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4 décembre 2022 7 04 /12 /décembre /2022 16:05

 

 

https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/iran-abolition-police-moeurs-voile-mahsa-amini-manifestations-religion

 

Dissolution de la police des mœurs en Iran, une manœuvre pour calmer les manifestants

Alors que l’Iran attend cette semaine de nouvelles journées de mobilisation contre le pouvoir, un haut responsable de la justice a annoncé l’abolition de la très controversée police des mœurs.

Le procureur général iranien, Mohammad Jafar Montazeri, cité par l’agence de presse Islamic Republic News Agency (IRNA), a annoncé, Dimanche 4 Décembre 2022, l’abolition de la police des mœurs à l’origine de l’arrestation de la jeune Mahsa Amini, dont la mort en détention a provoqué une vague de contestation en Iran qui perdure depuis près de trois mois.

Cette annonce, considérée comme un geste envers les manifestants, est intervenue après la décision Samedi 3 Décembre 2022 des autorités de réviser une loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran, imposé quatre ans après la révolution islamique de 1979.

C’est la police des mœurs qui avait arrêté Mardi 13 Septembre 2022 Mahsa Amini, une kurde iranienne de vingt-deux ans, à Téhéran en l’accusant de ne pas respecter le code vestimentaire strict de la République Islamique, qui impose aux femmes le port du voile en public.  

Sa mort a été annoncée trois jours plus tard, Vendredi 16 Septembre 2022. Selon des militants et sa famille, Mahsa Amini a succombé après avoir été battue, mais les autorités ont lié son décès à des problèmes de santé, démentis par ses parents. 

Sa mort a déclenché une vague de manifestations durant lesquelles des femmes, fer de lance de la contestation, ont enlevé et brûlé leur foulard, en criant « femme, vie, liberté ». 

« La police des mœurs n’a rien à voir avec le système judiciaire et a été abolie par ceux qui l’ont créée », a déclaré Mohammad Jafar Montazeri.

Cette police, connue sous le nom de Gasht e Ershad, a été créée sous le président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad, pour répandre la culture de la décence. Elle est formée d’hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir, qui couvre la tête et le haut du corps. Elle a commencé ses premières patrouilles en 2006.

Le rôle de la police des mœurs a évolué au fil des années, mais il a toujours divisé, même parmi les candidats aux élections présidentielles. 

Sous le mandat du président modéré Hassan Rohani, on pouvait croiser des femmes en jeans serrés portant des voiles colorés. 

Au mois de juillet 2022, son successeur, l’ultra-conservateur Ebrahim Raïssi, a appelé à la mobilisation de toutes les institutions pour renforcer la loi pour le voile, déclarant que « les ennemis de l’Iran et de l’islam veulent saper les valeurs culturelles et religieuses de la société en répandant la corruption ». 

Samedi 3 Décembre 2022, il a déclaré que « les fondations républicaines et islamiques de l’Iran sont constitutionnellement établies, mais il existe des méthodes de mise en œuvre de la constitution qui peuvent être flexibles ».

Mohammad Jafar Montazeri a annoncé le même jour que le parlement et le pouvoir judiciaire travaillaient sur la question du port du voile obligatoire, sans préciser ce qui pourrait être modifié dans la loi.

Selon le correspondant de Radio France Internationale (RFI) à Téhéran, Siavosh Ghazi, qui cite un député iranien, la police pourrait cesser toute arrestation et elle pourrait mettre en place des amendes pour non-respect du voile, « de fait, ces dernières semaines, il y a de plus en plus d’iraniennes, en particulier des jeunes, non voilées, sans que les forces de l’ordre interviennent. Certaines femmes se promènent dans la rue en pantalon et avec une simple veste, sans même avoir sur elles un simple foulard au cas où la police leur ferait des remarques. Cette décision a été prise pour apaiser les esprits. Ces derniers temps, les membres de la police des mœurs ont disparu des rues de la capitale. Il y a beaucoup de femmes ou de jeunes filles sans voile, sans même porter un voile de précaution sur les épaules comme elles le faisaient auparavant ».

Cela va-t-il suffire ? Les slogans des manifestants ces dernières semaines sont des slogans politiques contre les dirigeants iraniens et, malgré la répression qui a fait des centaines de morts, le mouvement de contestation se poursuit. 

La question du voile obligatoire est une question ultra-sensible en Iran, sur laquelle s’affrontent deux camps, le camp des conservateurs qui s’arc-boutent sur la loi de 1983 et le camp des progressistes qui veulent laisser aux femmes le droit de choisir de le porter ou de ne pas le porter.

Selon la loi en vigueur depuis 1983, les femmes iraniennes et étrangères, quelle que soit leur religion, doivent porter un voile et un vêtement ample en public.

Depuis la mort de Mahsa Amini et les manifestations qui ont suivi, un nombre grandissant de femmes se découvrent la tête, notamment dans le nord de Téhéran.

Le 24 septembre 2022, soit une semaine après le début des manifestations, le principal parti réformateur d’Iran a exhorté l’état à annuler l’obligation du port du voile.

Le gouvernement iranien, qui dit que les manifestations sont des émeutes, accuse notamment des forces étrangères d’être derrière ce mouvement pour déstabiliser le pays.

Selon un dernier bilan fourni par le général iranien Amirali Hajizadeh, du corps des Gardiens de la Révolution, il y a eu plus de trois cent morts dans les manifestations depuis Vendredi 16 Septembre 2022.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux iraniens appellent à rester prudents face à l’annonce de la dissolution de la police des mœurs.

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