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10 juin 2020 3 10 /06 /juin /2020 15:18

 

 

https://aplutsoc.org/2020/06/09/dans-le-donbass-poutine-thatcher-solidarite-avec-les-mineurs/

 

Dans le Donbass, Vladimir Poutine égale Margaret Thatcher, solidarité avec les mineurs

Mardi 9 Juin 2020

D’après plusieurs sites d’actualité russe et ukrainienne et le réseau social Vkontakte, corroborés par nos contacts militants, des affrontements sociaux importants ont lieu dans les républiques populaires du Donbass et de Louhansk, entièrement tenues à bout de bras par l'état russe de Vladimir Poutine.

Vendredi 5 Juin 2020, les mineurs de charbon de la mine de Komsomolskaya ont refusé, à partir du second quart, de se rendre au fond, exigeant le paiement des salaires impayés dus, pour la seconde fois depuis le 21 avril 2020. Ils exigeaient que la promesse faite alors d’un paiement d’ici au 15 mai 2020, non tenue, soit respectée. Un syndicat indépendant des mineurs du Donbass, indépendant voulant dire non contrôlé par l'état et ses réseaux mafieux, s’est exprimé au nom de ce mouvement.

La mine de Komsomolskaya, dont le nom respire l’ancienne Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), est l’une des plus importantes du bassin du Donbass, foyer historique de l’industrialisation russe, de la colonisation de l’Ukraine et des luttes ouvrières entre 1917 et 1918 et entre 1989 et 1992. Elle avait gardé le statut d’entreprise publique après l’indépendance ukrainienne en 1991 et elle était devenue une entreprise d'état de la république populaire en 2014, ceci n’empêchant en rien un fonctionnement parfaitement privatisé et mafieux. Le non paiement des salaires, cette plaie que Vladimir Poutine prétend avoir éradiqué en Russie par rapport aux années 1990, a commencé à sévir dans les républiques populaires, surtout depuis 2018 et 2019, en relation avec des regroupements d’entreprises, qu’elles soient publiques ou privées, entre puissants oligarques, comme le capitaliste le plus riche d’Ukraine, Rinat Akhmetov, comme l'ancien président chassé par la population à Kiev en 2014, Viktor Ianoukovitch, et comme les hommes des organes russes. L’assassinat du chef fascisant et antisémite de la République Populaire du Donbass (RPD), Alexandre Zakhartchenko, en 2018, n’était pas étranger à ces regroupements oligopolistiques.

Au mois d'avril 2020, ils ont lancé une loi sur la liquidation des entreprises charbonnières non rentables et la protection sociale de leurs travailleurs, protection sociale qui consiste en trois mille licenciements prévus, pour le moins. La grève de la mine de Komsomolskaya peut être interprétée comme un acte de résistance central contre ce qui s’annonce. Sachant que le nombre d’emplois directement liés aux mines est déjà tombé, dans la République Populaire de Louhansk (RPL), de quarante mille à trente mille, depuis sa proclamation.

Les menaces de la part du ministère de la sécurité d'état, dont le sigle, MVD, rappelle quelque chose à tous les russes comme à tous les ukrainiens, ont commencé le soir même et, Samedi 6 Juin 2020, les dirigeants de la mine avaient dressé une liste noire de cent trente travailleurs à licencier. La mine est censée être une entreprise d'état, en fait dirigée pour le profit des mafieux représentés par Vladimir Shatokhin, directeur général de Vostol-Ugol de la RPL, mais cela c’est le sigle pseudo-soviétique de l’entreprise que l’on appelle aussi East Coal, qui, comme n’importe quel manager patronal, a expliqué que, pour gagner en rentabilité, les sacrifices sont indispensables et les revendications sont exorbitantes, alors qu’il s’agit de salaires impayés.

