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1 novembre 2021 1 01 /11 /novembre /2021 16:18

 

 

https://confpeps.org/ledito-de-peps-la-planete-brule-et-la-societe-aussi-signez-lappel-pour-un-reseau-eco-syndicaliste/

 

La planète brûle et la société aussi

Signez l’appel pour un réseau éco-syndicaliste

Jeudi 28 Octobre 2021

Pour son éditorial de la semaine, Pour une Ecologie Populaire et Sociale (PEPS) relaie l'appel pour un réseau éco-syndicaliste. En effet, pour les militants de l’écologie populaire que nous sommes, l’éco-syndicalisme est un axe fondamental pour lier les questions de justice sociale et de justice écologique et pour proposer des outils pour la justice environnementale, la santé des salariés et les mobilisations sociales écologiques dans le monde du travail, à l’image des luttes soutenues et relayées par PEPS, les travailleurs des déchets confrontés aux pollutions et aux conditions de travail indignes, les salariés des grandes industries Seveso, AZF, Lubrizol et Sollac, touchés par l’amiante ou les accidents industriels, ou les travailleurs de l’énergie comme à Total Grandpuits.

Chaque jour les effets du dérèglement climatique sont de plus en plus visibles notamment avec la multiplication des catastrophes environnementales. Ils s’ajoutent à l’épuisement progressif des ressources naturelles, aux pollutions de toutes natures, à l’affaiblissement de la biodiversité et à la dénaturation des équilibres au sein des écosystèmes. L’humanité qui a longtemps pensé pouvoir régenter ces équilibres soumet les conditions de la vie sur la planète à des dégradations irréversibles, aux effets désastreux, y compris favorables à l’épidémie de coronavirus et à ses conséquences sanitaires, sociales et économiques.

Une telle situation n’a rien d’une fatalité liée à une nature humaine intrinsèquement destructrice. Elle résulte en grande partie du modèle de production, d’industrialisation, de financiarisation et de mondialisation capitaliste. Une poignée de possédants ou de trusts s’approprient de plus en plus de moyens de production et d’échange, ils les délocalisent, ils s’accaparent sans limites ni contrôle des énergies fossiles et nucléaires, ils pillent et ils gâchent les ressources naturelles.

Ils continuent d’opposer à la dénonciation des crises structurelles du capitalisme, le mythe du progrès, comme croissance infinie des productions et des technosciences, en fonction du profit maximal attendu au lieu de leur utilité sociale et écologique. Cette course aux profits passe par l’oppression des peuples autochtones et de leur mode de vie, par la régression sociale, par l’exploitation de plus en plus violente des travailleurs condamnés à perdre leur vie à mal la gagner et réduits à une consommation de masse dictée par les médias et les pouvoirs au service des multinationales.

Des résistances à ce système productiviste et extractiviste se développent, luttes populaires pour la préservation des terres et des forêts, mouvements pour la justice environnementale, Zones A Défendre (ZAD), Jardins A Défendre (JAD), lutte éco-féministes et Gilets Jaunes.

Ces mobilisations impliquent souvent les plus exploités et dominés, qui subissent le plus la dégradation environnementale, peuples des pays pauvres, jeunes, précaires, femmes et populations racisées subissant les séquelles du colonialisme et du racisme. Elles se fondent aussi sur l’auto-organisation des opprimés, montrant leur potentiel émancipateur et défiant des pouvoirs en place de plus en plus autoritaires, comme la cinquième république en France.

La politique de plus en plus brutale et cynique des gouvernements capitalistes ne peut s’imposer que par le recours à des méthodes de plus en plus répressives. Mais si ces mobilisations permettent localement de préserver et se réapproprier le cadre de vie et si elles commencent à se coordonner, elles ne permettent pas à elles seules de s’attaquer au cœur économique du système et elles font encore trop souvent abstraction des problématiques sociales.

Le syndicalisme est plus ancré sur les lieux de travail. Depuis ses origines il pose la question de l’expropriation des grands groupes capitalistes et de la gestion démocratique de la production par la population, par les assemblées de travailleurs, pour produire de façon organisée, rationnelle et planifiée en fonction des seuls besoins populaires et de l’économie de la ressource. Les grandes luttes syndicales et les épisodes révolutionnaires, comme la Commune de Paris, ont permis d’indéniables avancées. Mais le syndicalisme aussi connaît des difficultés. Il s’est en partie intégré à l’ordre social, il s’est bureaucratisé et beaucoup de ses responsables ont renoncé à transformer en profondeur la société.

