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31 octobre 2021 7 31 /10 /octobre /2021 16:11

 

 

https://www.revolutionpermanente.fr/A-Lyon-une-politique-penale-du-deux-poids-deux-mesures-tribune-de-soutien-aux-militants

 

A Lyon, une politique pénale de deux poids et de deux mesures, tribune de soutien aux militants antifascistes

Depuis le 23 septembre 2021, sept militants antifascistes lyonnais sont poursuivis par le parquet et quatre d'entre eux sont incarcérés. Face à la gravité de cette offensive judiciaire et à quelques jours de leur procès, nous relayons une tribune de solidarité avec les militants antifascistes. Exigeons leur relaxe.

Les poursuites contre sept militants antifascistes lyonnais suite à une altercation avec des militants d’extrême-droite de Civitas est le symbole d’une justice de classe au service de la répression de nos luttes. Nous relayons cette tribune de soutien aux militants, signée par de nombreuses figures et publiée initialement sur Mediapart. Un rassemblement de soutien aura lieu Jeudi 4 Novembre 2021 à 14 heures contre leur procès devant le Tribunal Judiciaire de Lyon.

Depuis le 23 septembre 2021, sept militants antifascistes lyonnais sont poursuivis par le parquet de Lyon pour une altercation avec des membres du groupe Civitas. Cette organisation catholique intégriste combat notamment le droit à l’avortement et elle s’inscrit dans la galaxie de l'extrême droite française qui prend part aux marches contre le passeport sanitaire pour y diffuser des discours antisémites et de haine. C’est lors d’une de ces manifestations, le 28 août 2021, que l’altercation a eu lieu.

Le parquet, requérant le placement en détention provisoire de l’ensemble des sept militants antifascistes, a obtenu du Juge des Libertés et de la Détention (JLD) l’incarcération de quatre d’entre eux immédiatement après leur garde à vue, les trois autres étant soumis à un strict contrôle judiciaire.

Dans le cadre de cette affaire, il nous paraît important de souligner plusieurs points.

Le parquet s’est autosaisi de ces faits et il a mené une procédure entièrement à charge contre les militants antifascistes, alors même qu’aucune plainte des supposées victimes n'a été enregistrée et qu'aucune Incapacité Temporaire de Travail (ITT) n'a été constatée. Les militants de Civitas n’ont été ni convoqués, ni auditionnés, pour s’expliquer sur les faits de violence. Par contre, la police les a bien contactés, sans que l’on puisse comprendre les liens entre les enquêteurs et Civitas, ni même qui a été contacté. Le parquet de Lyon, pourtant soumis au principe d’impartialité et devant veiller à ce que les investigations soient menées à charge et à décharge, apparaît n’orienter les services d’enquête que dans un sens.

Les interpellations sont intervenues après trois semaines d’enquête et elles ont été suivies par des gardes à vue de quarante-huit heures. Au terme de ces délais, le parquet a utilisé le retard des services de police dans l’exploitation des données téléphoniques pour saisir le tribunal selon la procédure de comparution immédiate à délai différé. L’utilisation de cette procédure, dont la création récente a largement été analysée comme visant à faciliter l’incarcération, relève d’une volonté répressive explicite et elle a permis de balayer les observations des avocats des personnes mises en cause.

Le parquet s’engage ainsi dans le choix politique d’apporter la réponse forte et répressive de la comparution immédiate, sans présenter un dossier d’enquête complet permettant à un juge de se prononcer au fond, aux dépens de la liberté des personnes mises en cause.

Le traitement judiciaire de cette affaire illustre une politique pénale du parquet de Lyon particulière dans ce type d’affaires. Il accumule les poursuites contre des militants antifascistes, tout en brillant par son absence dans le traitement des violences commises par l'extrême droite à Lyon, pourtant nombreuses et documentées.

Les nombreux groupes néo-fascistes de Lyon forment une véritable nébuleuse et ils disposent de locaux ayant pignon sur rue. Au cours des dernières années, ces militants tentent d’imposer un véritable climat de terreur sur la ville.

Lors de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) le 14 juillet 2019, ils ont agressé des supporters algériens aux cris de « sales bougnoules ».

