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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 20:36

 

Recep Tayyip Erdogan invite la France à revisiter son histoire

 

ISTANBUL (Reuters) - Recep Tayyip Erdogan a de nouveau pris pour cible la France en invitant samedi Paris à revisiter son histoire coloniale plutôt que le passé ottoman de la Turquie.

 

Cette attaque du Premier ministre turc intervient à cinq jours de l'examen par les députés français d'un texte de l'UMP rendant illégale la négation du génocide arménien de 1915.

 

"Ceux qui veulent étudier un génocide feraient mieux de se retourner sur leur passé et de se pencher sur leur propre histoire, sale et sanglante", a-t-il dit à l'issue d'un entretien avec le président du Conseil national de transition libyen (CNT), Mustapha Abdeljalil.

 

"Si l'Assemblée nationale française veut s'intéresser à l'Histoire, qu'elle prenne la peine de s'enquérir sur les événements en Afrique, au Rwanda et en Algérie.

 

"Qu'elle fasse des recherches pour savoir combien de personnes les soldats français ont tuées, comment ils les ont tuées et avec quelles méthodes inhumaines", a ajouté le chef du gouvernement turc, dont c'est la première déclaration depuis son opération chirurgicale.

 

Vendredi, Ankara a prévenu la France que les relations entre les deux pays risquaient de subir de graves conséquences si le Parlement français votait la loi rendant illégale la négation du génocide arménien de 1915.

 

Le président Nicolas Sarkozy avait froissé la Turquie début octobre en lui donnant quelques mois pour reconnaître le génocide arménien de 1915, faute de quoi la France pourrait légiférer pour sanctionner pénalement le négationnisme turc.

 

La proposition de loi, soumise par l'UMP, le parti majoritaire, doit être examinée jeudi à l'Assemblée nationale.

 

La commission des Lois de l'Assemblée a adopté le 7 décembre à l'unanimité moins deux voix ce texte, qui prévoit une peine d'un an de prison et une amende de quarante cinq mille euros en cas de contestation du génocide.

 

DIASPORA ARMÉNIENNE EN FRANCE

 

Dans sa lettre au président Nicolas Sarkozy, Erdogan écrivait: "Cette proposition de loi vise de façon hostile la République turque, la nation turque et la communauté turque vivant en France".

 

"Je veux dire clairement que de telles mesures auront de graves conséquences pour les relations futures entre la Turquie et la France sur les plans politique, économique, culturel et dans tous les autres domaines, et que la responsabilité en incomberait à ceux qui ont pris cette initiative".

 

La France est le cinquième marché mondial pour les exportations françaises.

 

L'Arménie, soutenue par de nombreux historiens et Parlements mondiaux, estime à un million cinq cent mille le nombre de victimes tuées lors des massacres, qu'elle considère comme le fruit d'une politique délibérée de l'Empire Ottoman dans ce qui est aujourd'hui l'est de la Turquie.

 

Ankara affirme de son côté qu'il ne s'agissait pas d'un génocide et que de nombreux Turcs musulmans et Kurdes ont également été tués lors de

l'invasion des troupes russes en Anatolie orientale, parfois avec l'aide de milices arméniennes.

 

La diaspora arménienne en France, forte d'un demi-million de personnes, est un enjeu électoral avant l'élection présidentielle du printemps 2012.

 

En visite d'Etat en Arménie, le chef de l'Etat français avait estimé début octobre que la reconnaissance par Ankara du massacre d'Arméniens par les Turcs serait un "geste de réconciliation".

 

Dans ce cas, avait-il dit, la France s'en tiendrait à sa législation actuelle, qui reconnaît officiellement depuis janvier 2001 l'existence de ce génocide.

 

La loi française du 29 janvier 2001 dispose que "la France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915". Le vote de cette loi avait déjà provoqué de vives réactions d'Ankara.

 

Si la Turquie persiste à le nier, en revanche, "la France considérerait qu'elle devrait aller plus loin dans la modification de sa législation pour que le négationnisme soit condamné pénalement", avait-il ajouté.

 

Les relations entre Ankara et Paris sont déjà très tendues en raison du refus de la France de voir la Turquie adhérer à l'Union européenne. Les négociations ont commencé en 2005 mais de nombreux chapitres sont actuellement bloqués par Paris.

 

 

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