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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 09:25

 

 

https://actualitte.com/article/103955/droit-justice/egypte-cinq-ans-de-prison-pour-alaa-abdel-fattah-figure-revolutionnaire

 

Cinq ans de prison pour Alaa Abdel Fattah, figure de la révolution égyptienne

Depuis le mois de septembre 2019, Alaa Abdel Fattah se trouve en détention provisoire dans une prison de haute sécurité égyptienne. Notamment accusé d’avoir rejoint une organisation illégale, ou encore de propagation de fake news et d'abus sur les réseaux sociaux, ce blogueur, informaticien et militant de gauche, a subi sept ans de mesures punitives. Lundi 20 Décembre 2021, Alaa Abdel Fattah a été condamné à cinq ans de prison ferme, tout comme deux autres accusés.

Âgé de quarante ans, Alaa Abdel Fattah est devenu une icône de la révolution égyptienne de 2011. Lundi 20 Décembre 2021, il a été déféré devant la cour de sûreté de l'état pour délit d'urgence avec l'éminent avocat des droits humains Mohamed al-Baqer et le blogueur Mohamed Oxygen Ibrahim, quelques jours avant que le président n'annonce la fin de l'état d'urgence dans le pays. Aucune procédure d’appel n’est possible.

Avant son arrestation en 2019, Alaa Abdel Fattah avait passé une longue période dans des conditions de probation stricte, suite à une première peine, celle-ci, de cinq ans, de 2014 à 2019, s’expliquait par une infraction de la loi sur les manifestations. Le 3 juillet 2013, il avait participé à une manifestation non autorisée, quelque temps après le coup d'état militaire du général Abdel Fatah al-Sissi.

Au moment de son arrestation le 29 septembre 2019, le blogueur et son avocat Mohamed al Baqer, du Centre Adalah pour les droits et les libertés, avaient été soumis à des défilés de bienvenue. Cette méthode de torture consiste à obliger les nouveaux prisonniers à ramper entre deux lignes de policiers, de façon à les maltraiter physiquement et psychologiquement. Au total, le militant aurait ainsi passé environ les deux tiers des dix dernières années en prison.

Laila Soueif, mathématicienne et activiste, mère du militant politique Alaa Abdel Fattah, s’est exprimée dans une tribune publiée dans le New York Times, Vendredi 17 Décembre 2021, « son crime, comme de millions de jeunes en Égypte et ailleurs, est d’avoir cru qu’un autre monde pouvait advenir et d'avoir fait en sorte que cela soit le cas ».

Malgré le récent déni des violations des droits humains par le président Abdel Fattah al Sissi, la persécution incessante d'Alaa Abdel Fattah, ainsi que des membres de sa famille, démontre une relation de l'état envers la liberté d’expression des plus ambigües. En particulier avec, à ce jour, plus de soixante mille détenus d'opinion au compteur du pays, rappelle l'Agence France Presse (AFP). En effet, ces verdicts particulièrement sévères illustrent l'utilisation draconienne par l'Égypte d'un système judiciaire défectueux, afin d’étouffer toute forme de contre-expression.

Le Pen International a annoncé estimer que les condamnations d'Alaa Abdel Fattah, de Mohamed al-Baqer et de Mohamed Oxygen Ibrahim, font suite à un procès inéquitable devant un tribunal d'exception et qu’elles constituent des actes de représailles pour leur pratique légitime du droit à la liberté d'expression, appelant ainsi les autorités égyptiennes à annuler les condamnations, à abandonner toutes les charges retenues contre eux et à les libérer immédiatement et sans condition.

Répondant à la condamnation, Ma Thida, président du comité des écrivains en prison du Pen International, a déclaré que « personne ne devrait être emprisonné pour avoir partagé un message ou tweeté sur des violations des droits humains. Le verdict d'aujourd'hui illustre la répression impitoyable des autorités égyptiennes contre la liberté d'expression, visant à punir, intimider et réduire au silence les voix indépendantes. Alaa Abdel Fattah, Mohamed al Baqer et Mohamed Oxygen Ibrahim doivent tous être libérés et toutes les charges retenues contre eux doivent être abandonnées ».

Selon la famille d’Alaa Abdel Fattah, les autorités pénitentiaires lui ont refusé l'accès aux livres et aux journaux pendant près de deux ans. De la même manière, il lui est formellement interdit de quitter sa cellule, l’empêchant de pratiquer une quelconque activité physique, des mesures extra-punitives, qui ont sans aucun doute un réel impact sur la santé physique et mentale du militant.

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