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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 21:17

Les partisans d'Ahmadinejad et de Moussavi manifestent à Téhéran (Associated Press)

Au lendemain de la manifestation monstre de l'opposition iranienne, plusieurs milliers de partisans de Mahmoud Ahmadinejad se sont rassemblés mardi après-midi à Téhéran, à l'appel des chefs religieux iraniens, pour exprimer leur soutien au pouvoir en place. Une nouvelle manifestation favorable à Mir Hossein Moussavi, le candidat réformateur battu à la présidentielle de vendredi, a également eu lieu dans la capitale. Le Conseil des gardiens, la plus haute instance juridique du pays, s'est déclaré prêt à recompter une partie des bulletins du scrutin contesté.

En déplacement au Gabon à l'occasion des obsèques du président Omar Bongo, le président français Nicolas Sarkozy a jugé la situation en Iran "extrêmement préoccupante", et dénoncé une réaction "brutale" et "totalement disproportionnée" du pouvoir.

"Le pouvoir prétend avoir gagné les élections haut la main. Si c'était vrai, on se demande bien pourquoi il faut mettre les opposants en prison, il faut réprimer avec une telle violence et tant de victimes les manifestations", s'est-il indigné.

Le président américain Barack Obama a, lui, réaffirmé sa "profonde préoccupation" devant "la violence dirigée contre des manifestants pacifiques" et "des manifestations pacifiques réprimées". Il a toutefois jugé qu'"il ne serait pas productif, étant donné l'histoire des relations entre les Etats-Unis et l'Iran, d'avoir l'air de se mêler" des affaires iraniennes.

Brandissant des drapeaux iraniens et des pancartes à l'effigie du guide suprême de la révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, les manifestants se sont rassemblés mardi sur la place Vali Asr (centre-nord de Téhéran) pour demander des sanctions contre les partisans du candidat réformateur battu, Mir Hossein Moussavi, qui avaient participé la veille à une manifestation géante dans la capitale iranienne pour exiger l'annulation du scrutin.

Les seules images de la manifestation de mardi disponibles étaient celles de la télévision d'Etat, les autorités iraniennes ayant interdit à tous les journalistes travaillant pour des médias internationaux de couvrir sur le terrain la situation, toujours très tendue après le scrutin de vendredi.

Cette disposition concernent tous les journalistes, y compris iraniens, oeuvrant pour des médias étrangers. Elle les oblige à ne travailler que depuis leurs bureaux, à partir d'entretiens téléphoniques ou de sources officielles telles que la télévision d'Etat. Plusieurs journalistes étrangers ont déjà commencé à quitter le pays après la décision des autorités iraniennes de ne pas renouveler leur visa de travail. Au moins dix journalistes iraniens ont par ailleurs été interpellés depuis le scrutin de vendredi; "nous sommes très inquiets" à leur sujet, a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières à Associated Press Television News (APTN).

Les partisans de M. Moussavi se sont également rassemblés à Téhéran, selon des témoins et des images amateurs obtenues par APTN, montrant une importante colonne de protestataires qui marchaient dans le calme sur une avenue du nord de Téhéran. Les images ont été tournées à peu près au moment où des milliers de personnes agitant des drapeaux iraniens et des photos du guide suprême de la révolution participaient dans l'après-midi à un rassemblement à proximité.

Un témoin a déclaré à l'Associated Press que le rassemblement pro-Moussavi s'était étiré sur plus d'1,5km le long de l'avenue Vali Asr, de la place Vanak au siège de la télévision d'Etat iranienne. Il a rapporté que les forces de sécurité n'étaient pas intervenues et que la manifestation s'était déroulée entre 17h environ et 20h. D'après d'autres témoins, une centaine de personnes protestaient toujours devant la télévision d'Etat vers 21h45 locales.

Ali Akbar Mohtashamipour, religieux réformateur proche de Mir Hossein Moussavi, a appelé à poursuivre le mouvement sans recourir à la violence.

"Si tout le peuple (...) évite les mesures violentes et poursuit sa confrontation civile, il gagnera. Aucun pouvoir ne peut s'opposer à la volonté du peuple. Je ne pense pas que le Conseil des gardiens aura le courage de s'opposer au peuple", a-t-il déclaré. "Nous avons préparé des inculpations contre le gouvernement et les organes qui ont enfreint les règles et recouru à la violence, et ce texte va être officiellement publié".

Dans un message diffusé sur son site Internet, M. Moussavi a fait savoir qu'il ne participerait pas à ce rassemblement et a demandé à ses partisans de "ne pas tomber dans le piège des émeutes de rues et de faire preuve de retenue".

Quelques heures avant ces manifestations, le Conseil des gardiens, la plus haute instance juridique d'Iran, s'était déclaré prêt à recompter une partie des bulletins de l'élection présidentielle. Cité par la télévision d'Etat, le porte-parole du Conseil des gardiens, Abbas Ali Kadkhodaei, a précisé que ce réexamen serait limité aux bureaux de vote où des candidats ont signalé des irrégularités. On ignorait dans l'immédiat combien de bureaux seraient concernés et quand les opérations commenceraient.

Malgré la tension dans le pays, Mahmoud Ahmadinejad a, lui, honoré ses obligations présidentielles lors d'un sommet sur la sécurité régionale en Russie, où il n'a pas fait mention de la situation en Iran.

La radio d'Etat iranienne a pourtant rapporté qu'au moins sept personnes avaient été tuées dans la nuit de lundi à mardi lorsque la foule participant à "un rassemblement non autorisé" avait "tenté d'attaquer un site militaire" à Téhéran. Il s'agit de la première confirmation officielle de la fusillade lors de la manifestation pro-Moussavi organisée lundi. Ces sept décès sont les premiers annoncés depuis le début des manifestations et des heurts dans la capitale iranienne. AP


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