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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 19:32

 

Un juge arbitre mis en examen dans l’affaire Tapie

 

PARIS (Reuters) - Pierre Estoup, l'un des trois juges du tribunal privé qui a soldé le litige opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais, a été mis en examen mercredi du chef d'escroquerie en bande organisée et faux, a annoncé le parquet de Paris.

 

Les enquêteurs soupçonnent le magistrat à la retraite, âgé de quatre vingt six ans, de liens professionnels avec Maurice Lantourne, l'avocat de l'homme d'affaires, ce qui pourrait constituer un conflit d'intérêts jetant une ombre sur l'arbitrage.

 

La garde à vue de Maurice Lantourne, également interpellé au début de la semaine, a été levée dans la nuit de mardi à mercredi, a-t-on appris de source proche de l'enquête.

 

Les deux hommes étaient entendus dans le volet non ministériel de l'affaire Tapie.

 

La directrice général du Fonds Monétaire International (FMI) Christine Lagarde a été placée pour sa part sous le statut de témoin assisté par la Cour de Justice de la République (CJR), qui instruit le volet ministériel du dossier.

 

L'affaire de l'arbitrage privé rendu en 2008 en faveur de Bernard Tapie avait pris un tour nouveau cette semaine avec le placement en garde à vue de Maurice Lantourne et de Pierre Estoup, un juge du tribunal arbitral qui a octroyé à Bernard Tapie quatre cent trois millions d'euros.

 

Lors d'une perquisition effectuée le 14 mai 2013 au domicile de Pierre Estoup, les policiers auraient saisi un livre dédicacé par Bernard Tapie le 10 juin 1998, selon www.lexpress.fr. L'homme d'affaires y louerait le « courage du président Estoup » et l'assurerait de son « infinie reconnaissance et de son affection ».

 

« UNE GIGANTESQUE MANIPULATION »

 

Ces actes interviennent après l'audition, jeudi et vendredi derniers par la CJR, de l'ancienne ministre de l'économie Christine Lagarde qui avait choisi de solder par un arbitrage le litige judiciaire opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais sur la revente d'Adidas.

 

Le PDG de France Télécom, Stéphane Richard, directeur de cabinet de Christine Lagarde au moment des faits, est de son côté « appelé à témoigner » devant la brigade financière le 10 juin, a déclaré son avocat.

 

Trois juges du pôle financier parisien, Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut, conduisent depuis septembre 2012 une information judiciaire pour usage abusif de pouvoirs sociaux, recel de ce délit, détournement de fonds publics et faux dans ce volet non ministériel de cette affaire.

 

François Hollande a demandé à l'Etat de se porter partie civile dans le volet non ministériel de cette procédure, a confirmé mercredi le ministère de l'économie.

 

Jean Peyrelevade, qui dirigea le Crédit Lyonnais de 1993 à 2003, a estimé mercredi sur Europe Un que l'Etat se devait prendre cette initiative.

 

« L'Etat d'aujourd'hui doit essayer de compenser les fautes de l'Etat d'hier », a-t-il dit.

 

« Je suis heureux de voir que la justice commence à se poser des questions sérieuses sur un arbitrage dont j'ai toujours dit qu'il était premièrement illégal, et deuxièmement, à mes yeux, le résultat d'une gigantesque manipulation », a-t-il ajouté.

 

S'agissant du rôle de Christine Lagarde, il juge « qu'elle a transmis des instructions venant d'au-dessus, de Nicolas Sarkozy lui-même ».

 

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