Dimanche 7 Juin 2020, les connexions par internet et par téléphone entre ce secteur et l’extérieur des républiques populaires ont été suspendues, le dernier message indiquant que cent vingt quatre mineurs ainsi que leurs épouses étaient retranchés dans la mine cernée par un cordon policier. Une quarantaine a alors été proclamée dans le secteur, avec suspension des transports et fermetures des magasins, chez les mafieux du Donbass comme en d’autres pays, le confinement a bon dos.

Lundi 8 Juin 2020, la rumeur court qu'une personne va venir de Russie pour sermonner les mineurs et pour trouver les coupables. Alexandre Vaskovsky, du syndicat indépendant, transmet à un site internet l'information selon laquelle le directeur général a privé d’eau et de nourriture les mineurs et leurs épouses retranchées dans la mine et que tel était le but de la quarantaine sanitaire. Le mouvement n’est pas limité au groupe héroïque des mineurs de Komsomoskaya. Des groupes de syndiqués, clandestins car dans la RPL le syndicalisme est un délit, se sont manifestés par des messages sur les réseaux sociaux avant leur occultation, Dimanche 7 Juin 2020. En réaction, le pouvoir de la RPL dépendant de la Russie a bloqué toute la ville d’Antratsyt, cinquante mille habitants, ville qui avait été présentée, en 2014, comme un bastion russophone combattant les fascistes ukrainiens, par le couvre-feu, des véhicules militaires ont été déployés à Rovenky, quarante mille habitants, et la mine de Frounzé a été encerclée préventivement par les forces dites de sécurité. Des arrestations en séries ont eu lieu à Krasnodon, à Rovenky, à Krasnyray et à Belorechensk, et du matériel informatique a été volé par les nervis policiers. Ils ont battu et torturé au moins sept travailleurs dont deux femmes, l’une enceinte, dans la nuit du Dimanche 7 Juin au Lundi 8 Juin 2020 à Louhansk au siège du MVD, selon les informations qu’a pu transmettre Alexandre Vaskovsky.

La mine de Belerochenskaya a vu les mineurs se regrouper pour exiger des nouvelles et la solidarité avec la mine de Komsomolskaya, et il semble que l’accès à la mine ait été interdit par le Président Directeur Général (PDG) et agent du MVD, Vladimir Shatokhin. On appelle cela un lock out.

Ces affrontements sociaux opposent très clairement un vieux secteur combatif et même légendaire de la classe ouvrière aux chefs mafieux russes du Donbass. Ceux-ci mènent la politique de Margaret Thatcher pendant que, à l’ouest, le mouvement ouvrier, soit oublie l’existence des travailleurs du Donbass, soit, dans le cas des secteurs de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM), se fait un film pétri d’ignorance de ce qu’est la classe ouvrière, sur les mineurs du Donbass qui auraient, en 2014, combattu les fascistes ukrainiens et qui, depuis, seraient engagés dans la résistance.

C’est faux. Comme leurs frères de classe de Krivy Riv, du côté de l’Ukraine indépendante, ils affrontent un patronat mafieux et oligarchique issu de la bureaucratie et de la police. On ne saurait tout confondre, l’Ukraine de Volodymyr Zelensky n’est pas nazie, c’est un régime parlementaire corrompu où les libertés fondamentales, y compris syndicales, existent sur le papier, mais les républiques populaires du Donbass et de Louhansk sont des zones occupées que Vladimir Poutine a voulu transformer en petites Irlande du Nord. Il a échoué et elles sont devenues un chancre pour tout combat démocratique en Russie, qui doit commencer par dénoncer l’impérialisme de Vladimir Poutine. L’unité de ce combat ouvrier sera un élément nécessaire pour une Ukraine démocratique, unifiée, indépendante et ouvrière.

Ces combats nous sont très proches et il est essentiel de les porter, en commençant par informer, au cœur du mouvement ouvrier, en France, ici et maintenant.

Soutien aux mineurs du Donbass et vive les syndicats indépendants

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