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10 juin 2020 3 10 /06 /juin /2020 14:13

 

 

https://lecourrier.ch/2020/06/09/maree-humaine-contre-le-racisme-a-geneve/

 

Ici aussi le racisme tue

Plus de dix mille personnes ont manifesté Mardi 9 Juin 2020 à Genève pour dénoncer le racisme et les violences policières en Suisse, le jour où était enterré George Floyd à Houston.

Une place de Neuve noire de monde pour dénoncer le racisme contre les noirs, malgré la météo maussade, plus de dix mille personnes ont répondu Mardi 9 Juin 2020 à l’appel de Black Lives Matter Suisse Romande, du Collectif Afro-Swiss et d’Outrage, avec pour objectif de visibiliser les violences policières et le racisme systémique en Suisse.

Le jour est symbolique. Mardi 9 Juin 2020, à quelques milliers de kilomètres de là, à Houston, au Texas, avaient lieu les obsèques de George Floyd, cet afro américain tué par un policier et dont la vidéo d’agonie, étouffant sous le genou d’un agent impassible, a lancé une indignation et une colère mondiale. A Genève, le noir, du deuil mais aussi de la colère, était donc de rigueur, les poings levés aussi. Mardi 9 Juin 2020 à 18 heures, la place débordait déjà. Dans la foule toutes les générations se côtoient. La communauté noire genevoise, la plus importante du pays, a fait le déplacement en masse. Mais dans la multitude, les visages affichent toute la diversité que la cité de Calvin peut offrir. Un cosmopolitisme salué par Anaïs, membre du collectif Black Lives Matter et première oratrice, « regardez les personnes autour de vous. Félicitez-les d’être présents. Nous allons marcher ensemble pour un monde meilleur où l’inégalité raciale n’a pas sa place ». L’énergie communicative de la jeune militante a électrisé la foule qui n’attendait que de s’enflammer, les vivats cédant la place au slogan « pas de justice, pas de paix ».

Si l’ambiance était détendue, les pancartes rappelaient une réalité plus grave. « Le silence tue », « je suis noire, j’existe » ou encore « pas de justice, pas de paix » pouvait-on lire sur les panneaux brandis. « Ici aussi le racisme tue », scande la militante, « il faut que les suisses prennent conscience que cela n’arrive pas qu’à nos frères et sœurs afro-américains ». Aux côtés de George Floyd et d’Adama Traoré, elle cite les noms de Lamine Fatty, de Mike Ben Peter et d’Hervé Mandundu, trois noirs morts aux mains des forces de l’ordre vaudoises.

Première manifestation de cette ampleur depuis la grève des femmes il y a près d’un an, la mobilisation de ce jour a dû s’accommoder des mesures sanitaires liées au coronavirus. Il est impossible cependant de respecter les distances de sécurité tant il y avait du monde. « La grande majorité des personnes portait le masque », rassure cependant Alexandre Brahier, porte-parole de la police.

L’affluence surprise et ces mesures ont provoqué un départ chaotique. Mardi 9 Juin 2020 un peu avant 19 heures, le cortège s’est mis en branle en direction du parc des Cropettes. Mais Mardi 9 Juin 2020 à 19 heures 45, de nombreux manifestants piétinaient encore place de Neuve. Il n'y avait pas de quoi entamer l’enthousiasme des personnes présentes qui patientaient en écoutant les morceaux de rap crachés par un puissant sound system.

Malgré les visages dissimulés, l’ambiance était très chaleureuse et propice à la confidence. Anissa, soixante ans, manifestait pour la première fois de sa vie avec son groupe de quatre copines somaliennes, « George Floyd est mort en appelant sa mère. Cela m’a fendu le cœur. J’ai quatre garçons d’une trentaine d’années. Je suis terrifiée de ce qui peut leur arriver ».

Si les noirs de Suisse meurent moins aux mains de la police que les afro-américains, tous ont une histoire particulière avec les forces de l’ordre.

« J’ai tellement d’anecdotes, je ne saurais pas pour où commencer », confie Migabo, un jeune suisse d’origine rwandaise, « j’ai été contrôlé si souvent. On me tutoie systématiquement. On m’a soupçonné d’agression et de vol, toujours sans la moindre justification possible, si ce n’est ma couleur de peau ».

« En Suisse, le plus dur, c’est l’humiliation », abonde Jérémy, un militant antiraciste, « personne n’est traité comme cela. On nous fouille et on nous contrôle devant tout le monde. Le regard des autres, souvent passifs, fait très mal ».

Des témoignages semblables, nous en avons recueillis des dizaines le long du cortège. Une immense lassitude se dégage de la plupart des manifestants, pourtant plutôt jeunes, « cela ne va pas s’arrêter demain, c’est un mouvement de fond. Nous voulons que les choses changent, que cesse le déni du racisme contre les noirs en Suisse et que le pays ouvre enfin les yeux ».

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