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7 août 2009 5 07 /08 /août /2009 16:52


http://www.socialisme-maintenant.org/editoriaux.htm#2407


Notes éditoriales du 24 juillet, par Charles

1. C’est en ouvrant -verbalement- la perspective d’une rupture avec le capitalisme, ses partis, c’est en préconisant un front et un programme communs que la SFIO, lourdement plombée par son passé colonial, après bien des péripéties, devint sous la houlette de François Mitterrand le nouveau Parti Socialiste.

Le Parti Socialiste d’aujourd’hui est totalement bloqué. Pour se refonder « à gauche » il doit rompre… avec lui-même. C’est impossible. Le Parti Socialiste dirige 21 des 22 régions françaises. Il co-gouverne le pays avec Sarkozy et l’UMP. La SFIO avait peu de militants, notamment des militants syndicaux (FO-FEN), le PS n’en a quasiment plus. D’autant que la FEN a explosé et que FO n’a plus beaucoup de militants… Le PS est devenu, à l’image de toute la social-démocratie européenne, un parti bourgeois. Ni plus, ni moins, même si certains le considèrent encore à travers le filtre d’une histoire idéologisée. La construction européenne qu’il a menée à bien s’est refermée sur lui comme un piège. Le PS n’a plus de marge de manœuvre. Le respect des traités européens vaut programme national.


DSK au FMI, Pascal Lamy à l’OMC, Commission de députés et sénateurs socialistes, communistes et UMP pour « régler la crise économique », Commission sur l’emprunt Roccard-Juppé, etc, etc…

C’est du jamais vu. Nicolas Sarkozy cannibalise le PS en recrutant un maximum de dirigeants.

Evidemment, c’est une politique à courte vue. Le PS est dévitalisé. Une partie de plus en plus importante de ses dirigeants attend un « coup de fil » de l’Elysée.

Le jour où la bourgeoisie aura besoin d’un parti d’opposition, le PS ne sera plus en mesure de jouer ce rôle. Si on considère que l’UMP est le « parti républicain » de la vie politique française, le PS en est devenu un « parti démocrate ». En ce sens Manuel Vals est logique de réclamer un changement de nom.

2. Deux « petits événements » sont intervenus auxquels la plupart des militants n’ont pas nécessairement réagi.

Une vieille canaille néo-stalinienne, André Gérin, député-maire de Vénissieux, s’est dressé de sa petitesse pour alerter salariés et jeunes : le port de la Burqua menace la société et la République ! Evidemment UMP, PS l’ont plébiscité. Stigmatisez, stigmatisez, il en restera toujours quelque chose. La Burqua concerne quelques milliers de femmes en France.

C’est regrettable, mais c’est tout. Pourquoi ces cris d’alarme, ces appels à la répression, à la loi (!). Evidemment il s’agit de faire le procès de ces femmes et au-delà de la menace « islamiste ». Sarkozy applaudit.

Au même moment, une fraction de la CGT, avec l’accord tacite des autres syndicats sauf SUD a donc expulsé des centaines d’Africains sans papiers qui occupaient depuis des mois la Bourse du Travail, Boulevard du Temple à Paris .

Lutte Ouvrière, Emmanuel Terray ont soutenu les « syndicats ». Le NPA a rappelé qu’ il « n’ a pas soutenu cette occupation » de la Bourse du travail par les sans papiers, tout en trouvant que la méthode de leur expulsion « n’était pas acceptable ». Toute « la gauche de la gauche » a soutenu les syndicats. Les matraqueurs. Cette opération a d’ailleurs été approuvée par les médias dans leur ensemble… L’attitude du « NPA » a été jugée « responsable ». Les gens sérieux savent que les bureaux des syndicats ne sont pas faits pour accorder l’aide aux plus pauvres, aux plus démunis… D’ailleurs les sièges des syndicats ne sont pas faits pour les salariés.

Entre la Burqua et les sans papiers, il y a un lien. Ici et là, ce sont des gens se réclamant du PCF, de la gauche de la gauche, qui sont à la manœuvre ! C’est un signe, une honte.

3. Après l’échec de ses listes aux élections européennes, le NPA a rencontré le PG et en quelques minutes a scellé un accord. Pour les travailleurs immigrés ? non ! Pour une campagne commune pour leur régularisation ? non. Les questions en débat étaient sérieuses.

En quelques minutes, ce qui a été refusé pendant des mois par le NPA a été accepté. Un accord de liste commune avec le PG et avec le PCF et un engagement de se désister, au second tour, pour le PS aux régionales !

