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28 avril 2024 7 28 /04 /avril /2024 15:00

 

 

https://www.geo.fr/geopolitique/prive-de-ses-clients-occidentaux-le-gaz-russe-mise-sur-la-chine-et-c-est-un-echec-pour-l-instant-219927

 

Privé de ses clients occidentaux, le gaz russe mise sur la Chine et c'est un échec pour l’instant

Jeudi 25 Avril 2024

L'invasion russe en Ukraine a marqué un coup d'arrêt aux importations européennes de gaz russe, une perte que Moscou tente de compenser en se tournant vers Pékin, mais la manne chinoise n'est pas à la hauteur des revenus tirés de l'Europe autrefois.

Le fracas de l’invasion russe en Ukraine n’a pas tardé à laisser émerger la question de la sécurité énergétique en Europe, alors que le gaz russe dominait largement le marché des importations. Force est de constater que sur le papier l’Union Européenne a plutôt bien relevé le défi. Entre 2021 et 2023, la part russe dans les importations de gaz sur le vieux continent est passée de quarante pour cent à huit pour cent, selon les chiffres de la Commission Européenne.

Cet effort colossal continue de donner de sacrées sueurs froides aux leaders occidentaux craignant des coupures massives l’hiver, mais il pénalise également la Russie, et le joyau de son économie, Gazprom. Les revenus russes liés au gaz ont diminué de quarante-cinq pour cent entre les cinq premiers mois de 2022 et les cinq premiers mois de 2023, analyse Eurostat, un bilan inquiétant pour la Fédération de Russie, assez inquiétant pour que la Russie cherche un autre partenaire pour remplacer l’Union Européenne et elle n’a pas eu à chercher loin.

« En peu de temps, la Chine a remplacé l'Union Européenne en tant que premier acheteur d'énergie et fournisseur de biens de la Russie, donnant à cette dernière à la fois des liquidités et les produits manufacturés dont elle a besoin pour survivre », notaient les analystes Yanmei Xie et Thomas Gatley dans une note pour la société d'études économiques Gavekal au mois de février 2024.

Si la Russie fournissait seulement seize milliards de mètres cubes de gaz naturel à la Chine en 2021, ce chiffre a grimpé à vingt-deux milliards de mètres cubes en 2023, rapporte le Grand Continent sur des données de Bruegel. Cela ne suffit pas à combler le vide laissé par la chute des exportations vers l’Union Européenne, de cent cinquante-cinq milliards de mètres cubes en 2021 à vingt-sept milliards de mètres cubes en 2023.

Cette nouvelle alliance paye mal. L'augmentation des exportations de gaz naturel vers la Chine s'avère ainsi bien moins lucratif pour Moscou que ses anciennes ventes à l’Ouest.

Cette année, le ministère de l’économie russe, dans des perspectives consultées par Bloomberg, prévoit que le prix des exportations de gaz vers la Chine sera de deux cent cinquante-sept dollars pour mille mètres cubes. En comparaison, les flux de gaz russe qui continuent d’irriguer les marchés occidentaux se chiffrent à trois cent vingt dollars les mille mètres cubes. Les prix du gaz pour le pays asiatique devraient rester jusqu'à vingt-huit pour cent inférieurs à ceux des autres clients européens de la Russie, au moins jusqu'en 2027.

Une solution pour renflouer les comptes de Gazprom consiste dans l’augmentation progressive du gaz vendu au voisin chinois, fût-il moins rémunérateur. Ainsi, le gaz russe, acheminé vers la Chine par le biais du gazoduc Power of Siberia, augmentera en 2025 son débit jusqu’au maximum prévu de trente-huit milliards de mètres cubes.

Les deux pays discutent également d’une nouvelle liaison Power of Siberia qui porterait les livraisons de Gazprom à un total de quatre-vingt-dix-huit milliards de mètres cubes par an. Toutefois, note Bloomberg, même si les projets se concrétisent et que les trois gazoducs fonctionnent à pleine capacité, ils ne transporteront qu'environ la moitié de ce que la Russie envoyait vers l'Europe avant la guerre en Ukraine.

Pour compenser la perte de revenu liée à l’opération de sevrage de l’Union Européenne en gaz russe, Moscou entend également s’appuyer sur les exportations de Gaz Naturel Liquéfié (GNL), dont l’acheminement se passe de gazoducs. Selon l'Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA), les livraisons de GNL russe à l'Europe ont augmenté d’onze pour cent entre 2021 et 2023 et le plus gros importateur de ce gaz est la France. Ainsi rapporte Politico, d’après les données du Center for Research on Energy and Clean Air (CRECA), au cours des trois premiers mois de 2024, les livraisons de GNL russe en France ont augmenté plus que vers tout autre pays de l’Union Européenne. Au total, Paris a versé plus de six cent millions d'euros au Kremlin pour des livraisons de gaz depuis le début de l'année 2024.

Forte de cette nouvelle poule aux œufs d’or, Moscou compte bien jouer à fond la carte du GNL, notamment par la construction de son projet Arctic Liquefied Natural Gas, censé permettre à la Russie d’atteindre quinze à vingt pour cent de la production mondiale de GNL d'ici 2035, face à ses concurrents américains, qataris et australiens.

Cela est-il suffisant pour devancer les États-Unis, plus grand exportateur de GNL vers l’Europe, soit quarante-sept pour cent du volume de GNL total selon Statista ? Peut-être, craignent les détracteurs des annonces de Joseph Biden du mois de janvier 2024, actant le gel des octrois de permis pour de nouveaux terminaux américains d’expédition de GNL vers l'Europe, une décision au nom de l’environnement, décriée par ceux qui s’inquiètent de voir l’Europe forger envers la Russie une nouvelle dépendance au GNL.

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