C’est dans les entreprises que nous devons affronter les conséquences du productivisme, amiante, pollution chimique, air pollué, ondes électromagnétiques et énergie nucléaire.

Ce sont d’abord les ouvriers qui meurent des cancers professionnels liés aux produits chimiques. Pourtant même quand il n’élude pas délibérément les évolutions rendues indispensables par les urgences écologiques, dans le nucléaire, la chimie et les transports, le syndicalisme a du mal à intégrer les réponses environnementales dans ses revendications. Il a aussi largement perdu le contact avec les travailleurs les plus pauvres et les plus précaires. Pour autant, lui aussi est traversé par des évolutions encourageantes, comme par exemple l’apparition régulière de structures d’auto-organisation des luttes et d’assemblées générales de base souveraines qui se coordonnent et qui organisent la solidarité collective. Les exemples abondent dans les mobilisations de ces dernières années, jusqu’à l’apparition de grèves dans des entreprises employant massivement des jeunes, des précaires et des femmes, comme par exemple les luttes d’Ibis Batignolles, de Chronodrive, du nettoyage à Jussieu et des travailleurs saisonniers.

Ces mouvements sur la fin du monde et la fin du mois seront de plus en plus appelés à converger dans une même lutte anticapitaliste. Ils sont porteurs d’une même remise en cause  de la société et d’une même exigence de réponses à la crise écologique et ils concernent en premier lieu les mêmes secteurs de la population, le monde du travail, et en particulier ses parties les plus fragilisées dans le système actuel, les chômeurs, les précaires, les intérimaires, les exilés, les jeunes et les femmes, qui ont le même refus du repli sur les comportements individuels, des manœuvres de récupération de prétendants au pouvoir ou de toute réponse technocratique et institutionnelle qui se situerait dans le cadre du système, capitalisme vert, green washing et croissance verte.

Pour favoriser ces convergences, nous appelons à constituer un réseau éco-syndicaliste, pas pour fonder une nouvelle structure, mais au contraire pour irriguer de nos réflexions et de nos expériences les organisations existantes. Nous souhaitons, par-delà nos différences et nos divergences, dans le respect de notre diversité et sans hégémonisme, pouvoir confronter nos expériences et pratiques militantes et élaborer des réponses, selon les axes ci-dessous, qui peuvent être précisés ou complétés.

En commençant par soutenir et faire connaître les expériences de convergences existantes, fondées sur l’auto-organisation, comme récemment, à la raffinerie de Grandpuits, la lutte syndicale pour l’emploi dirigée par une assemblée générale de travailleurs en grève reconductible, rejointe par des associations écologistes, pour porter un projet écologique et social opposé à celui de Total.

En ayant l’objectif de faire converger le plus possible les mobilisations éco-syndicalistes, mais aussi les luttes éco-féministes, des jeunes, des associations pour le climat, des travailleurs qui reprennent en autogestion leur outil de travail et du mouvement coopératif.

En explorant avec les travailleurs, les syndicats concernés, les associations de défense de l’environnement et les usagers, les débouchés éco-syndicalistes des luttes des secteurs directement impactés par les questions écologiques. Il en est ainsi des centaines de milliers de travailleurs des déchets, du nettoyage, du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP), des usines Seveso, de l’énergie, de l’agro-alimentaire et des transports.

En faisant soutenir et étendre ces mobilisations par les syndicats et les associations qui n’en sont pas encore partie prenante, en veillant à ce que les déclarations d’intention, comme plus jamais cela, impliquent un travail de convergence dès le niveau local, avec les habitants, sur des objectifs précis.

En osant débattre de nos différences sur le nucléaire, la croissance, la reconversion écologique, la taxe carbone, les nouvelles formes de luttes issues de la désobéissance civile, le revenu garanti, le protectionnisme et les normes sociales et environnementales à imposer, sans préalables, mais avec la volonté de trouver des solutions nouvelles et adaptées à la crise du productivisme et de l’état providence. Nous devons nous saisir de ces perspectives pour en finir avec la culture productiviste.

En rendant accessibles et en popularisant des outils pour promouvoir l’éco-syndicalisme, comme les diagnostics d’impact environnemental et des outils de formation, modules, podcasts et stages, à la réalisation desquels seront associés des travailleurs de l’éducation populaire, de l’éducation nationale, des associations de défense de l’environnement et du mouvement coopératif et mutualiste.

Premier signataires :

Ludivine Bantigny, Patrick Farbiaz, Marjorie Keters, Daniel Lartichaux-Ullmann, Stéphane Lavignotte, Gilles Martinet, Frank Mintz, Christine Poupin, Olivier Vinay

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