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23 janvier 2021 6 23 /01 /janvier /2021 14:10

 

 

https://jacobinmag.com/2021/01/joe-biden-administration-liberalism-policy

 

Si Joseph Biden fait une politique de gauche, vous pouvez remercier la gauche

Joseph Biden a publié une série de décrets qui sont étonnamment progressifs. Mais nous savons qui il faut remercier, la gauche organisée, qui a contribué à transformer la politique américaine.

Joseph Biden, pour le dire de manière diplomatique, est un porte-drapeau improbable pour un programme politique de transformation. Il est profondément impliqué dans une grande partie de ce qui ne va pas dans l'Amérique et dans le monde, il travaillait avec les ségrégationnistes dans les années 1970, il était un architecte de la législation criminelle qui a conduit à l'incarcération de masse et il était un champion de la guerre en Irak, qui a tué des centaines de milliers de civils irakiens et des milliers de soldats américains. Vous pouvez lire à propos de cette personnalité publique déprimante et conservatrice le beau livre de mon collègue de Jacobin, Branko Marcetic, dont le titre est « l'homme d'hier ».

Il vaut donc la peine de se demander pourquoi, compte tenu de cette histoire, l'agenda à venir de Joseph Biden semble-t-il jusqu'ici étonnamment décent. Cela s'explique en partie par les dommages causés à nos facultés critiques au cours des quatre dernières années. Il est vrai que son prédécesseur, un aspirant dictateur aimé des fascistes du monde entier, a placé la barre très basse. Mais ce n’est pas toute l’histoire.

Mercredi 20 Janvier 2021, le premier jour de son mandat, Joseph Biden a signé une série de décrets. Certaines de ces actions sont des actions que tout démocrate aurait prises mais qui méritent d'être notées car elles sont essentielles à la survie humaine, il a signé un décret imposant le port du masque dans toutes les administrations fédérales, il a rejoint l'Accord de Paris et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et il a rétabli la capacité du gouvernement fédéral de lutter contre la pandémie de manière coordonnée.

Il a également arrêté la commission anti-intellectuelle de Donald Trump et il a remis les bénéficiaires du programme Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA) sur la voie de la citoyenneté permanente. D'autres décrets représentent un pas bienvenu contre l'assaut barbare et sectaire de l'administration de Donald Trump contre la classe ouvrière internationale, mais qui auraient pu prendre plus de temps ou être négligés à un autre moment politique, mettre fin aux restrictions de voyage en provenance de certains pays à majorité musulmane, relancer les demandes de visa de ces pays, se déplacer pour réunir les familles séparées à la frontière, ajouter des protections contre la discrimination raciale, arrêter la construction du mur frontalier et compter à nouveau les non-citoyens dans le recensement.

Pourtant, certains des ordres exécutifs de Joseph Biden, au premier jour de son mandat, sont allés plus loin, incarnant un abandon plus décisif des Reaganomics bipartites que nous ne l'aurions imaginé. Il a arrêté le pipeline Keystone, révoqué les permis pétroliers et gaziers dans toutes les réserves nationales de la faune, prolongé les moratoires d'expulsion et de forclusion, suspendu les paiements de prêts étudiants et gelé les mesures réglementaires de dernière minute destructrices pour l'environnement de Donald Trump.

Son programme législatif annoncé s'écarte également de l'austérité que beaucoup d'entre nous attendaient de lui il y a un an. N'importe quel démocrate, nous l'espérons, rejetterait la bouffonnerie machiste anti-scientifique entourant la réponse à la pandémie de Donald Trump et tenterait au moins une relance de l’économie à moitié assommée pour lutter contre la récession.

Mais Joseph Biden propose de dépenser de l'argent réel pour ces crises urgentes. Il demande au congrès deux mille milliards de dollars pour faire vacciner tout le monde le plus rapidement possible, financer l'aide aux ménages américains en difficulté, aider les écoles à rouvrir en toute sécurité, aider les gouvernements des états à répondre aux besoins publics vitaux et augmenter le salaire minimum à quinze dollars. Il a nommé Janet Yellen au Trésor, à la place d’un faucon du déficit de capital-risque. Joseph Biden a indiqué sa volonté de taxer les riches. Il dit qu'il veut élargir l'accès aux soins de santé.

