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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 14:30

 

 
Manifestations à Deraa en Syrie, Assad fait un geste (Reuters)
 
Des milliers de manifestants ont une nouvelle fois défilé jeudi à Deraa, foyer de contestation dans le sud de la Syrie, où la répression des forces de sécurité ont fait trente sept morts rien que mercredi, selon des sources médicales.
 

Dans cette ville proche de la frontière jordanienne, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des centaines de jeunes gens qui marchaient au cri de "Liberté". Les troubles y auraient fait au moins quarante quatre morts depuis qu'ils ont éclaté vendredi après la grande prière hebdomadaire.

 
Le bilan des affrontements de mercredi pourrait être plus élevé encore. On parle de dizaines de corps transférés vers l'hôpital Tafas, à la sortie de la ville, mais l'information est invérifiable.
 
Confronté à cette révolte populaire sans précédent depuis plus de 20 ans, le président Bachar al Assad a fait savoir qu'il n'avait pas donné l'ordre de tirer sur la foule à Deraa.
 
Sa conseillère, Bouthaïna Chaabane, a annoncé que le chef de l'Etat allait mettre sur pied une commission pour étudier la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963.
 
Enfin, Assad a promis une législation sur la liberté de la presse ainsi que sur les partis politiques. Quelques instants plus tard, on apprenait toutefois que le militant des droits de l'homme et défenseur de la liberté d'expression Mazen Darouiche avant été arrêté par la sécurité.
 
Il avait participé la semaine dernière à une manifestation en faveur de la libération des prisonniers politiques, une des principales revendications des opposants syriens.
 
Ceux-ci ont d'ailleurs rejeté comme trop timides les mesures annoncées par Chaabane, insistant sur la libération rapide des milliers de détenus politiques, la levée immédiate de l'état d'urgence et le rétablissement des libertés d'expression et de réunion.
 
"LE SANG DES MARTYRS"
 
Jeudi, vingt mille personnes au moins se sont rassemblées dans le cimetière sud de Deraa pour les funérailles de plusieurs manifestants tués la veille, selon des témoins. Le cortège s'est mué en manifestation politique. "Le sang des martyrs ne sera pas versé en vain", ont scandé les participants.
 
Si la présence de la police secrète et de la police spéciale, en uniforme noir, était plus visible que depuis le début des troubles, vendredi dernier, l'armée était en retrait.
 
Mais d'après des témoins, plusieurs centaines de soldats armés de fusils automatiques AK-47 ont fait leur apparition, patrouillant sous la pluie dans les rues de la ville, et des dizaines étaient en faction aux principaux carrefours pour empêcher les rassemblements publics.
 
Des voyageurs croisés à proximité de la ville disent avoir vu mercredi soir des convois militaires qui auraient transporté jusqu'à deux mille soldats vers Deraa.
 
La ville, située à une centaine de kilomètres au sud de Damas, a longtemps été un fief du parti Baas au pouvoir depuis le coup d'Etat de 1963. Nombre de ses cadres viennent de cette région.
 
Mais elle est devenue ces derniers jours le foyer le plus actif du mouvement de contestation du régime du président Bachar el Assad, qui a imputé les troubles à des "éléments extérieurs" et à des "bandes armées".
 
À Damas comme en province, le mur de la peur qui empêchait toute contestation semble également se fissurer. Des affiches autres que celles, omniprésentes, à la gloire du président Assad et des "réalisations historiques" du parti Baas, ont fait leur apparition. Elle réclament toutes la "Liberté".
 
Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a réclamé une "enquête transparente" sur les violences de mercredi.
 
A Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a de nouveau exhorté la Syrie à engager des réformes politiques. "Nous l'appelons à cesser la répression, écouter la voix du dialogue et des changements démocratiques", a-t-il dit à la presse.
 
Son homologue britannique, William Hague, a quant à lui invité Damas à respecter le droit de son peuple à manifester pacifiquement. Guido Westerwelle, chef de la diplomatie allemande, a exigé la fin immédiate des violences.
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