Le NPA refusait de s’allier avec le PG aux européennes sous le prétexte que le PG et le PCF allaient faire bloc avec le PS aux régionales, et là, hop, c’est fait !

Où est passé le programme anti-capitaliste ?

Où est passée la lutte pour virer N. Sarkozy ?

Soyons sérieux : Nicolas Sarkozy a reçu J. L. Mélenchon à l’Elysée au lendemain des élections. Et même le président a raccompagné le leader du PG sur le perron ! J. L. Mélenchon qui a fait éditer l’auto collant « casse-toi pov’ con » dont, faute de mieux, des millions de manifestants se sont saisis, a tenu publiquement à souligner « le sens de l’humour » du Président et « la courtoisie de l’ entretien ». L’homme est raisonnable. Chacun l’a compris : tout ça ce n’ était pas « pour de vrai ».

4. Ces événements constituent évidemment une catastrophe politique. Des militants se battront, des dirigeants protesteront (1), un grand nombre de camarades réclameront la démocratie… N’empêche, le processus du NPA comme facteur d’espoir, comme possibilité d’agir pour le socialisme est cassé.

 

Le sectarisme ne guide pas nos réactions. L’analyse des faits.

Il est absurde de présenter le résultat des européennes comme simplement marqué par le phénomène de l’abstention.. Le refus de voter est un refus. Plus ou moins conscient. Plus ou moins raisonné. Mais un refus. L’alliance du PG et du NPA sur une politique de classe, contre les traités européens, pour le respect du Non, contre Sarkozy, pour le socialisme aurait permis de rassembler des millions de salariés et de jeunes. De lier l’élection, les grèves, les manifestations. D’offrir une alternative au bloc UMP-PS. De lutter contre la dérive vers le « dialogue social » avec Sarkozy.

En s’opposant à cette possibilité, le NPA a provoqué une catastrophe politique. L’accord pour les régionales qui vient d’être si brusquement adopté révèle bien que l’opposition du NPA était purement opportuniste, fondée sur l’ espoir d’un bon coup électoral que confortaient quelques sondages favorables. Sur le terrain des « luttes » il signait d’ailleurs unitairement avec le PS, le PCF, le PG… toutes les déclarations d’appui à la politique des directions confédérales avant chaque nouvelle journée « d’action », journées d’actions qui, inscrites dans l’ horizon du « dialogue social » avec Sarkozy, ont si bien réussi à saccager la combativité des salariés lors de ce premier semestre.

Alors que s’ouvrait la crise mondiale du capitalisme et que les premières conséquences s’abattaient sur les salariés, alors que dans le même moment se fondaient le PG et le NPA, il n’était pas écrit que le PG et le NPA ne servent à rien.

Soyons bien clair : il est absurde de gloser sur l’abstention populaire, alors que, pour la première fois depuis la chute du mur de Berlin, il était possible dans un des principaux pays européens qu’une alliance PG-NPA atteigne 20% et devance le PS ! Alors, alors oui, concrètement la question du gouvernement pouvait être posée, non de manière abstraite, mais concrètement. Il fallait miser sur les réserves d’auto-organisation des masses. Ce n’est pas de la politique fiction. Une dynamique politique était prête à se mettre en route. Le NPA, le NPA plus que le PG sur ce point, a bloqué le chemin.

De même quand des dizaines d’entreprises sont confrontées à la délocalisation, au chômage, seule une action politique, partant des entreprises mêmes, pour unifier, coordonner les usines, peut permettre d’inverser le rapport de force. Mais pour ça, il fallait une discussion sur la situation politique, la démocratie dans l’organisation et avec les salariés, une campagne au service de la construction de cette mobilisation et de cette coordination, et pas ces « visites » à la porte des usines pour dire trois mots filmés par les caméras de télévision.

Là aussi, il faut réfléchir. Toute la politique du NPA est déterminée par la présence dans les médias et le lien avec la direction de la CGT.


Tout le monde en est là.

C’est un secret de polichinelle que le dernier remaniement ministériel a tardé, car, jusqu’au bout, N. Sarkozy a espéré débaucher un dirigeant de la CGT pour en faire un ministre. Tout va très vite.

On ne peut pas se le dissimuler, c’est un nouvel échec. Mais l’histoire n’est pas encore écrite. Nous devons aider à inscrire en termes de conscience cet échec. Les ressources de l’ activité des salariés sont déterminées notamment par la résistance qu’ils doivent opposer au système qui les précipite dans l’abîme. Les salariés français ne peuvent compter que sur leurs propres forces.

« De défaite en défaite, jusqu’à la victoire finale » Victor Serge

Paris 24 Juillet

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