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12 juillet 2013 5 12 /07 /juillet /2013 17:00

 

http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/07/12/en-espagne-l-ex-tresorier-du-parti-conservateur-met-en-cause-mariano-rajoy_3446867_3214.html

 

L’ancien trésorier du parti conservateur met en cause Mariano Rajoy

 

Par Sandrine Morel, correspondante du Monde à Madrid

 

L’ancien trésorier du Parti Populaire (PP, droite), Luis Barcenas, a décidé de passer aux aveux. Mis en examen pour fraude fiscale, blanchiment d’argent et usage de faux après que la justice a découvert qu’il aurait eu jusqu’à quarante huit millions d’euros sur des comptes en Suisse, celui qui fut durant vingt huit ans aux commandes des comptes de l’actuel parti au pouvoir a été incarcéré à Madrid le 27 juin de manière préventive. Or, s’il doit tomber, Luis Barcenas semble décidé à ne pas tomber seul.

 

Au directeur du journal El Mundo, Pedro J. Ramirez, il aurait accordé un entretien de quatre heures, avant son emprisonnement, publié dans l'édition du dimanche 7 juillet. Et il lui aurait transmis des documents manuscrits originaux qui attestent du paiement à d'importants membres du PP de « compléments de salaires » en espèces versés entre 1990 et 2008, dont l'actuel chef du gouvernement, Mariano Rajoy, lorsqu'il était ministre sous José Maria Aznar. Des documents que le journal a remis à la justice lundi.

 

« Luis Barcenas m'a expliqué que durant au moins ces vingt dernières années, le PP s'est financé de manière illégale, en recevant des donations en espèces de constructeurs et autres chefs d'entreprise qui, à leur tour, obtenaient des adjudications et des contrats des administrations gouvernées par le Parti Populaire », écrit le journaliste, convoqué jeudi 11 juillet par le juge pour confirmer ses dires.

 

Le PSOE a demandé la démission de Mariano Rajoy

 

Ces révélations viennent confirmer les soupçons qui pèsent sur le PP depuis qu'en janvier la presse a révélé le paiement présumé de compléments de salaire en espèces aux dirigeants du parti au pouvoir. Elles complètent aussi l’enquête judiciaire ouverte en 2009 sur un vaste réseau de corruption, « l'affaire Gurtel », qui signalait déjà un possible financement illégal du Parti Populaire.

 

Lundi 15 juillet, Luis Barcenas doit être entendu une nouvelle fois par le juge chargé de l'instruction. Confirmera-t-il les propos qu'il a tenus au directeur d'El Mundo ? En février, après la parution, dans le journal El Pais, des photocopies des documents qui témoigneraient d'une comptabilité parallèle du PP, il avait nié leur authenticité. Mais c'était avant d'être placé en détention provisoire assortie d'une caution de quarante deux millions d'euros.

 

Le scandale soulevé par ces révélations a déjà des répercussions sur la vie politique espagnole. Les partis de gauche ont refusé, mercredi, de siéger à la commission qui examine la très attendue loi de transparence. Et le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) a demandé la démission de Mariano Rajoy s'il a menti. « La société espagnole ne peut pas supporter un chef du gouvernement suspect et soumis au chantage », a déclaré la numéro deux du PSOE, Elena Valenciano.

 

Car Luis Barcenas semble envoyer des messages aux dirigeants du PP par personnes interposées. A la radio, l'avocat Miguel Duran, qui défend le numéro deux du réseau de corruption Gurtel et qui lui avait rendu visite la veille, a affirmé mardi que « Barcenas a suffisamment d'informations pour faire tomber le gouvernement actuel ». Selon lui, son silence passé était dû aux « pressions » dont il était victime.

 

Esperanza Aguirre, possible recours du PP

 

Luis Barcenas garde-t-il encore des cartes en main qu'il sortira si son recours contre détention provisoire est rejeté, comme l'affirme le quotidien El Pais en citant des « sources officielles », ou n'est-ce qu'un coup de bluff, comme le sous-entendent en public les membres du gouvernement qui défendent en bloc « l’intégrité » de Mariano Rajoy ?

 

Ses révélations ont en tout cas permis à la très médiatique présidente du PP de Madrid, Esperanza Aguirre, rivale politique de Mariano Rajoy au sein du parti conservateur, de se poser en possible recours. Ces derniers jours, elle multiplie les déclarations pour demander aux dirigeants du PP de « ne pas regarder ailleurs, car l’Espagne et les espagnols ont besoin que le PP soit propre, qu'il le dise et le démontre ».

 

Une allusion directe au lourd silence de Mariano Rajoy, qui refuse de commenter l'affaire Barcenas et fuit la presse. Sa seule allusion au sujet date de février. Il avait alors affirmé aux dirigeants de son parti « n’avoir jamais reçu ni distribué d'argent noir ». Le PP s'est contenté mardi d'un bref communiqué pour dire que les documents de Luis Barcenas ne correspondent pas à la comptabilité du parti.

 

Selon le dernier sondage de l'institut Metroscopia, paru le 7 juillet dans le journal El Pais et réalisé avant l'entretien de Luis Barcenas avec El Mundo, quatre vingt six pour cent des espagnols ne faisaient déjà pas confiance à Mariano Rajoy.

 

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