Le 28 juin 2021, en marge du match de football entre l’équipe de France et l’équipe de Suisse, ils ont agressé de jeunes supporters de l’équipe de France, pas assez blancs à leur goût, utilisant une arme blanche contre un jeune, qui devra se faire recoudre une lèvre. Lors de ce dernier événement, des militants d’extrême-droite ont été filmés et reconnus par de nombreux témoins. Pourtant, la préfecture démentira le caractère raciste de l’agression et qualifiera l’événement de bagarre entre supporters.

Le 12 décembre 2020, deux militants syndicalistes qui participaient à une collecte de jouets ont été passés à tabac par ces mêmes personnages devant la librairie de la Plume Noire, dans les pentes de la Croix-Rousse.

Le 20 mars 2021, une quarantaine de militants d’extrême droite ont attaqué cette même librairie, ils ont brisé ses vitrines puis ils ont traversé plusieurs quartiers de la ville avec des barres de fer, cagoulés et sans être inquiétés. Le groupe Ouest Casual a diffusé avec fierté les vidéos de ces violences au mois de septembre 2021. Mais cela ne semble pas attirer l’attention du parquet.

Lors de la marche des fiertés lesbiennes du 24 avril 2021, une quarantaine de néo-fascistes ont tenté d’attaquer, sans succès, la manifestation. Le 29 septembre 2021, des militants d’un groupe antifasciste, la Jeune Garde, ont été agressés dans la gare de Perrache par des individus armés de cutters et de barres de fer, à la sortie d’une conférence contre l'extrême droite.

Cette liste n’est malheureusement pas exhaustive. Elle ne détaille pas l’ensemble des bris de verre et des tags menaçants contre des locaux d’organisations de gauche et de syndicats comme le Parti Communiste Français (PCF), la Confédération Nationale du Travail (CNT) ou la Confédération Générale du Travail (CGT), visés a de nombreuses reprises. La radio libertaire Radio Canut a ainsi subi trois attaques de l'extrême droite au cours de la seule année 2017.

Comment expliquer l’absence de poursuites suite à ces violences multiples de la part de l'extrême droite lyonnaise, documentées, filmées et revendiquées ? Comment expliquer que trois militants antifascistes dorment en prison pour une altercation n’ayant pas entraîné d’ITT, dont tous les protagonistes n’ont pas été entendus, alors que des agressions à l’arme blanche restent impunies ? Comment expliquer que des groupes dissous par décision gouvernementale, comme Bastion Social et Génération identitaire, puissent encore se réunir et disposer de salles ayant pignon sur rue  

Le parquet de Lyon semble engagé dans une politique de deux poids et de deux mesures qui conforte l’impunité des militants d'extrême droite.

Nous dénonçons les orientations politiques du parquet de Lyon dans ce type d’affaires et nous nous questionnons quant à la mise en œuvre de procédures gravement attentatoires aux libertés dans le cadre de la procédure initiée le 28 août 2021.

Nous demandons la relaxe des sept militants antifascistes et la liberté pour les trois militants encore en détention provisoire et nous nous tiendrons à leurs côtés à leur procès du Jeudi 4 Novembre 2021.

Premiers signataires

Arié Alimi, Ludivine Bantigny, Miguel Benassayag, Geneviève Bernanos, Saïd Bouamama, Taha Bouhafs, Vincent Brengarth, Philippe Corcuff, Adrien Cornet, Sonia Dayan Herzbrun, Laurence de Cock, Virginie Despentes, David Dufresne, Eric Fassin, Isabelle Garo, Franck Gaudichaud, Samuel Hayat, Odile Hélier, Cédric Herrou, Tomas Ibanez, Anasse Kazib, Raphaël Kempf, Pia Klemp, Michel Kokoreff, Stathis Kouvelakis, Geneviève Legay, Frédéric Lordon, Ugo Palheta, Aïnoha Pascual, Willy Pelletier, Serge Quadruppani, Mathieu Rigouste, Alessandro Stella, Julien Talpin, Enzo Traverso, Françoise Vergès, Christiane Vollaire, Yannis Youlountas

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