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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 20:07

 

 

Jérôme Cahuzac avoue avoir un compte à l’étranger

 

 

PARIS (Reuters) - Jérôme Cahuzac a avoué mardi détenir un compte bancaire à l'étranger depuis environ vingt ans, ce qu'il avait toujours nié jusqu'ici, et demandé « pardon » à François Hollande, au gouvernement et à l'assemblée nationale pour avoir menti.

 

Les aveux de l'ancien ministre du budget, qui a été contraint à la démission il y a deux semaines après l'ouverture d'une information judiciaire sur ce compte à l'époque encore présumé, ont provoqué un choc dans la classe politique.

 

François Hollande qui, comme le gouvernement, avait maintenu sa confiance à l'un des membres les plus importants de son équipe sur la foi des dénégations de Jérôme Cahuzac, a pris acte « avec grande sévérité » de ces aveux.

 

« En niant l'existence de ce compte devant les plus hautes autorités du pays ainsi que devant la représentation nationale, il a commis une impardonnable faute morale. Pour un responsable politique, deux vertus s'imposent : l'exemplarité et la vérité », a déclaré le président français dans un communiqué.

 

Jérôme Cahuzac a confirmé mardi l'existence de ce compte lors d'une entrevue, à sa demande, avec les juges d'instruction Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke, qui ne lui ont pas posé de questions, a-t-on appris de source judiciaire.

 

Ils l'ont mis en examen pour « blanchiment de fraude fiscale » et « blanchiment de fonds provenant de la perception par un membre d'une profession médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale », a-t-on précisé de même source.

 

« DÉVASTÉ PAR LE REMORDS »

 

« Je les ai informés de ce que j'avais d'ores et déjà donné les instructions nécessaires pour que l'intégralité des actifs déposés sur ce compte, qui n'a pas été abondé depuis une douzaine d'années, soit environ six cent mille euros, soient rapatriés sur mon compte bancaire à Paris », dit Jérôme Cahuzac sur son blog.

 

« Au président de la république, au premier ministre, à mes anciens collègues du gouvernement, je demande pardon du dommage que je leur ai causé », ajoute-t-il. « J'ai été pris dans une spirale du mensonge et m'y suis fourvoyé. Je suis dévasté par le remords ».

 

L'affaire avait été révélée par Mediapart en décembre 2012 et Jérôme Cahuzac avait immédiatement répliqué par une plainte en diffamation contre le site d'informations sur internet.

 

Le ministre avait nié en conseil des ministres et devant l'assemblée avoir jamais détenu un compte à l'étranger.

 

« Je n'ai pas, je n'ai jamais eu de comptes à l'étranger ni maintenant, ni avant », avait-il dit le 5 décembre devant les députés et même l'opposition de droite l'avait épargné.

 

Jérôme Cahuzac a pris l'initiative de demander un rendez-vous aux deux magistrats du pôle financier du Tribunal de grande instance (TGI) de Paris, qui avaient été désignés le 20 mars pour enquêter après l'ouverture d'une information judiciaire.

 

Le Canard enchaîné affirme que des transferts pour un million d'euros auraient été réalisés vers un compte suisse à la banque UBS dans les années 1990. Ce compte aurait été dans un premier temps fermé et son contenu transféré vers un compte domicilié dans une autre banque suisse, Reyl and Company.

 

Ce dernier aurait été à son tour fermé en 2010 et son contenu viré sur un compte de la succursale de Reyl and Company à Singapour, sur lequel il resterait environ cinq cent mille euros.

 

L'Elysée a dit n'avoir pas été mis au courant des intentions de Jérôme Cahuzac de passer aux aveux.

 

« MONTÉE DES EXTRÉMISMES »

 

Un témoin auditionné pendant l'enquête préliminaire de police a indiqué que les sommes versées sur le compte suisse proviendraient de laboratoires pharmaceutiques avant le début de sa carrière politique, alors qu'il était chirurgien, a rapporté le parquet de Paris.

 

L'information a fait l'effet d'une bombe dans le monde politique, et d'abord à l'assemblée nationale, où de nombreux députés ont réclamé sa démission du Palais Bourbon.

 

« Je suis effaré, c'est un choc, un véritable choc », a déclaré le député PS Razzy Hammadi. « Notamment pour l'image que peuvent avoir de nous nos concitoyens. C'est dur, c'est rude ».

 

Pour le député UMP Philippe Gosselin, « c'est un discrédit complet, discrédit et déshonneur ».

 

« Mentir à la justice de son pays, mentir au président de la république qui soi-disant voulait une république irréprochable, mentir à la représentation nationale », a-t-il ajouté. « Donc je crois que Jérôme Cahuzac n'a rien à faire dans ces lieux, il ne doit pas revenir à l'assemblée nationale ».

 

Charles de Courson, député UDI (centriste) a souligné que cette affaire risquait de « faire monter tous les extrémistes de ce pays qui disent tous pourris ».

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