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18 mai 2008 7 18 /05 /mai /2008 19:27

Déclaration du Pôle de Renaissance Communiste en France- 15 mai 2008

Après les manifs enseignantes et lycéennes du 15 mai
et avant la manif enseignante nationale du 18 mai à Paris.

Face aux provocations de Sarkozy
et à son dangereux plan anti-grève,
il faut des directions syndicales de combat !

Les banderoles des grévistes de l’Education nationale et de la Fonction publique n’étaient pas encore pliées que le « président de tous les Français » prenait la parole solennellement. Non pour acter honnêtement la puissance de la grève et son caractère majoritaire, ni pour ouvrir un quelconque dialogue sur les suppressions de postes massives ou sur la casse du statut des fonctionnaires que son gouvernement veut perpétrer, mais pour annoncer qu’il ferait voter avant l’été (vive la séparation des pouvoirs !) un projet de loi sur le service minimum dont l’objet est de paralyser le droit de grève des enseignants. Il s’agirait de forcer les professeurs grévistes à se déclarer 48 h avant la grève (une démarche qui met les personnels sous la pression de leur administration locale : à quand les listes rouges et la chasse aux sorcières dans les bahuts ?) ; il s’agit aussi, sur les retenues de salaires infligées aux
grévistes, de payer des fonctionnaires municipaux pour garder les élèves. Comme si le préavis de grève (5 jours francs) n’existait pas dans la Fonction publique. Comme si Darcos n’ignorait pas systématiquement ces préavis, préférant l’intransigeance à toute négociation réelle !

Il faut être clair : payer des gens sur les retenues de salaires infligées aux grévistes pour faire une partie du travail desdits grévistes (en attendant de forcer ces derniers à faire eux-mêmes de la garderie sans être payés !), cela s’appelle briser la grève. Les salariés qui, alors qu’un mot d’ordre fonction publique est lancé (y compris en leur direction, comme c’était le cas ce 15 mai) prendraient en charge les élèves en étant payés… par les grévistes, se comporteraient en briseurs de grève, qu’ils en soient conscients ou non. Ce n’est pas le « droit au travail » des parents d’élèves que veut protéger Sarkozy avec ses amis de la PEEP, c’est le « droit » au profit des patrons qui se fichent que les élèves reçoivent un enseignement de plus en plus dégradé du fait des restrictions budgétaires, pourvu que les parents des chers petits aillent produire de la plus-value pour les actionnaires capitalistes le
jour de la grève !

De même que signifie supprimer 11 000 postes de profs et engager, sur les économies ainsi réalisées, 1500 assistants d’éducation payés au rabais dont beaucoup préfèreraient passer les concours publics, si les postes ne s’y réduisaient pas comme peau de chagrin ? Cela signifie clairement casser le métier de professeur et humilier ces professionnels !

Dans ces conditions, comment expliquer l’insouciance des états-majors syndicaux sur la question décisive du droit de grève qui ne figurait même pas dans la plate-forme revendicative du 15 mai ? Comment expliquer la mollesse de G. Aschiéri sur ce sujet (ne parlons pas du jaunissant Chérèque, qui torpille toutes les résistances depuis 10 ans, ni sur un autre plan de Thibault et de Mailly qui n’ont pas levé le petit doigt cet été contre le dispositif anti-grève à la SNCF) ? Interrogé sur ce sujet par France Info juste après l’intervention de Sarkozy, le chef de file de la FSU, -la fédération la plus représentée dans les grèves du 15-, n’a exprimé aucun refus catégorique et indigné ; il n’a pas dénoncé durement ce gouvernement de briseurs de grève, il a comme à son habitude fourni des réponses plates, ternes et « modérées » sur le fond et sur la forme, inadaptées aux sentiments de grévistes humiliés et provoqués
par le commis du MEDEF qui siège à l’Elysée.

