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8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 19:16

http://www.liberation.fr/societe/2014/10/05/l-escalade-d-ulcan-hacker-sans-foi-ni-loi_1115523

L’escalade d’Ulcan, hacker sans foi ni loi

Par Pamela Chatain

Dimanche 5 Octobre 2014

Après la mort du père d’un journaliste harcelé par le pirate informatique, une nouvelle information judiciaire a été ouverte par la justice.

A Paris, des juges d’instruction vont enquêter sur les actes de malveillance imputés au hacker Grégory Chelli, trente-deux ans, alias Ulcan, « militant sioniste » revendiqué, ancien membre de la Ligue de Défense Juive (LDJ), basé à Ashdod en Israël. Outre le dossier ouvert mi-août 2014 sur ses piratages informatiques de sites pro-palestiniens et surtout du pure player www.rue89.com, sur ses tentatives contre Libération, Mediapart ou i-Télé, une nouvelle information judiciaire vise ses attaques personnelles, ses divulgations de données privées et ses prétendus « canulars hardcore » téléphoniques. Pour se venger d’un portrait de lui sur www.rue89.com l’ayant énervé, Grégory Chelli s’en est pris à l’auteur de l’article, Benoît Le Corre, et au cofondateur du site Pierre Haski. Suivant sa tactique habituelle, Ulcan se procure des renseignements sur ses cibles par un coup de fil dans un commissariat. Il se fait alors passer pour un officier de la BAC, fournit un nom de code genre « TN 812 aux Lilas » et, rompu au jargon flic, demande « une vérification TAJ » (Traitement des Antécédents Judiciaires) avec un aplomb tel que le brigadier de permanence lui donne tous les éléments de la fiche. Grégory Chelli s’empresse de les divulguer sur son compte twitter et de diffuser, sur son site baptisé Violvocal, les enregistrements de ses « canulars » de très mauvais goût. Après Dieudonné, Alain Soral ou Tariq Ramadan, Ulcan a, selon un enquêteur, « piégé une gardienne de la paix de Marseille pour obtenir la fiche TAJ de Djamel Debbouze et de sa compagne ».

Infarctus. Pire, Grégory Chelli a appelé les parents du journaliste Benoît Le Corre pour leur faire croire que leur fils était mort. Puis, le hacker a utilisé, selon une technique de piratage, le numéro de téléphone du père et a usurpé son identité pour annoncer au commissariat de Dammarie-les-Lys qu’il venait de tuer sa femme et son fils. Ce qui a provoqué une intervention de police au domicile familial en pleine nuit, puis une crise cardiaque du père, qui a plongé dans le coma avant de succomber, la semaine dernière. Certes, comme l’a dit Pierre Haski, patron de www.rue89.com, « le père de Benoît était une personne à hauts risques, selon les médecins, mais il est difficile de ne pas faire le lien avec le stress éprouvé les jours précédant cet infarctus ». Les juges vont s’intéresser aux circonstances de ce décès dans le cadre fixé par le parquet de Paris de « violences volontaires avec préméditation ayant entraîné la mort ».

D’autres délits attribués à Grégory Chelli sont visés dans la procédure confiée à la Brigade de Répression de la Délinquance contre les Personnes (BRDP), tels que les « dénonciations de crimes imaginaires ou la diffusion de documents portant atteinte à l’intimité de la vie privée ».

Pierre Haski lui-même fit les frais des manœuvres détestables d’Ulcan, qui a piqué son identité et son numéro pour appeler en août le commissariat du dixième arrondissement de Paris, « j’ai tué ma femme. Je suis retranché chez moi avec une arme et si je vois des flics, je leur tire dessus ». L’immeuble et la rue de Pierre Haski, pris pour « un dangereux forcené », ont été bouclés par la police.

Mer Morte. A son tour, le numéro deux de la Brigade d’Enquêtes sur les Fraudes aux Technologies de l’Information (BEFTI), saisie par un juge afin de traquer le hacker pour ses « accès frauduleux, modification de données et entraves au fonctionnement » d’un système de traitement automatisé de données, a été harcelée au téléphone par Grégory Chelli qui s’est filmé, « torse nu, bronzé et moite, kippa sur la tête, sous le cagnard », explique une source proche du dossier. Les enquêteurs l’ont localisé à Ashdod « grâce aux adresses IP qu’il utilise et à la téléphonie ». Ils ajoutent que « Grégory Chelli détient également des comptes bancaires à Ashdod » abondés notamment par les revenus d’un site pornographique qu’il avait monté en Roumanie en 2010. Une équipe de « complément d’enquête » est d’ailleurs allée l’interwiever dans cette station au bord de la Mer Morte.

« Fumeur de joints », selon ses aveux à Libération, à l’ego démesuré, Grégory Chelli se prend pour le plus gros hacker de tous les temps et se sent intouchable en Israël qui n’a pas de convention d’extradition avec la France. Il n’empêche que « la coopération franco-israélienne fonctionne plutôt bien », si l’on en croit un magistrat, et que des « négociations diplomatico-politico-judiciaires ont déjà abouti », avec la livraison à Paris en France par Tel-Aviv de l’escroc de haut vol Gilbert Chikli, rattrapé à Ashdod, et de Cyril Astruc, arnaqueur supposé à la taxe carbone.

Rectificatif. Suite à la publication de cet article, Lorraine Gay, avocate de Cyril Astruc, apporte le rectificatif suivant, « sans m’attarder sur la présentation rapide et lapidaire de Cyril Astruc dans le cadre d’un article sur un personnage tel qu’Ulcan, vous citez surtout son nom à titre d’exemple de la coopération franco-israélienne en matière d’extradition, évoquant sa livraison aux autorités françaises. Or, Cyril Astruc, arnaqueur supposé à la taxe carbone comme vous le qualifiez, s’est rendu de son propre chef en janvier 2014 aux autorités françaises, sans extradition ni livraison quelconque par Israël, de sorte que ce que vous écrivez à ce sujet est erroné ».

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