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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 16:01

 

 

https://www.amnesty.fr/personnes/ramy-shaath

 

Ramy Shaath est enfin libre

Samedi 8 Janvier 2022

Ramy Shaath est un militant égyptien-palestinien. Il fait campagne pour amener Israël à rendre des comptes pour les violations des droits humains et autres violations du droit international, en usant de moyens non violents pour y parvenir. Dans le cadre de ses activités militantes, Ramy Shaath sensibilise le public aux droits des palestiniens et il dénonce dans les médias l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Par son action, Ramy Shaath s’efforce également de réaffirmer le droit des égyptiens de pouvoir s’exprimer librement et de participer aux affaires publiques sans craindre la répression des autorités.

Joie intense et soulagement immense après deux ans et demi de mobilisation, Ramy Shaath est arrivé en France et il a enfin retrouvé sa femme Céline Lebrun Shaath et ses proches après plus de neuf cent jours de séparation. Un immense merci à toutes les personnes qui se sont mobilisées dans relâche pour la libération, cette victoire, nous vous la devons.

Ramy Shaath est né à Beyrouth en 1971. Il est le fils de Safaa Zeitoun, une militante égyptienne originaire d’Alexandrie, et de Nabil Shaath, ancien conseiller de Gamal Abdel Nasser et ancien ministre palestinien des affaires étrangères. Au cours des années 1990, Ramy Shaath a lui-même été conseiller politique du président palestinien Yasser Arafat avant de se retirer de la scène politique palestinienne devant les déceptions des accords d’Oslo.

Au mois de novembre 2010, après des élections parlementaires égyptiennes, décriées par nombre d’observateurs internationaux pour qui le scrutin avait été entaché de violences et d’irrégularités, Ramy Shaath rejoint la coalition de militants égyptiens qui s’organise et il appelle deux mois plus tard au soulèvement populaire pacifique pour la démocratie du mois de janvier 2011. Au lendemain du départ d'Hosni Moubarak et au cours des années suivantes, il contribue à la création d'un ensemble de mouvements et de coalitions qui jouent un rôle crucial dans la transition démocratique du pays, comme le Destour, dont il exerce les fonctions de secrétaire général par intérim jusqu’à son établissement officiel.

En 2013, et en dépit de son opposition aux politiques menées par le gouvernement des Frères Musulmans, il refuse de participer aux manifestations du 30 juin 2013 contre le président Mohammed Morsi craignant une intervention de l’armée, ce qui arrivera le 3 juillet 2013. Il participe alors au mois de septembre 2013 à la création de la coalition du Front de la Révolution, dernière tentative de rassembler les forces progressistes pour défendre les libertés acquises en 2011. Mais celle-ci échouera. Dès le mois de novembre 2013, les manifestations de l’opposition sont interdites et réprimées. Des dizaines de milliers de manifestants et de militants sont arrêtés.

Au mois de juillet 2014, alors que l’armée israélienne bombarde intensivement Gaza pendant plusieurs semaines, Ramy Shaath organise un convoi humanitaire. A partir de ce moment-là, face à la fermeture de la scène politique égyptienne, Ramy Shaath décide de dédier son action politique pour développer et renforcer l’expression de la solidarité égyptienne avec le peuple palestinien. C'est une autre façon aussi pour lui de concilier ces deux identités, égyptienne et palestinienne, et son combat pour la liberté, la justice et la dignité, dans ses deux pays.

En 2015, il participe à la fondation du mouvement pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) en Egypte, qui appelle à exercer un boycott et diverses pressions économiques, académiques, culturelles et politiques, contre Israël, afin d'aboutir à la réalisation de trois objectifs, la fin de l'occupation et de la colonisation des terres palestiniennes, l'égalité complète pour les citoyens arabo-palestiniens d’Israël et le respect du droit au retour des réfugiés palestiniens.

Au mois de juin 2019, Ramy Shaath participe à de nombreux événements publics et il donne à la presse des interviews dans lesquelles il exprime sa vive opposition au plan américain visant à résoudre le conflit israélo-palestinien, baptisé deal du siècle, et à la participation de l’Égypte à la conférence de Manama du 25 juin et du 26 juin 2019, consacrée à des discussions sur ce plan. Le 5 juillet 2019, Ramy Shaath est arrêté à son domicile au Caire. Son épouse, présente lors de son arrestation, est expulsée arbitrairement d’Egypte où elle réside légalement depuis plus de sept ans. Ramy Shaath disparaît alors pendant trente-six heures, avant de réapparaître devant le procureur de la sûreté de l'état.

A la fin du mois d'août 2019, quelques jours après l’annonce publique de son arrestation par sa famille et le lancement d’une campagne pour sa libération, certaines plates formes gouvernementales lancent une campagne de calomnies contre Ramy Shaath, visant à nier sa nationalité égyptienne et à l’accuser de conspirer avec les Frères Musulmans pour renverser le régime.

Les autorités égyptiennes harcèlent Ramy Shaath depuis de nombreuses années en raison de son identité palestinienne et de son militantisme politique. Il est écarté du service militaire obligatoire pour raison sécuritaire. Jusqu’en 2012, il est contraint de renouveler son passeport égyptien tous les ans, contrairement à la règle qui autorise les égyptiens à un passeport de sept ans.

Au mois de février 2012, sous le gouvernement transitoire du Conseil Suprême des Forces Armées, il est interdit de quitter le territoire avec d’autres militants de l’opposition suite à la publication sur les réseaux sociaux d’enregistrements fabriqués visant à les accuser de vouloir déstabiliser le pays. Au mois de mars 2012, le caractère fabriqué des enregistrements est prouvé et l’interdiction est levée, mais le ministère égyptien de l'intérieur refuse de renouveler son passeport, affirmant qu'il n’est pas égyptien et tentant ainsi de le priver de sa nationalité égyptienne. Ramy Shaath a poursuivi le ministère de l'intérieur et il a obtenu gain de cause en 2013 devant le tribunal administratif du Caire, mais le ministère a fait appel de la décision. L'appel est toujours pendant.

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