Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 avril 2020 3 01 /04 /avril /2020 15:52

 

 

https://rsf.org/fr/actualites/si-la-presse-chinoise-etait-libre-le-coronavirus-ne-serait-peut-etre-pas-devenu-une-pandemie-denonce

 

Si la presse chinoise était libre, le coronavirus ne serait peut-être pas devenu une pandémie, dénonce Reporters Sans Frontières (RSF)

Mardi 24 Mars 2020

Dans une analyse publiée le 13 mars 2020, des chercheurs de l’université de Southampton suggèrent que le nombre de cas de coronavirus en Chine aurait pu être réduit de quatre vingt six pour cent si les mesures de lutte contre l’épidémie, prises en Chine à partir du 20 janvier 2020, avaient été anticipées de deux semaines. Au vu de la chronologie des premiers jours de la crise, RSF démontre que, sans le contrôle et la censure imposés par les autorités, les médias chinois auraient informé le public beaucoup plus tôt de la gravité de l’épidémie, épargnant des milliers de vies et évitant peut-être la pandémie.

Le 18 octobre 2019, la presse chinoise aurait relayé les résultats glaçants d’une simulation de pandémie

Le Centre Johns Hopkins pour la sécurité sanitaire, en partenariat avec le Forum Economique Mondial et la Fondation Bill et Melinda Gates, a effectué le 18 octobre 2019 une simulation de pandémie de coronavirus et il a alerté la communauté internationale de son résultat glaçant, soixante cinq millions de morts en dix huit mois.

Si l’internet chinois n’était pas isolé par un système élaboré de censure électronique et si les médias n’étaient pas contraints de suivre les instructions du Parti Communiste Chinois (PCC), le public et les autorités se seraient sans doute intéressés à cette information provenant des États-Unis et qui fait écho à l’épidémie de Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS), qui avait causé plus de huit cent morts et affecté huit mille personnes principalement en Chine en 2003.

Le 20 décembre 2019, les autorités de la ville de Wuhan auraient informé les journalistes

Le 20 décembre 2019, un mois après le premier cas documenté, la ville de Wuhan compte déjà soixante malades atteints d’une pneumopathie inconnue ressemblant au SRAS, dont plusieurs ont fréquenté le marché aux poissons de Huanan. Malgré la situation, les autorités ne jugent pas utile de communiquer ces informations aux médias.

Si les autorités n’avaient pas caché aux médias l’existence d’un début d’épidémie liée à un marché très populaire, le public aurait de lui-même cessé de fréquenter ce lieu avant sa fermeture officielle, le premier janvier 2020.

Le 25 décembre 2019, la docteure Lu Xiaohong aurait pu faire part de ses craintes à la presse

La docteure Lu Xiaohong, directrice du département de gastro entérologie de l’hôpital numéro cinq de la ville de Wuhan, entend parler de cas d’infection touchant le personnel médical dès le 25 décembre 2019 et elle se doute dès la première semaine du mois de janvier 2020 que l’infection est transmissible d’humain à humain.

Si les sources des journalistes en Chine ne risquaient pas de graves sanctions pouvant aller d’un blâme professionnel à de lourdes peines de prison, la docteure Lu Xiaohong aurait sans doute pris la responsabilité d’alerter les médias, forçant les autorités à agir trois semaines plus tôt qu’elles ne l’ont fait.

Le 30 décembre 2019, l’appel des médecins lanceurs d’alerte aurait été repris par les médias

La directrice du service des urgences de l’hôpital central de Wuhan, Ai Fen, et un groupe de médecins lancent l'alerte sur internet dès le 30 décembre 2019. Huit d’entre eux, dont le docteur Li Wenliang, mort depuis des suites de la maladie, seront interpellés par la police le 3 janvier 2020 pour avoir fait circuler de fausses rumeurs.

Si, dès cette date, la presse et les réseaux sociaux avaient pu reprendre librement l’information transmise par les lanceurs d’alerte, le public aurait pris conscience du danger et il aurait fait pression contre les autorités pour qu’elles prennent des mesures limitant l’expansion du virus.

Le 31 décembre 2019, les réseaux sociaux auraient relayé en Chine l’alerte officielle

La Chine alerte officiellement l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) le 31 décembre 2019, mais elle oblige dans le même temps la plateforme de discussion We Chat à censurer un grand nombre de mots-clés faisant référence à l’épidémie.

Sans la censure, le réseau social We Chat, qui compte un milliard d’utilisateurs actifs en Chine, aurait pu permettre aux journalistes de diffuser des reportages et des conseils de prophylaxie contribuant à un meilleur respect des règles préconisées par les autorités de santé.

Le 5 janvier 2020, la presse scientifique aurait diffusé plus tôt le génome du coronavirus

L'équipe du professeur Zhang Yongzhen au sein du centre clinique de santé publique de Shanghai parvient à séquencer le virus dès le 5 janvier 2020, mais les autorités semblent réticentes à publier la séquence du génome. Le 11 janvier 2020, jour où la Chine confirme son premier mort dû au virus, les chercheurs font fuiter l’information sur des plateformes en libre source, ce qui occasionnera la fermeture du laboratoire en représailles.

Si les autorités chinoises avaient joué la carte de la transparence, elles auraient immédiatement communiqué la séquence du génome du coronavirus à la presse scientifique, permettant à la communauté internationale de gagner un temps précieux dans ses recherches pour la mise au point d’un vaccin. 

Le 13 janvier 2020, la communauté internationale aurait anticipé le risque d’une pandémie

Le premier cas d’infection au coronavirus hors de Chine est répertorié en Thaïlande le 13 janvier 2020 sur une touriste chinoise originaire de Wuhan.

Si, à cette date, les médias internationaux avaient eu un accès complet aux informations détenues par les autorités chinoises sur l’ampleur de l’épidémie, il est probable que la communauté internationale aurait pris la mesure de la crise et qu'elle aurait mieux anticipé sur le risque d’une propagation de l’épidémie hors de Chine, évitant peut-être sa transformation en pandémie.

La Chine se situe au cent soixante dix septième rang sur cent quatre vingt dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF en 2019.

Partager cet article
Repost0

commentaires