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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 19:57

 

L’avocat de Bernard Tapie et un magistrat en garde à vue

 

PARIS (Reuters) - L'affaire Bernard Tapie a pris un tour nouveau avec le placement en garde à vue de l'avocat de l'homme d'affaires et d'un juge du tribunal arbitral qui lui a octroyé quatre cent trois millions d'euros.

 

Ces actes interviennent après l'audition, jeudi et vendredi par la Cour de Justice de la République, de l'ancienne ministre de l'économie Christine Lagarde, qui avait choisi en 2008 de solder par un arbitrage le litige judiciaire opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais sur la revente d'Adidas.

 

La directrice général du Fonds Monétaire International (FMI) a été placée sous le statut de témoin assisté.

 

Le PDG de France Télécom, Stéphane Richard, directeur de cabinet de Christine Lagarde au moment des faits, est de son côté « appelé à témoigner » devant la brigade financière le 10 juin, a déclaré son avocat.

 

Trois juges du pôle financier parisien, Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut, conduisent depuis septembre 2012 une information judiciaire pour usage abusif de pouvoirs sociaux, recel de ce délit, détournement de fonds publics et faux dans le volet non ministériel de cette affaire.

 

François Hollande a donné ordre à l'Etat de se porter partie civile dans le volet non ministériel de cette procédure, selon Le Canard Enchaîné et le quotidien économique Les Echos, qui cite Bercy.

 

Le président français l'a indirectement confirmé mardi lors d'une conférence de presse avec le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.

 

« Je n'ai pas tous les éléments encore dans cette affaire. Mais ce que je peux dire comme principe, c'est que l'Etat défendra toujours ses intérêts en temps utile et pour accéder aussi aux informations », a-t-il dit.

 

« INFINIE RECONNAISSANCE »

 

Pierre Estoup, l'un des trois juges du tribunal privé qui a soldé en 2008 le litige opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais, est en garde à vue depuis lundi matin, a-t-on appris mardi de source proche de l'enquête.

 

L'avocat de l'homme d'affaires, Maurice Lantourne, a été placé en garde à vue mardi, a-t-elle indiqué, confirmant une information de Mediapart.

 

Le trio arbitral était composé de Pierre Estoup, premier président honoraire de la cour d'appel de Versailles à l'époque, d'un ancien président du conseil constitutionnel, Pierre Mazeaud, et de l'avocat Jean Denis Bredin.

 

Les enquêteurs soupçonnent Pierre Estoup, magistrat à la retraite âgé de quatre vingt six ans, d'avoir eu des liens professionnels anciens avec Maurice Lantourne, l'avocat de Bernard Tapie.

 

Lors d'une perquisition effectuée le 14 mai au domicile de Pierre Estoup, les policiers auraient saisi un livre dédicacé par Bernard Tapie le 10 juin 1998, selon www.lexpress.fr.

 

L'homme d'affaires y louerait le « courage du président Estoup » et l'assurerait de son « infinie reconnaissance et de son affection ».

 

CONFLIT D'INTÉRÊT ?

 

Pour l'hebdomadaire, cette dédicace tendrait à confirmer qu'il connaissait Pierre Estoup avant qu'il ne soit désigné arbitre, contrairement à ce qu'il affirme.

 

Sur BFM TV, Bernard Tapie s'est dit « serein », rappelant que la décision « a été rendue à l'unanimité des trois juges ».

 

Concernant sa dédicace, il assure qu'en toute « affection » était sa formule habituelle et qu'elle n'était pas révélatrice d'une proximité particulière.

 

« J'ai peut-être rencontré fortuitement et sans suite Pierre Estoup dans le cadre de ma vie publique », a-t-il dit.

 

Le député centriste Charles de Courson, qui a estimé mardi sur iTélé que le statut de témoin assisté accordé à Christine Lagarde n'était que provisoire, avait dénoncé il y a plusieurs mois un conflit d'intérêt, faisant état de liens entre Maurice Lantourne et Pierre Estoup.

 

Il s'était également interrogé sur un possible second conflit d'intérêt entre un autre juge arbitral, Jean-Denis Bredin, ancien vice-président du Mouvement des Radicaux de Gauche (MRG) et Bernard Tapie, alors membre du même parti.

 

En 2011, un rapport de la cour des comptes avait révélé plusieurs zones d'ombre, soulignant que certains fonctionnaires avaient émis des réserves sur le recours à l'arbitrage dès février 2007. Il s'interrogeait sur le choix des trois arbitres et tiquait sur la notion de « préjudice moral ».

 

Le tribunal arbitral avait condamné en juillet 2008 le Consortium De Réalisation (CDR), structure créée en 1995 pour gérer le passif du Crédit Lyonnais après sa quasi faillite, à verser à Bernard Tapie deux cent quatre vingt cinq millions d'euros d'indemnités, dont quarante cinq millions à titre de préjudice moral (quatre cent trois millions d'euros avec les intérêts).

 

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