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4 avril 2017 2 04 /04 /avril /2017 19:25

 

http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/04/03/les-socialistes-espagnols-au-bord-de-l-eclatement_5104946_3214.html

 

Le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) au bord de l’éclatement

 

Par Sandrine Morel, correspondante permanente du Monde à Madrid

 

Lundi 3 Avril 2017

 

Sera-t-il possible de reconstruire le PSOE après les élections primaires internes ? C’est la question qui agite la formation, appelée à désigner son prochain secrétaire général le 21 mai 2017. Cerné sur sa gauche par le parti anti-austérité Podemos et sur sa droite par le parti centriste et libéral Ciudadanos, le PSOE doit définir son orientation pour les prochaines années alors qu’il traverse une crise profonde, qu'il a obtenu un piètre résultat aux élections législatives du mois de juin 2016, vingt deux pour cent des voix, et qu'il a perdu six millions d’électeurs depuis 2008.

Or les élections primaires pourraient rouvrir de vieilles blessures. Cinq candidats ont annoncé leur pré-candidature, dont l’ancien président basque Patxi Lopez, la puissante baronne andalouse Susana Diaz ou encore l'ancien secrétaire général évincé au mois d'octobre 2016, Pedro Sanchez. Mais c’est un duel entre ces deux derniers, rivaux irréconciliables, représentant deux visions diamétralement opposées du parti, qui est attendu.

Tous deux s’étaient déjà affrontés au mois d'octobre 2016 quand plusieurs ténors régionaux et cadres du parti, menés par la présidente andalouse, avaient brutalement poussé Pedro Sanchez à la démission. Ils ne toléraient plus ses tentatives de sceller un accord de gouvernement avec le parti de la gauche radicale Podemos et les indépendantistes catalans.

Tenante de la ligne de l'ancien premier ministre Felipe Gonzalez, Susana Diaz, qui gouverne l’Andalousie grâce au soutien de Ciudadanos, estimait qu’il valait mieux faciliter un deuxième mandat du conservateur Mariano Rajoy au lieu de tenter de former un gouvernement Frankenstein ou d’aller vers de troisièmes élections. Pedro Sanchez, lui, ne démordait pas de son mantra, le no es no à Mariano Rajoy, et se posait en représentant des militants de gauche face aux cadres du parti dont il dénonçait le virage à droite.

Susana Diaz a remporté la bataille. Une direction intérimaire qui lui est favorable a pris les rênes du parti il y a six mois, Mariano Rajoy a obtenu l’investiture du parlement grâce à l’abstention des députés du PSOE et Pedro Sanchez a perdu la plupart de ses soutiens parmi les cadres du PSOE. Mais gagnera-t-elle la guerre ?

À quarante deux ans, Susana Diaz part favorite et ne se serait pas présentée si elle n’était pas convaincue qu’elle allait l’emporter, elle qui prépare son ascension à la tête du PSOE depuis des années.

Adoubée Dimanche 26 Mars 2017 lors d’un meeting à Madrid par les principales figures du PSOE, des anciens présidents du gouvernement Felipe Gonzalez ou José Luis Rodriguez Zapatero à la majorité des présidents des fédérations régionales, elle contrôle l’appareil du PSOE.

« En se présentant ainsi entourée, elle a transmis un avertissement à ceux qui pourraient être derrière Pedro Sanchez. S’il gagne, le parti perd. C’est un jeu dangereux et plein de risques », souligne le politologue Fernando Vallespin dans le Pais. « Le grand défi de Susana Diaz si elle remporte les primaires n’est pas tant de ressouder l’organisation que de montrer si elle est capable d’apporter de la valeur ajoutée à un parti qui traverse le pire moment électoral depuis la transition ».

« Si Susana Diaz l’emporte, il est possible que se produise une scission de la gauche du PSOE. Si c’est Pedro Sanchez, il aura de grandes difficultés pour obtenir un soutien interne », ajoute le politologue Pablo Simon, professeur d’université et cofondateur du think tank Politikon. « Mais la vraie question n’est pas abordée par le PSOE qui ne cesse de perdre des voix depuis 2011. Il a un concurrent à gauche qui rogne sur son électorat jeune et urbain. Il a de graves difficultés pour rénover ses cadres vieillissants et attirer des jeunes talents. Or, d’un côté, Pedro Sanchez paraît être mû par la vengeance et, de l’autre côté, les barons régionaux pensent qu’il faut opter pour le repli sur soi pour attendre que passe la tempête ».

Pour le politologue, Pedro Sanchez peut encore créer la surprise. Car si le vote des élections primaires était ouvert aux électeurs du PSOE, il aurait de grandes chances de l’emporter. « Il est de loin le préféré des électeurs du PSOE, selon les sondages, alors que Susana Diaz est celle qui provoque le plus de rejet », souligne Pablo Simon.

Cependant, le vote est limité aux quelque cent soixante dix mille militants dont le principal vivier est l’Andalousie, le fief de Susana Diaz.

Aucun sondage ne permet de connaître leurs préférences. Mais il ne faut pas minimiser la force de Pedro Sanchez, qui se pose en Spartacus, seul face à Rome, comme l’a souligné le chroniqueur politique Ruben Amon dans le Pais.

Consciente de sa mauvaise image, Susana Diaz ne cesse de répéter qu’il « n’y a pas de bons ni de mauvais socialistes au PSOE » et elle demande, face au « vote de la rancœur », le vote « de l’espoir et de l’avenir, de tourner la page et rendre la confiance en soi à une organisation qui a donné les meilleures années à ce pays ». Elle se définit comme « cent pour cent socialiste, sans additif ». Car face à elle, Pedro Sanchez, qui est parvenu à récolter cent mille euros en un mois par financement participatif et qui parcourt l’Espagne à la rencontre des bases socialistes, remplissant les salles, se définit comme le « candidat des militants, capable de récupérer le vrai PSOE ».

Depuis six mois, la direction intérimaire du PSOE tentait de recoller les morceaux et elle semblait sur la bonne voie, ayant renoué les liens avec le Parti Socialiste Catalan (PSC) qui avait refusé de faciliter l’investiture de Mariano Rajoy, démontrant que le PSOE pouvait faire une opposition utile au parlement, imposant au gouvernement de Mariano Rajoy des réformes telles que la hausse du salaire minimum ou l’augmentation des congés paternité ou lançant des propositions de loi pour abroger les mesures les plus polémiques de la précédente législature, telle que la loi de sécurité, dite loi bâillon. Dans les sondages, le PSOE commence tout juste à remonter.

 

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