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25 mars 2021 4 25 /03 /mars /2021 06:50

 

 

https://rue89bordeaux.com/2021/03/la-ville-de-bordeaux-demande-levacuation-du-grand-theatre-sans-delai/

 

Le Grand-Théâtre de Bordeaux évacué, quid de la poursuite de la lutte ?

Ne reconnaissant plus une occupation s’inscrivant dans la revendication nationale des acteurs culturels, la mairie de Bordeaux a ordonné l’évacuation du Grand-Théâtre. Mercredi 24 Mars 2021 en milieu de journée, la cinquantaine de personnes avait quitté les lieux. Si la frange la plus à droite de l’opposition voit son vœu exaucé, celle tout à gauche se dit scandalisée et elle prône la désobéissance civile.

« Nous demandons depuis une semaine des référents. Les occupants n’ont pas de revendications. Il est difficile pour nous de soutenir ce qui se passe », déclarait Dimitri Boutleux à Rue 89 Bordeaux, Mardi 23 Mars 2021. Le président de l’Opéra et adjoint au maire de Bordeaux annonçait déjà que les choses pouvaient bouger dans les vingt quatre heures.

C’est fait. Mercredi 24 Mars 2021, l’évacuation des lieux a été demandée par la ville et la direction de l’opéra.

Cerbère se souviendra de sa première et seule nuit sur place. Il revient sur cette évacuation, Mercredi 24 Mars 2021 au petit matin, les yeux encore rougis de sommeil, « Vers 7 heures du matin, nous avons été réveillés par un branle-bas de combat. Les portes et les fenêtres étaient ouvertes. Nous nous sommes retrouvés face à plusieurs élus de la ville et responsables du lieu qui nous ont dit qu'ils allaient fermer l’opéra ».

La police municipale était mobilisée sur place ainsi qu’aux abords de la place de la Comédie. Les toilettes du Grand Théâtre ont été fermées. L’accès à la cuisine a été interdit. Très vite, toute négociation semblait impossible.

« Nous avons reçu une invitation cordiale à quitter les lieux, sans violence et dans le calme. Nous avons été pris de court », confie Cerbère.

Pour Léa, intermittente et présente depuis le début de l’occupation, les lignes auraient bougé dans les rangs de la municipalité « en raison d’une pression de la part de l’opposition bordelaise et de la préfète ».

Mardi 23 Mars 2021, sur Twitter, Nicolas Florian avait appelé Pierre Hurmic « à prendre ses responsabilités pour prévenir d’éventuels débordements ». De son côté, la préfète, Fabienne Buccio, avait estimé que c’était au maire d’activer la procédure en vue d’une évacuation du Grand-Théâtre, condamnant au passage cette occupation avec la plus grande fermeté.

Mercredi 24 Mars 2021, la ville de Bordeaux a voulu accélérer les choses en informant les occupants de quitter les lieux, le plus tôt possible, explique le maire.

« Force est de constater que cette occupation ne s’inscrit plus dans la revendication nationale des acteurs culturels et que les occupants ne sont pas en mesure de garantir les conditions sanitaires et de sécurité initiales qui avaient été convenues avec la direction de l’Opéra », indique la municipalité, dans un communiqué de presse.

Dimitri Boutleux abonde, « la pression est devenue trop forte, c’est une question de sécurité. Nous portons le poids de la responsabilité si les choses se passent mal. Nous avons discuté de manière très pacifique avec les occupants durant une heure et demi, en leur expliquant pourquoi ils devaient partir. Nous nous attendions toutefois à une forme d’incompréhension ».

En parallèle et par mesure de protection, souligne l’édile, la direction de l’opéra a déposé une requête aux fins d’expulsion auprès du tribunal administratif de Bordeaux.

Surpris par cette opération, « on nous a envoyé aucun signe » estime Cerbère, la quarantaine d’occupants présents dans la nuit du Mardi 23 Mars au Mercredi 24 Mars 2021 n’ont pas eu le temps de se concerter. Une partie est directement sortie Mercredi 24 Mars 2021 en début de matinée. Des agents se sont postés devant les portes et ils ont empêché la moindre personne de rentrer. « Les portes sont fermées et toute sortie est définitive », informe l’adjoint chargé de la création et des expressions culturelles.

