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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 20:37

 

http://www.rue89.com/2011/06/19/le-specialiste-de-lextreme-droite-camus-ex-facho-ha-ha-209950

Le spécialiste de l’extrême droite Camus ex facho ?

Par Johan Weisz

L'info est sortie sur le site du polémiste Jean Robin : le chercheur spécialiste de l'extrême droite Jean Yves Camus [2] serait un ancien du mouvement solidariste Troisième Voie. « Ha ! ha ! », rigole Christian Bouchet, qui est – lui – un vrai faf. Une histoire de second degré…

 

Sous la plume de Jean Robin [3] (qui avait connu son quart d'heure de célébrité en 2006 avec un livre qui dézinguait Thierry Ardisson), on pouvait lire que Jean Yves Camus [4], sans doute le plus fin spécialiste de l’extrême droite [5] en France, aurait appartenu au mouvement solidariste Troisième Voie :

 

« Les mieux informés […] connaissent aussi Jean-Yves Camus pour son appartenance dans les années 80 à l'extrême droite, et notamment au GUD et au mouvement Troisième Voie, un mouvement réactivé en novembre 2010 par Serge Ayoub. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, Serge Ayoub est l'ex-leader skinhead, plus connu sous son surnom Batskin. »

 

Le politologue Jean-Yves Camus, ancien militant nationaliste révolutionnaire à Troisième Voie ? Le truc était tellement énorme qu'on a profité de l'excuse pour aller prendre un café avec Jean-Yves Camus. Alors c'est vrai cette histoire… Vous avez fait partie de Troisième Voie ?

 

« Tout à fait ! J'ai également appartenu sous un nom d'emprunt aux groupes nationalistes révolutionnaires de François Duprat [militant nationaliste, figure de l'extrême droite française dans les années 1960 et 1970, tué dans l'explosion de sa voiture piégée le 18 mars 1978, ndlr],à partir de 1979. Et ce que Jean-Robin a oublié de dire, c'est que j'ai aussi été un agent double des services guatémaltèques et zimbabwéens, ce qui m'a permis de m'acheter un chalet à Chamonix… »

 

Robin croit tenir le scoop de la mort pour son site

 

Tout commence quelques semaines plus tôt. Dans Charlie Hebdo, Camus gratte un papier sur l'extrême droite qui déplaît à Jean Robin, dépeint comme un « proche des identitaires ». Robin lui répond un mail pas content, l'accusant – entre autres – d'être un ancien du GUD. Camus répond par retour de mail :

 

« Vous vous trompez, ce n'était pas le GUD mais Troisième Voie. Le GUD Sciences-Po était composé de petits réacs qui ont tous fini préfets ou députés. »

 

Le second degré aura sans doute échappé à Jean Robin, qui pond son article le soir même, croyant-là tenir un vrai scoop de la mort qui tue pour son site, Enquête et Débat.

 

« Oui et j'ai aussi été un agent double des services guatémaltèques et zimbabwéens… »

 

Joint par StreetPress au téléphone, Jean Robin n'en démord pas. Allô Jean, tu es peut-être allé un peu vite en besogne, non ?

 

« Ah non, il y a plein de témoins qui l'ont vu. Je tiens cette info de trois sources différentes. »

 

Enfin Jean, c'était une blague…

 

« Ah non non, Camus était très sérieux. »

 

On connaissait tous les adhérents

 

« Ça m'a fait sourire, cet article », répond à StreetPress Christian Bouchet [6], qui n'est autre que l'ancien secrétaire général de Troisième Voie. « C'est pas que l'info n'est pas vraie, c'est que c'est complètement improbable », s'amuse-t-il. Christian Bouchet, docteur en ethnologie et aujourd'hui « militant national », anime le site VoxNR et signe dans le bimensuel Flash.

 

« Je n'y ai tellement pas cru, que je n'ai même pas été vérifier dans le listing de Troisième Voie », précise Bouchet, qui a gardé les archives du mouvement dans son garage :

 

« Vous savez, Troisième Voie ce n'était pas des milliers de personnes. Si vous adhériez, ça se savait, on connaissait tous les adhérents. »

 

Jean-Yves Camus :

 

« Mon parcours, je suis prêt à le rendre public, mais il n'a rien d'exceptionnel en fait. Je viens d'une famille catholique pratiquante et gaulliste et à 16 ans, j'adhère à la section locale de l'UDR à Châtenay-Malabry, pendant la campagne présidentielle de Chaban. Je franchis le pas du RPR et je suis présent Porte de Versailles, le 5 décembre 1976, jour du congrès fondateur du parti. »

 

D’une famille de droite avec des valeurs sociales

 

Le chercheur poursuit :

 

« Mais c'est à Sciences-Po que ça change. J'étais d'une famille de droite avec des fondements très clairs : les valeurs républicaines, la résistance, le patriotisme, certaines valeurs sociales… Et je me retrouve face à une droite de classe, de l'argent, de l'héritage, avec un refus total du changement.

 

Du coup, je cesse de militer. Je suis simplement sur une liste de l'Unef-ID aux élections étudiantes de 1980, mais je ne serai pas élu. Pendant ma scolarité, j'ai aussi adhéré à la Ligue des droits de l'homme. Depuis ma sortie de Sciences-Po, je n'ai adhéré à aucun parti. C'est aussi simple que ça. »

 

N'est pas spécialiste de l'extrême droite qui veut. En 1992, Jean-Yves Camus signe avec René Monzat (rencontré sur les bancs de Sciences-Po) aux Presses universitaires de Lyon un excellent « Répertoire critique des droites nationales et radicales en France ».

 

Avec de nombreux travaux et publications depuis, le chercheur à l'Iris reste jusqu'à aujourd'hui un des meilleurs observateurs de l'extrême droite française. Il reste encore du chemin à faire à Jean Robin qui, pour la petite histoire, vient de sortir au début de l'année un livre intitulé « La Nouvelle extrême droite »…

 

Courrez l'acheter, il doit y avoir du lourd à l'intérieur !

 

En partenariat avec StreetPress

 

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