Joseph Biden a également mis un accent sans précédent sur le changement climatique, même au milieu d'autres crises que la plupart des électeurs pourraient trouver plus urgentes, nommant une équipe d'experts du climat à son personnel de la Maison Blanche et se fixant pour objectif de décarboner le système électrique dans quinze ans, surprenant à la fois l'industrie des combustibles fossiles et les militants pour le climat.

Les plans de Joseph Biden ne sont pas les mêmes que l’agenda social-démocrate de Bernie Sanders. Il ne fait pas pression pour Medicare for All, le Green New Deal complet ou l'université gratuite. Bernie Sanders demandait l’annulation du loyer et de la dette étudiante, cette dernière pour de bon. Pourtant, dans une tournure inimaginable il y a un an, Joseph Biden a, pour le moment, l'air d'un bon libéral.

Cette espèce longtemps en voie de disparition a tendance à prospérer lorsque son habitat comprend deux conditions historiques à la fois, de graves crises et de grands mouvements sociaux. Sans la grande dépression et la seconde guerre mondiale, nous nous souviendrions probablement maintenant de Franklin Roosevelt comme un White Anglo Saxon Protestant (WASP) qui parlait bien avec une femme inhabituellement consciente socialement et non conventionnelle.

Pouvez-vous imaginer Joseph Biden sans la pandémie dévastatrice du coronavirus, la récession et les soulèvements de rue massifs de cet été contre la brutalité policière raciste, et sans les deux campagnes présidentielles de Bernie Sanders et leurs séquelles, l'émergence de nouveaux leaders politiques socialistes démocratiques comme Alexandria Ocasio-Cortez, Cori Bush et Jamaal Bowman, la nouvelle importance des priorités sociales démocrates comme les soins de santé et le logement, et la croissance de l'activisme de gauche organisé ? Bien sûr que vous le pouvez. Nous ne connaissons que trop bien Joseph Biden.

La meilleure stratégie pour la gauche n'est pas d'ignorer l'émergence du nouveau Joseph Biden, ni d'insister sur le fait que l'ancien est parti pour de bon. Au lieu de cela, nous devrions revendiquer le mérite du bon libéral actuellement à la Maison Blanche et créer les conditions pour nous assurer qu'il fasse tout ce qu'il dit, et bien plus encore. Cela est particulièrement vrai sur le climat, une question où il y a si peu de temps à perdre et tellement de potentiel d'action.

Nous, de gauche, semblons toujours plus intelligents et réalistes à nos camarades lorsque nous roulons des yeux et rejetons la possibilité d'extraire quoi que ce soit des démocrates nationaux, lorsque nous ignorons les nuances et lorsque nous disons simplement que nos adversaires sont des néolibéraux comme si rien d'inhabituel ne se passait. Mais nous devons reconnaître les victoires de la gauche et les crises mondiales dramatiques qui ont produit l’incarnation actuelle de Joseph Biden.

Renoncer à faire pression sur cette administration serait une erreur. Nous devons exiger que Joseph Biden tienne ses promesses, tout en expliquant pourquoi notre monde a besoin de plus qu'un bon libéralisme. Nous devons également nous prémunir contre le plus grand danger d'un bon libéralisme. Si l'histoire est un guide, la politique étrangère de Joseph Biden pourrait être vicieusement anti-socialiste et meurtrièrement interventionniste.

Par-dessus tout, nous devons renforcer le pouvoir socialiste de gauche et ouvrier à partir de la base, en nous concentrant sur les gouvernements locaux et étatiques et sur nos lieux de travail. C’est la seule façon de garantir que les générations futures pourront s’attendre à mieux que Joseph Biden, édition libérale. Nous ne pouvons pas laisser ce moment compliqué et chaotique se perdre.

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