Vous trouverez ci-dessous une intervention personnelle dans une réunion du Club Socialisme Maintenant à Paris le 22 juin 2011. La totalité de la discussion est disponible si vous consultez le site du club.
Bernard Fischer
Georges a centré sur l’Espagne dans son rapport. Il ne s’agit pas d’établir une hiérarchie entre ce qu’il se passe en Espagne et l’ampleur du
mouvement en Grèce, mais je voudrais surtout intervenir là-dessus et en particulier attirer votre attention et vous inciter à lire l’article sur la Grèce de Sthatis Kouvelakis (que l’on trouve
sur le site du club) dans une tribune de Libération ce lundi dernier. Il centre son article sur ce qui s’est passé le 15 juin en Grèce et à Athènes; le fait que c’était la convergence de deux
choses. Premièrement, le 15 juin en Grèce c’était la onzième journée de grève de vingt quatre heures appelée par les syndicats grecs mais ce jour- là il y a eu la convergence de cette grève
générale de vingt quatre heures et de ce que Kouvelakis appelle un « nouvel acteur politique » qu’il appelle « le peuple des places ». La traduction du mot « indignés » en espagnol , c’est « los
indignados » ; je n’ ai pas mémorisé sa traduction grecque mais je trouve que « le peuple des places » en rend bien le sens. Sur la dimension de crise politique, ce jour- là 15 juin, en Grèce et
à Athènes, Kouvelakis utilise le mot de « panique », celle qui s’est emparée du pouvoir politique dirigé par Papandréou. Lors de la soirée du 15 juin, dans un premier temps, Papandréou a proposé
la formation d’ « un gouvernement d’ union nationale » , puis voyant que cela ne prenait pas, ça s’est terminé par un remaniement ministériel. Il convient de souligner donc la dimension de crise
politique et puis le fait que la Grèce c’est vraiment le maillon faible de la chaîne des pays d’Europe . L’ enjeu pour le capitalisme européen c’est le maintien de la Grèce dans l’euro, son
maintien dans l’ Europe, et que cela passe par la dernière tranche du plan du FMI qu’ils n’ accordent que si le Parlement adopte le 28 juin le dernier plan d’austérité qui est dix fois pire que
les précédents.
La deuxième question qu’il faut poser et qui saute aux yeux à chaque fois qu’on essaye de participer à une assemblée ou manifestation des « Indignés » de Paris, c’est : pourquoi donc le mouvement
des « indignés » ne prend pas en France ? Pour comprendre ce qui se passe en Espagne ou en Grèce il ne faut surtout pas comparer avec ce qu’est le mouvement des « indignés » à Paris. Car c’est
exactement le contraire de ce qu’il se passe là- bas et de ce qu’il faut faire. D’une part il y a cette véritable peur de tout ce qui ressemble à un militant de gauche ou d’extrême gauche, que ce
soit du NPA, du Parti de gauche, qui que ce soit, ici « ils » ne veulent absolument pas que ces militants mettent les pieds dans ces assemblées ou manifestations et à l’inverse, comme par un
effet de miroir, on tombe sur quelques dizaines, ou centaines parfois, de jeunes complètement anti- partis. Au début ils nous disaient qu’ils étaient « apolitiques », or nous leur avons dit que
en France « apolitique » c’est la catégorie de la droite et de l’ extrême droite. De plus ils ne semblent pas avoir compris ce que font les manifestants des « indignés » d’Espagne et de Grèce car
ces derniers n’arrêtent pas de répéter que leur mouvement est totalement politique. De toute manière, pendant ce temps, la gauche des Mélenchon et autres, le NPA et sa conférence nationale, ce
qui les intéresse c’est les élections présidentielles de 2012. Là il y a un problème, un décalage.