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12 février 2009 4 12 /02 /février /2009 21:27

http://socialisme-maintenant.org/presentation.htm

C’est à la fois toujours pareil et toujours différent…

En France, lorsque les bureaux confédéraux syndicaux s’unissent pour organiser une « journée d’action » c’est un signal. La température sociale monte, mais nul ne sait exactement quel est le degré atteint, fièvre ou simple frisson ?

Canaliser permet d’apprécier la situation des masses mais aussi de laisser fuser la colère comme on lâche de la vapeur ; des journées d’action nous en avons fait des dizaines et des dizaines : jamais les journées d’action ne sont organisées pour une vraie mobilisation contre le patronat et le gouvernement. Jamais. Il en a été ainsi du 29 Janvier. Et le texte que nous avons diffusé, discuté au sein du NPA, du camarade Emile Fabrol disait là-dessus l’essentiel (1). La journée du 29 a donc été organisée dans le cadre de la politique de N. Sarkozy et de son prétendu « dialogue social » visant à impliquer les « partenaires sociaux » à sa politique, non pour le combattre.

Il y a eu relativement peu de grévistes : comment aurait-il pu y avoir de grève générale puisqu’elle n’était pas organisée. Il s’agissait de « grèves », plus ou moins longues, les transports ont fonctionné dans la plupart des villes, trains, métros, tramway, avions. Dans ces conditions, qu’il y ait eu près -ou un peu plus- de 25 % de grévistes dans les grandes corporations illustre la combativité de certains secteurs du salariat. Ce sont évidemment les manifestations de rue qui traduisent le mieux cette situation. Des centaines de milliers y ont participé. Plus de deux millions. Avec de très forts cortèges, surtout en province. De surcroît, plus que le nombre, c’est l’ état d’esprit des manifestants qui est significative.

En quelques semaines on a vu l’ ébranlement des piliers du système capitaliste mondial, financiers, industriels, dont certains parmi les plus puissants se sont brutalement écroulés, la sidération et le désarroi des élites économiques et gouvernementales et de leurs adulateurs professionnels médiatiques. Le sentiment d’un système failli et d’un gouvernement qui fonctionne au quotidien en faveur des faillis, émerge. Certains signes indiquent qu’un processus est en cours. Ainsi par exemple la réflexion d’ individus, responsables socialement, sur leur métier, sur le rôle inacceptable que le système veut leur assigner, instituteurs, professeurs, psychiatres, personnel de la justice, de la presse … a abouti à la circulation d’appels qui ont connu tout de suite un certain succès.

Ces réflexions devenues collectives sont profondes et s’étendent à bien d’autres domaines.(2) Elles montrent que cette crise va bien au delà de l’économique et que la marchandisation envahit l’ ensemble des relations sociales prenant alors le sens de réification, réglant son compte à la démocratie et aux libertés. Un changement de logiciel social est en cours.

La question n’est pas de savoir s’il faut centraliser, « normaliser » ou non ces appels mais de comprendre comment un processus de désaliénation est en cours, qu’ un changement de paradigme intervient dont les conséquences ne sont pas encore circonscrites. Sur ce mouvement profond la spontanéité peut jaillir, la conscience politique peut affleurer. Ancré dans la réalité des pratiques sociales, ce mouvement ne cherche pas son chemin dans les représentations traditionnelles ou en devenir. Il ne peut, il ne doit pas être détourné de son but : se contrôler soi-même et s’approfondir encore pour dévoiler l’idéologie naturaliste de ce système capitaliste.

Ces centaines de milliers de manifestants le 29 janvier étaient, sont prêts à combattre. Dans une crise comme celle qui débute, l’apathie, la résignation, pouvait s’imposer. Rien de tel actuellement. Au contraire. Le 29 janvier les salariés étaient venus pour dénoncer, cibler Sarkozy. On leur a offert un objectif « revendicatif » insaisissable, sur « l’emploi, les salaires, etc ». C’est le gouvernement sarkozyste, le patronat qu’il faut viser, attaquer. Si nous insistons sur ces points, c’est pour éviter de nous payer de mots.

Le 29 Janvier est un succès relatif : malgré les bureaux confédéraux syndicaux, les salariés du public et dans une moindre mesure du privé, ont engagé le combat contre le patronat et Sarkozy. Le mouvement spontané s’est pour partie engouffré dans la journée d’action, mais sans pouvoir la submerger, en changer le contenu. Ajoutons que nul n’a aidé les salariés à voir clair : aucune organisation d’extrême gauche n’a ciblé Sarkozy, aucune n’a proposé une politique anti-capitaliste d’urgence. Le texte adopté par le PG, le NPA, le PC est un gauchissement verbal du programme syndical ! Il est d’ailleurs suivi d’un nouveau communiqué encore plus modéré intégrant cette fois le PS et le MRC de Chevènement.(3) La vieille politique d’accompagnement « à gauche » d’une politique de conciliation de classes. Les salariés de la Guadeloupe cherchent autre chose comme ceux de Martinique. Et les manifestants de St-Nazaire aussi et les enseignants du supérieur également. Sans oublier ceux qui manifestaient pour la liberté de Coupat, le prétendu « terroriste ». A bas toutes les contre réformes sarkozystes, retrait des lois réactionnaires ! à bas le plan des banquiers! Il faut élaborer maintenant le plan des salariés.

Soyons clairs, si les salariés veulent l’emporter, ils doivent s’organiser eux-mêmes, décider eux-mêmes, agir eux mêmes. Là est le véritable débouché politique. Actuellement, le PG et le NPA sont facteurs de confusion. Ni une « autre politique », ni une « autre Europe », ni « une autre répartition des richesses » ne répondent aux problèmes posés par la crise du capitalisme mondial. La crise ? Elle vient de chausser ses bottes de sept lieues. Nous en sommes tout au début. D’ailleurs certains responsables des milieux d’affaires se préparent au pire. A la fin d’un cycle. Celui de la mondialisation heureuse, période ouverte en 1989 avec la chute du Mur de Berlin. Jacques Marseille, Denis Kessler, Patrick Buisson (et quelques autres) sont des marginaux du capital. N’empêche. Ils parlent guerre civile, affrontement contre le salariat, protection de la propriété privée.

Risquons une hypothèse. Si ni le PG, ni le NPA n’ont atteint les objectifs numériques d’adhésions attendus, c’est que la question du socialisme n’est pas au centre de leur activité politique. Seul le combat pour le socialisme permet d’intégrer les revendications à leur juste place. Notre club doit s’atteler, comme d’autres, à ce travail politique. Poursuivons, élargissons la discussion.

Paris 05-02-09


Club « Socialisme maintenant »
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