Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 17:24

 

https://npa2009.org/actualite/international/legislatives-en-algerie-abstention-et-climat-de-fin-de-regne

 

Elections législatives en Algérie, abstention et climat de fin de règne

 

Par Nadir Haddad

 

Mardi 9 mai 2017

 

Avec un taux de participation officiel de trente huit pour cent, contre quarante trois pour cent en 2012 et trente cinq pour cent en 2007, lors des élections législatives du Jeudi 4 Mai 2017, l’attitude des algériens qui tournent le dos aux enjeux électoraux se confirme et semble s’installer dans la durée.

Ceci dénote l’écart grandissant entre les dirigeants politiques au pouvoir et les représentants politiques des partis qui s’y opposent.

Cette position s’explique par les fraudes répétées et récurrentes et des discours politiques ternes et sans perspectives, mais surtout sans de véritables alternances, ne serait ce qu’au niveau des forces sociales et politiques structurant le pouvoir.

En effet, aujourd’hui encore le Front de Libération Nationale (FLN), le parti de l'état algérien, selon les propos de son secrétaire général, arrive en première position avec cent soixante quatre sièges, dont cinquante femmes, sur les quatre cent soixante deux places de l’Assemblée Populaire Nationale (APN). Même s’il a régressé de cinquante sept sièges par rapport aux dernières élections, perdant ainsi la majorité absolue, il reste celui qui occupe l’éternelle première place. Il est suivi de près par le deuxième parti présidentiel, le Rassemblement National Démocratique (RND), avec quatre vingt dix sept sièges, dont trente deux femmes. Celui-ci gagne vingt sept sièges par rapport à 2012.

Les islamistes, fragmentés, ont réussi à se placer comme troisième force politique dans une alliance autour du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), loin des deux premiers, avec trente trois sièges, dont six femmes. Il faut noter que la présence de femmes est liée à la loi électorale, qui oblige les partis à présenter un pourcentage de femmes et à occuper, le cas échéant, la ­deuxième place sur chaque liste.

Les perdants sont surtout les ­démocrates du Front des Forces Socialistes (FFS) avec quatorze sièges, du Parti des Travailleurs d'Algérie (PTA) avec onze sièges et du Rassemblement pour la Culture et pour la Démocratie (RCD) avec huit sièges. Le FFS perd sept sièges, le PTA perd six sièges et le troisième n’avait pas d’élus dans la précédente assemblée.

Passage en force des partis au pouvoir et de l’oligarchie

Au-delà de ces forces politiques qui structurent le paysage politique algérien, une constellation de partis et d’indépendants totalisent une cinquantaine de députés, ce qui donne l’impression d’un équilibre et d’une représentation des diverses tendance de la société.

En réalité, nous assistons plutôt à une reconfiguration du rapport de forces en faveur du FLN et du RND qui se réclament du programme présidentiel. Ils n’ont même pas besoin de forces d’appoint pour constituer leur domination sur le parlement. Ce nouveau rapport de forces est aussi l’expression d’un passage en force d’une oligarchie de plus en plus présente dans l’espace social algérien. Si jusqu’à présent, celle-ci a acquis pignon sur rue au niveau médiatique, elle est aujourd’hui en quête d’une expression politique pour asseoir sa domination sur le pouvoir.

Le patronat algérien est en effet de plus en plus impliqué dans la vie politique du pays. Les élections législatives représentent une occasion pour ces hommes d’affaires d’asseoir un peu plus leur influence au plus haut niveau. Parmi les têtes de liste du FLN à Tizi Ouzou, on retrouve le frère aîné du patron du forum des chefs d’entreprise. On trouve aussi le patron du groupe Semoulerie Industrielle de la Mitidja à la tête de la liste du RND à Blida, comme le patron du groupe Condor d'électronique et d'électroménager à la tête de la liste du RND à Bordj Bou Arreridj, ville des hauts plateaux, ou encore la nièce du patron milliardaire du groupe Cevital Issad Rebrab en tête de la liste du parti islamiste Tajamou Amal al Jazaïr (TAJ) à Tunis. Et la liste est longue, avec des patrons présents dans pratiquement toutes les listes des partis en course pour ces législatives.

Dans l’immédiat, il y a derrière ce nouveau rapport de forces un autre enjeu, la préparation des élections présidentielles de 2019, sachant que cette présidence pourrait vite devenir vacante vu la maladie d'Abdelaziz Bouteflika. Le FLN et le RND s’assurent ainsi d’être les seuls à définir les règles du jeu de cette importante échéance.

L’abstention, entre protestation et résignation

Cette offensive des partis du pouvoir et de l’oligarchie est facilitée, il faut le noter, par la grande abstention. Le sens que prend cette large abstention oscille entre une attitude de protestation passive et une résignation. Il y a dans cette sorte d’atonie l’effet de la situation internationale, une sorte de contre-modèle syrien ou libyen, avec une peur du chaos qui pourrait s’installer.

Pourtant, et en parallèle, il y a de nombreuses grèves et mouvements de contestation, mais sans traduction politique. C’est ce mouvement qu’a tenté de prolonger la liste du Parti Socialiste des Travailleurs (PST), par une expression politique sur un programme démocratique, anti­libéral et anti-impérialiste, conscient qu’un changement politique ne se fait pas par une élection à froid et convaincu qu’une victoire électorale ne peut être que le produit d’une montée en puissance des mobilisations sociales.

Mais, contraints par la nouvelle loi qui obligent les partis n’ayant pas obtenu plus de quatre pour cent des voix lors des élections précédentes à rassembler un certain nombre de signatures dans les quarante huit wilayas du pays et dépassés par les exigences financières et contraintes administratives qu’exige ce genre de travail, les militants du PST ont mené campagne et marqué leur présence dans la wilaya de Béjaïa. Ils se sont adressés à celles et ceux qui luttent et continuent à se battre, même s’ils savaient qu’ils nageaient à contre-courant d’une vague abstentionniste, y compris parmi les plus proches.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires