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22 mars 2023 3 22 /03 /mars /2023 18:49

 

 

https://www.syndicat-magistrature.fr/notre-action/defense-des-libertes/atteintes-a-l-action-syndicale-et-au-mouvement-social/2571-l-autorite-judiciaire-n-est-pas-au-service-de-la-repression-du-mouvement-social.html

 

L'autorité judiciaire n'est pas au service de la répression du mouvement social

Atteintes à l'action syndicale et au mouvement social     

Lundi 20 Mars 2023

Les images de la répression policière des manifestations dénonçant l’utilisation de l’article quarante-neuf dans le cadre de l’examen d’une réforme qui a suscité une très forte mobilisation depuis plusieurs semaines sont choquantes.

Nous avons vu des scènes indignes d’une démocratie, des policiers exerçant des violences illégitimes contre des manifestants et des médecins de rue, des interpellations collectives de manifestants enjoints de s’assoir par dizaines à terre, mains sur la tête, et des journalistes faisant leur métier menacés ou brutalisés.

Derrière ces images terrifiantes, il y a les décisions qui les sous-tendent et les mécanismes institutionnels à l’œuvre, des directives données par le ministre de l’intérieur à tous les préfets de France et des forces de sécurité intérieure sommées de réprimer les manifestations qui s’organisent dans de nombreuses villes pour exprimer la colère sociale contre le déni de démocratie. Le gouvernement continue de mépriser le mouvement social et la violence ne fait que croître.

Des centaines d’interpellations et de mesures de garde à vue ont été décidées depuis Jeudi 16 Mars 2023. La très grande majorité de ces mesures n’a reçu aucune suite judiciaire. A Paris, après la manifestation du Jeudi 16 Mars 2023 Place de la Concorde, sur deux cent quatre-vingt-douze Gardes A Vue (GAV) de manifestants, seules neuf d’entre elles ont donné lieu à des poursuites pénales.

Nous ne devons pas nous satisfaire de cette présentation de façade d’une autorité judiciaire assumant son rôle en ne donnant pas suite à des mesures policières infondées. Ces chiffres montrent que les forces de sécurité intérieure utilisent très abusivement les GAV, déclinaison concrète d’une volonté politique de museler la contestation en brisant les manifestations en cours et en dissuadant par la peur les manifestations futures.

Que peut l’autorité judiciaire face à cette violence d’état ? Comment incarner l’institution constitutionnellement gardienne de la liberté individuelle et donc chargée de contrôler les mesures privatives de liberté et de mettre un terme à celles qui seraient infondées ?

Jouer pleinement notre rôle doit nous conduire à refuser le détournement de la procédure pénale au profit du maintien de l’ordre et à refuser de donner un vernis judiciaire à des opérations de police qui ne sont plus au service de la protection de la population mais de sa répression. Notre place n’est pas dans les salles de commandement car en nous associant aux autorités de police en amont de la réponse judiciaire, nous contribuons à la pénalisation du mouvement social et nous nous privons de notre capacité de contrôle en aval.

Notre place n’est pas au côté des préfets pour préparer la répression des manifestants mais de protéger les justiciables dans l’exercice de leur citoyenneté. Notre contrôle de toutes les procédures initiées lors des manifestations doit être exigeant et minutieux.

Apprenons de nos expériences passées, l’indignation ne suffit pas. Il est aujourd’hui évident que, lors du mouvement des Gilets Jaunes, l’institution judiciaire s’est mise au service d’une répression violente du mouvement social. Le rôle de l’autorité judiciaire est de garantir les droits et les libertés individuelles. Nous devons donc les protéger dans l’exercice de droits essentiels à la démocratie, de la liberté d’expression et de manifestation.

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