À l’intérieur, le reste de la troupe s’est retrouvé face une difficile équation durant la matinée du Mercredi 24 Mars 2021, que faire et quoi faire en présence d’un si faible nombre de personnes, une trentaine de personnes environ, coupés de l’extérieur ? Attendre simplement la décision de justice ordonnant l’évacuation ?

Mercredi 24 Mars 2021 en milieu de journée, alors que le maire de Bordeaux convoquait la presse à l’Hôtel de Ville, une assemblée générale des occupants du Grand-Théâtre s’est déroulée place de la Comédie, sur les lignes du tram, interrompant la circulation entre la station Quinconce et la station du Musée d’Aquitaine.

La température est légèrement montée au moment où plusieurs personnes ont tenté de s’introduire dans l’opéra. La police municipale a notamment fait usage de gaz lacrymogène, alors que la police nationale a poussé les derniers occupants vers l’extérieur. Tout s’est passé très rapidement.

Selon un communiqué de la ville, « l’évacuation s’est déroulée sans heurts majeurs ni blessé ». Surtout, la municipalité n’a pas eu besoin de mettre en exécution la décision de justice ordonnant la libération du Grand Théâtre qui aurait été rendue dans les prochains jours, informe Pierre Hurmic.

Mercredi 24 Mars 2021 dans l'après-midi, un dispositif de sécurité a toutefois été maintenu afin d’interdire toute nouvelle entrée dans le bâtiment.

Le maire s’est félicité que « les premières constatations des lieux, actuellement en cours, montrent que ce joyau patrimonial n’a pas été dégradé ». Si sa décision a reçu le satisfecit de son opposition de droite, celle à sa gauche a tiré à boulet rouge, « scandalisée par les raisons invoquées car il est évident que ce n’est ni à la mairie, ni à la préfecture de décider de l’orientation de luttes qui visent précisément à abattre un système mortifère mis en place par l'état et à réduire notre liberté d’expression ».

Dans un communiqué publié Mercredi 24 Mars 2021 en fin de journée, la réaction du groupe Bordeaux en Lutte est corrosive. Il apporte tout son soutien à toutes les personnes qui ont vu leur élan émancipateur freiné par cette évacuation qu'il condamne avec fermeté et il ajoute que « face à un système néo-libéral violent et méprisant, la désobéissance civile est une des réponses dont nous devons nous saisir pour renverser la table et retrouver la dignité dont on prétend nous priver définitivement ».

Cette déclaration ne va pas manquer de regonfler Cerbère, « dégoûté parce que l’art vivait dans l’opéra depuis trois-quatre jours, deux concerts et une lecture de contes avaient été organisés ». Le jeune homme espère que cette évacuation ne sonne pas comme la fin, « nous avons perdu l’occupation d’un lieu assez emblématique et symbolique. C’est dommage. Maintenant, nous avons besoin de nous remettre de nos esprits avant de décider de la suite tout ensemble ».

Depuis Mardi 23 Mars 2021, une nouvelle occupation se déroule à la Rock School Barbey. Elle est chapeautée par la Coordination des Intermittents et Précaires (CIP) de la Gironde qui s’était désolidarisée de l’occupation de l’Opéra. Les occupants ont fait savoir qu’ils continuent la lutte initiée par le Théâtre de l’Odéon et qu'ils partagent le communiqué des occupants du Théâtre Graslin à Nantes « qui traduit parfaitement tant par la forme que par le fond nos revendications. Dans cette lutte, c’est bien d’un choix de société qu’il s’agit. L’écho des occupations est énorme sans que soit encore bien compris le terreau de cette lutte et ses ambitions ».

Les sept revendications exposées insistent sur une occupation partagée avec l’ensemble des professionnels de la culture, artistes, techniciens du spectacle, auteurs, salariés d’associations culturelles et étudiants en formation culturelle.

Ils demandent « la réouverture des espaces de rencontres artistiques avec le public, des mesures d’urgence pour soutenir les caisses sociales spécifiques du spectacle, l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage, des moyens et des mesures pour la jeunesse qui se retrouve dans une grande précarité ».

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