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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 18:09

 

http://social.blog.lemonde.fr/2014/04/03/confusion-a-la-cgt-autour-de-la-marche-contre-lausterite-du-12-avril

Confusion à la CGT autour de la marche contre l’austérité du Samedi 12 Avril 2014

La CGT ne participera pas à la « marche contre l'austérité » organisée par plusieurs formations de la gauche de la gauche, Front De gauche, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Ensemble et Alternative Libertaire, Samedi 12 Avril 2014 à Paris. Dans une réaction aux élections municipales, diffusée Mercredi 2 Avril 2014, où elle affirme que « les réponses apportées par le président de la république sont en total décalage avec les enjeux qui sont devant nous », elle appelle les salariés à « agir et manifester pour le progrès social le 4 avril et le premier mai ».

Le 4 avril, Thierry Lepaon, son secrétaire général, participera à Bruxelles à une « euromanifestation » organisée par la Confédération Européenne des Syndicats (CES), à laquelle sont attendues cinquante mille personnes. Le « patron » de la CGT défilera aux côtés de son homologue de la CFDT, Laurent Berger, et des représentants des organisations françaises membres de la CES, FO, CFTC et UNSA, ainsi que de la FSU. Les syndicats reconnaissent qu'il a été difficile de mobiliser pour cette initiative. « Il s'agit d'une mobilisation essentiellement militante », dit-on à la CGT.

Bien résolue à ne pas mélanger les genres depuis qu'en 2001, Bernard Thibault, alors secrétaire général de la CGT, avait rompu les derniers liens privilégiés avec le Parti Communiste Français, la centrale cégétiste est fidèle à sa ligne. Elle avait déjà refusé, en 2013, de s'associer à la marche de Jean-Luc Mélenchon pour « une révolution fiscale ». Mais il y a un gros cactus. Dans l'appel de deux cent personnalités, dans l’Humanité du 2 avril, en faveur de cette « marche contre l'austérité » figurent, aux côtés de nombreux syndicalistes de Solidaires et de la FSU et de deux militants de FO, trente six responsables cégétistes. Et non des moindres. On y retrouve deux anciens secrétaires généraux de la CGT, Georges Séguy et Bernard Thibault, des militants d'entreprises « en lutte » (Mory-Ducros, Fralib, Continental, Prestalis). Parmi les signataires, il va sans dire, à titre personnel, apparaissent surtout plusieurs secrétaires généraux de fédérations CGT, fédération de l’équipement et de l’environnement, Union Générale des Fédérations des Fonctionnaires, fédération des industries chimiques, fédération des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication, fédération des services publics, de quelques unions départementales (Ariège, Pas-de-Calais, Seine-Saint-Denis, Haute-Garonne) ou encore de l'Union Régionale d'Ile de France.

Des responsables de fédérations, comme la fédération des finances, la fédération de l'agro alimentaire et la fédération des spectacles, qui sont souvent dans l'opposition à la direction confédérale, s'inscrivent dans cette démarche sur fond de sourde contestation de Thierry Lepaon. Le 6 mars, l'union départementale CGT de Paris s'est alarmée après des propos du « patron » de la CGT au Nouvel Economiste où il assurait « qu'il n'existe à la CGT aucune opposition de principe face au patronat. L'entreprise est une communauté composée de dirigeants et de salariés. Ces deux populations doivent pouvoir réfléchir et agir ensemble dans l'intérêt de leur communauté ».

Dans un texte, adopté à l'unanimité, l'union départementale de Paris estime que « ces déclarations remettent en cause les fondements mêmes de la CGT ». Elle interpelle Thierry Lepaon sur « sa conception du mandat de secrétaire général confédéral. Ce type de démarche peut-il perdurer », interroge-t-elle, en réaffirmant que « le salariat n'a aucun intérêt commun avec le capital » et en soulignant que « le pacte de responsabilité n'est ni amendable ni négociable, il doit être retiré ».

Mardi Premier Avril 2014, lors de la réunion de la commission exécutive de la CGT, Thierry Lepaon, dans une intervention que Le Monde s'est procurée, est revenu sur le sujet. Il a d'abord estimé qu'il fallait prendre « un peu de temps et de recul » pour tirer les enseignements des élections municipales et de la nomination de Manuel Valls à Matignon.

« Ne brûlons pas l'étape de l'analyse », a-t-il lancé, en mettant en avant « quatre mots clé », l'abstention « populaire », la « sanction d’ampleur » contre François Hollande, la « droitisation » et « quatrième phénomène, il y avait un espace à gauche de la gauche pour essayer de faire mesurer qu'il était possible dans notre pays d'avoir une gauche différente que celle qui exerce le pouvoir. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle n'a pas recueilli des suffrages à la hauteur des espérances que l'on pouvait peut-être attendre ici ou là ».

S'inquiétant de la « montée des positionnements individuels, au détriment d'un positionnement collectif », Thierry Lepaon a souligné que « les organisations ont besoin d'autonomie, de réflexion, d'action, de positionnement mais on a besoin aussi de responsabilité et de cohérence ». Et le patron de la CGT a enchaîné à propos de la manifestation du 12 avril que « je me mets à la place des gens qui vont regarder la télévision le soir du 12 avril, qui vont voir des banderoles et des drapeaux CGT dans le cortège et qui auront entendu Thierry Lepaon sur RTL ou vu sur France 2 (où il doit s'exprimer le 10 avril) dire que la CGT n'appelle pas à la manifestation. Je pense qu'on ajoute à la confusion et que des camarades se réfugient derrière le syndicat, la CGT, pour ne pas s'engager politiquement ».

« C'est plus facile sans doute », a poursuivi Thierry Lepaon, « dans des périodes d'y aller avec un autocollant CGT qu'un autre. Mais la CGT, ce n'est pas le rempart pour se masquer, il faut assumer ses engagements. Il faut que chacun et chacune, en tant que citoyen, puisse dire ce qu'il pense, afficher tout ce qu'il a envie d'afficher, mais surtout, faisons attention à notre organisation qui peut se sentir ou être fragilisée. Notre rapport au politique, dans cette période, est un peu trouble dans la tête de certains camarades ». Il y a en effet fort à craindre que ce trouble fragilise encore la CGT pendant quelque temps.

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