Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 septembre 2007 6 01 /09 /septembre /2007 18:54
Asnières : un trottoir pour les sans-toit
 
Après leur expulsion d’un hôtel insalubre, des mal-logés campent, espérant un relogement.
 
Par Christophe Lehousse
 
QUOTIDIEN : vendredi 31 août 2007
 
Depuis trois semaines, dans l’indifférence estivale, une trentaine d’hommes dorment dehors. Leurs femmes et enfants se contentent des locaux exigus d’un foyer SDF. Cela se passe à Asnières (Hauts-de-Seine).
«Là, c’était ma chambre, une belle chambre double, 40 euros par jour, et maintenant…» Ahmed Ould Moustapha lève les yeux vers une embrasure de fenêtre du Nouvel Hôtel, murée comme toutes les autres avec de gros parpaings. Puis il porte son regard une cinquantaine de mètres plus loin, vers le foyer le Havre, boulevard Voltaire, devant lequel ce Mauritanien de 28 ans dort, sur le trottoir, avec 27 autres hommes - des Ivoiriens pour la plupart - depuis l’expulsion le 9 août.
 
Pluie.  Ce matin-là, la préfecture évacue les 90 occupants du Nouvel Hôtel, en vertu d’un arrêté d’expulsion locative demandé par le propriétaire de l’établissement et d’un arrêté de la mairie d’Asnières daté du 26 juillet, réclamant la fermeture de l’établissement pour «manquement aux normes de sécurité, notamment incendie». La première nuit, hommes, femmes et enfants la passeront dehors, devant leur ancien hôtel, sous la pluie.
A la mairie UMP d’Asnières, on assure pourtant que «dès le 9 août, il a été proposé des solutions d’hébergement d’urgence aux familles, sans aucun délai de séjour», mais que ces offres «ont été refusées». Une version toutefois largement contredite par plusieurs partis d’opposition et de nombreuses associations de soutien, selon lesquelles les seules options laissées par la municipalité étaient quatre nuitées en hébergement d’urgence pour les couples avec enfants et une prise en charge par le Samu social pour tous les autres. «La manière dont cette évacuation a été réalisée est franchement très contestable», explique ainsi Luc Bérard de Malavas, conseiller municipal PS, qui critique «ces solutions d’hébergement minimes et non renouvelables. Ensuite, le qualificatif de squatteurs dont la mairie a de prime abord affublé ces gens qui, pourtant, payaient ou avaient été adressés à cet hôtel par les services sociaux».
 
Place nette.  Une fois expulsés, les sans-logis obtiennent finalement de la mairie le droit de s’installer au foyer pour sans domicile fixe le Havre, mais uniquement pour les femmes et les enfants. Depuis, leur situation n’a pas évolué. Chaque nuit, les hommes dorment sur le trottoir, tandis qu’à l’intérieur du foyer, les 33 femmes et les 35 enfants s’entassent.
Et chaque matin, le seul droit des hommes est d’aller se laver au foyer sous accompagnement policier, avant de prendre le chemin du travail.
Le 21 août, devant l’urgence de la situation, la mairie a accepté de mettre en place un comité local de suivi et d’évaluation, composé de représentants des familles, des services sociaux et des pouvoirs publics, mais la mesure n’a pour l’instant pas eu de retombées concrètes. La reconnaissance par la mairie, en début de semaine, de l’association France Terre d’asile comme médiateur pouvait laisser espérer un possible dénouement. Dans la mesure toutefois où, pour des expulsés dont certains se trouvent aussi en situation irrégulière, «la question du relogement et celle de la régularisation vont de pair», l’avancée du dossier est suspendue au bon vouloir d’un autre acteur, la préfecture. Hier, celle-ci rejetait toujours un protocole d’accord que France Terre d’asile lui a proposé mardi, à l’image de ce que l’association avait fait il y a un an pour régler le cas des expulsés de Cachan. Chaque jour la situation devant le foyer, nourrie par la fatigue et la nervosité, se tend un peu plus.


http://www.liberation.fr/actualite/societe/275381.FR.php
Partager cet article
Repost0

commentaires