D’autant que le Canard enchaîné a rapporté dans son dernier numéro la tactique brutale de Sarkozy : tonnant contre Aschiéri, qu’il juge encore trop « dur » par rapport au compréhensif Thibault (quelle humiliation pour la CGT de recevoir de tels compliments !), Sarko somme Darcos d’avoir des « couilles », de « combattre et de battre la FSU » et les profs, jugés trop frondeurs (c’est tout à l’honneur de ces salariés qui depuis les luttes pour les retraites et contre le CPE ont beaucoup résisté). Car pour ancrer psychologiquement sa « rupture » ultra-patronale, Sarkozy veut écraser les profs et leurs syndicats majoritaires, notamment le SNES et la FSU (Allègre s’y était déjà essayé en vain) : son but est d’obtenir l’équivalent de la victoire antisyndicale « historique » que Thatcher remporta contre les mineurs anglais en 84.

Sarkozy ferait ainsi d’une pierre plusieurs coups, écrasant le secteur le plus syndiqué du salariat, disloquant l’Education nationale qui est depuis 68 le principal terrain de convergence entre jeunes et salariés, et frappant au cœur le « modèle » français républicain qui, de 1789 à 1945 en passant par 1905, s’est construit autour de la mise en place de l’école publique et laïque (on sait que depuis son élection, Sarko viole grossièrement la séparation de l’Eglise et de l’Etat en mettant « Dieu » à toutes les sauces).

L’attaque contre le droit de grève montre en outre le contenu fascisant de la « rupture » ; pour ancrer psychologiquement ladite « rupture », c’est-à-dire le plan d’ajustement structurel que l’Europe de Maastricht et le FMI veulent appliquer à la France en désossant la Fonction publique, les retraites, l’indemnisation du chômage et l’assurance maladie, Sarkozy est déterminé à limiter les libertés syndicales et civiques. Il est donc capital que les syndiqués exigent que leurs syndicats dénoncent l’orientation fascisante du pouvoir et de sa tutelle européenne ; c’est incontournable pour que les travailleurs reprennent l’initiative dans l’affrontement de classes qui les oppose à l’UMP (Union Maastrichtienne Patronale).

D’ores et déjà, la défense du droit de grève contre Fachozy doit être au centre de la manif enseignante du 18 mai à Paris à laquelle le PRCF appelle tous les démocrates à aller en masse en mettant de côté les querelles de boutique. La construction du « tous ensemble et en même temps » doit être au cœur des luttes du printemps et de l’automne. Après il risque d’être trop tard car les travailleurs auront perdu beaucoup de leurs armes syndicales.

Les syndicats enseignants doivent interpeller les élus municipaux de gauche et démocrates ou se disant tels ; il faut les avertir que les syndicats prendront des mesures pour dénoncer le prétendu « service minimum » ainsi que tous les élus qui l’organiseraient en violant le droit constitutionnel de faire grève sans payer des briseurs de grève. Maires et conseillers municipaux PS, PCF, Verts, LO, LCR, MRC, élus du MODEM qui vous dites démocrates, vous êtes majoritaires dans ce pays depuis les dernières élections ; si vous refusez de briser les grèves de profs, de Lille à Paris en passant par Toulouse, Nanterre, Lens, Nantes, Strasbourg, Lyon, etc., le mini-Bonaparte Sarkozy sera ridiculisé, loi ou pas loi. Les élus PRCF interviendront dans ce sens partout où ils siègent.

A l’heure où le droit syndical et les libertés civiques sont plus menacées qu’ils ne furent jamais depuis 70 ans, la balle est dans le camp des dirigeants syndicaux enseignants et des élus municipaux qui se réclament de l’opposition. A nous tous, syndicalistes et élus municipaux de lutte, de monter en puissance sur ce sujet décisif pour bloquer à temps la dérive fascisante.


Pour finir, le PRCF renouvelle sa proposition à toutes les organisations progressistes, politiques ou syndicales : organisons partout ensemble des manifs unitaires (pourquoi pas le 29 mai ?) contre l’ENSEMBLE de la politique de ce pouvoir DANGEREUX. Camarades du mouvement ouvrier et populaire, entendons à temps l’avertissement de Marx : « l’histoire ne repasse pas les plats ».

La Commission exécutive du P.R.C.F. et la Commission Lutte et Syndicalisme.
www.initiative-communiste.fr

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