fin de l’année.

Ce qui n’était sans doute pas prévu, c’est le tollé de protestations qui s’éleva, protestations des personnes menacées d’abord et protestations de médecins et de psychologues également. Par exemple, un chef de service en médecine gériatrique rappela que, en ce qui concerne les personnes résidant dans les Etablissements d'Hébergement des Personnes Agées Dépendantes (EHPAD), « certaines sont en train de se laisser mourir ».

Et là, ce qu’on programmait, c’était la mort lente pour dix huit millions de personnes, EHPAD ou pas EHPAD, toutes condamnées à péricliter sur place, un sacré moyen de faire des économies pour les caisses de retraites. Et en cas de canicules, ces millions de vieux et de personnes jugées fragiles auraient été condamnées à rester enfermées dans les fournaises urbaines, combien de morts en perspective ?

Dans la soirée du Jeudi 16 Avril 2020, l’Académie de Médecine prenait position avec force contre un déconfinement par tranche d’âge.

Une psychologue clinicienne parlait de mesure « arbitraire, injuste, discriminante et anticonstitutionnelle » et elle s’inquiétait, « une colère sourde est en train de monter dans les rangs des seniors ». Des proches du pouvoir s’en inquiétèrent. C’est le cas d’Alain Minc, « vous allez voir monter la révolte des vieux, la révolte en cheveux blancs, très fortement dans les semaines qui viennent », disait-il Jeudi 16 Avril 2020 à France Info.

Mais le pire, c’est que ce projet est imbécile. Il prétend protéger les vieux mais, en les enfermant, il anéantit l’essentiel de leur possibilité d’activité physique, sportive et sociale, réduisant ainsi leur espérance de vie, et il vise à les détruire moralement.

Il prétend aussi s’appliquer aux personnes ayant des ALD, quel que soit l’âge, mais certaines de ces ALD exigent au contraire que la personne touchée ait une activité physique et sportive importante.

Il menace les personnes obèses alors qu’elles ont besoin d’activité. Et comment ferait la police pour les contrôles, au faciès pour les vieux ou bien avec un pèse-personne pour les obèses ?

Renoncer à ce projet était devenu inévitable, au moins pour un temps et sous cette forme.

L’annonce est tombée Vendredi 17 Avril 2020, en début de soirée, directement de l’Elysée, « le chef de l'état ne souhaite pas de discrimination entre nos concitoyens après le Lundi 11 Mai 2020 et il en appellera à la responsabilité individuelle ». En précisant que le chef de l'état a souhaité faire cette mise au point en voyant « monter le débat sur la situation de nos aînés, après les déclarations du professeur Jean-François Delfraissy ».

L'affaire n'est pas réglée, car les médias oublient l’autre versant des déclarations faites par le président du conseil scientifique institué par Emmanuel Macron.

Rappelons que le professeur Jean François Delfraissy porte deux casquettes. D’abord, il est président du comité consultatif national d’éthique. Ensuite, il est devenu président du nouveau conseil scientifique créé le 11 mars 2020. C’est sur ce conseil que s’est appuyé Emmanuel Macon pour justifier le maintien des élections municipales.

« Il y a un conflit d’intérêt entre devenir le porte-parole de la stratégie gouvernementale et la présidence du comité d’éthique », écrit à juste titre un scientifique marseillais.

Lors de son audition devant la commission sénatoriale, Jean-François Delfraissy indique avec cynisme que, à côté des dix huit millions de personnes qui resteraient confinées, figurent cinquante millions de personnes pouvant reprendre une activité même si elles tombent malades.

Nous devons prendre connaissance des deux versants de cette intervention telle qu’il l’a formulée et en particulier de la fin du passage suivant, « quelle population nous allons avoir devant nous quand nous allons sortir du confinement ? Nous pouvons, de façon extrêmement schématique, diviser la France en trois parties. Premièrement des personnes qui sont les plus à risques de développer une forme grave. Cela va rester. Ce sont les personnes d’un certain âge disons, dans lesquelles d’ailleurs je suis, donc au-dessus de soixante cinq ou de soixante dix ans. Ce sont les personnes qui ont des ALD, des multi pathologies et des insuffisances respiratoires ou cardiaques, et puis ce sont des sujets jeunes ayant une pathologie mais aussi obèses puisque vous savez que c’est un facteur de gravité pour les formes graves. Alors tout cela, cela fait dix huit millions de personnes. Donc, de toute façon, numérique ou pas numérique, nous avons à la sortie du confinement dix huit millions de personnes qui risquent d’être contaminées et de continuer à développer une forme grave. Pour ces dix huit millions de personnes, ce n’est pas un scoop, nous continuerons le confinement. Dans des conditions, pour combien de temps, je ne sais pas, en attendant qu’on trouve peut être un médicament préventif, mais il faudra poursuivre le confinement parce qu’elles sont à risque de développer une forme grave. Deuxièmement il y a les cinquante millions de français plus jeunes beaucoup moins à risque de développer, finalement, faisant ou pouvant faire un coronavirus dans des conditions, je dirais tout à fait raisonnables, qui sont et qui posent la question de la remise dans une certaine forme d’activité et avec le questionnement plus particulier des plus jeunes, qui est une question qui est un peu à part. Puis il y a une troisième population d'environ un million de personnes qui sont les Sans Domicile Fixe (SDF), les personnes en grande précarité, un certain nombre de migrants sur lesquels nous avons très peu de données et vous avez vu qu’il y a beaucoup de mouvement, beaucoup de notes concernant ces populations les plus fragiles mais somme toute nous avons très peu de données. Si vous me demandez la prévalence du coronavirus dans ces populations, il n’y a aucune bonne étude actuellement qui permet tout à fait de le réaliser ».

Ce président du conseil scientifique passe par pertes et profits un million de personnes. C’est déjà scandaleux. Mais pour le plus grand nombre, il considère qu’ils peuvent reprendre une certaine forme d’activité, car ils peuvent faire un coronavirus sans problème majeur, de façon tout à fait raisonnable. C’est exactement la position du mouvement des entreprises de France (MEDEF). On prend quelques dispositions préventives et on va au boulot.

Le confinement des vieux n’était donc que le pendant de la reprise du travail par les autres, comme les deux faces d’une même médaille.

Alain Minc n'a pas dénoncé cela et Emmanuel Macron ne le remet pas en cause, puisque c’est exactement l’objectif qui est le sien, au compte du patronat. C’est donc l’entièreté de ce dispositif qui doit être combattu.

Combattre pour le droit des salariés à un strict respect des conditions sanitaires sur le lieu de travail et combattre contre tout projet, qui peut revenir, de confinement sans fin des non productifs sont les deux faces d’un même combat.

Cela passe par quelques exigences simples, en particulier par la satisfaction immédiate de toutes les revendications des personnels hospitaliers, par le droit de retrait maintenu sans pertes de salaires ni de jours de congés, par le droit de contrôle et d’opposition des salariés sur toute éventuelle reprise et par le paiement à cent pour cent des salaires.

Cela passe par le refus d’une reprise scolaire sans tests et garanties sanitaires et par le refus d’une pseudo reprise dont l’objectif n’est que d’assurer la garde des enfants pour que les parents puissent reprendre le travail.

Cela passe par la réquisition de toutes les entreprises nécessaires à la santé publique et par l'abrogation de la loi d’urgence sanitaire qui met en cause les droits démocratiques et des ordonnances.

Partager cet article
Repost0

commentaires