Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 mars 2019 4 14 /03 /mars /2019 19:22

 

 

https://www.solidarites.ch/journal/d/article/9113

 

 Lutter pour un monde plus juste

Notre rédaction s'est entretenue avec Anna Gabriel, ancienne députée de la Candidature d'Unité Populaire (CUP) au parlement de Catalogne, au sujet des procès qui se sont ouverts contre les représentants institutionnels du gouvernement catalan pour sédition.

Juan Tortosa. Dix représentants du gouvernement catalan et deux porte--paroles des mouvements sociaux, de l'Assemblée Nationale Catalane (ANC) et de l'Omnium Cultural, en prison depuis une année, sont appelés à comparaître depuis le 12 février 2019. Pourquoi ce procès ?

Anna Gabriel. Le procureur général de l'état espagnol a déposé une plainte pénale contre le gouvernement et l'ensemble du bureau du parlement de Catalogne. Ils sont accusés de rébellion et de sédition. Les deux présidents de l'ANC et de l'Omnium Cultural, associations qui comptent cent soixante mille membres, sont emprisonnés depuis le 16 octobre 2018 au motif qu'ils auraient pu inviter la population à une mobilisation, un appel jugé criminel par le procureur de l'état espagnol. Le parti d'extrême droite Vox, récemment élu au sein du parlement andalou, fait partie de l'accusation. Placé aux côtés des avocats de l'état, il demande soixante quatorze ans de prison pour les prisonniers politiques. Vox, fort de son récent succès, a été invité cette semaine au parlement européen par le parti Loi et Justice de Hongrie qui soutient littéralement que l'immigration peut amener en Europe des pandémies ou encore que la loi contre les violences de genre doit être abrogée. Ce procès signifie la défaite de la société civile. Il est la conséquence de l'irresponsabilité de nombreux dirigeants politiques de l'état espagnol, qui déclarent depuis des décennies que l'unité de l'Espagne ne peut pas être remise en cause. Donc, ce procès est un non-sens. C'est pourquoi certains défenseurs et certains accusés ont clairement déclaré vouloir accuser l'état espagnol de violations des droits fondamentaux perpétrées au nom de l'unité de l'Espagne.

Juan Tortosa. Et maintenant, que faire ?

Anna Gabriel. Il faut continuer à défendre la lutte pour les droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques, car elle en vaut plus que jamais la peine. Continuer à nous battre, car pour l'instant aucun argument raisonnable n'a été avancé qui indique qu'un référendum n'est pas un bon moyen de connaître le véritable appui de la population à l'indépendance de la Catalogne, une confrontation indispensable contre l'état espagnol que la CUP articule avec la nécessité de proposer des alternatives économiques au système actuel. Dans le cadre de la monarchie parlementaire, de par la genèse même de l'état espagnol, et cela nécessiterait une analyse approfondie, il y a peu d'options pour la création d'un système économique plus juste et générant moins d'inégalités. Les partis de gauche ont trop souvent relégué la question de l'indépendance à un addendum de leur lutte politique et sociale. Notre alliance avec eux passe par la reconnaissance de l'exigence de fonder la république, qui est le meilleur moyen de démocratiser l'état. Certains pourraient penser qu'il faut oublier tout ce qui s'est passé et attendre de voir si, un jour prochain, les deux tiers du congrès espagnol décident de modifier la constitution espagnole de 1978, notamment l'article stipulant que l'unité de l'état espagnol est indissoluble. Notre réponse est simple. Nous ne luttons pas pour établir un nouveau cadre territorial. Nous voulons contribuer à un monde plus juste, nous voulons mettre la vie au centre et nous désirons établir des normes juridiques et politiques qui répondent aux besoins de la majorité de la population et non des élites. Rien de tout cela n'est possible dans le cadre de l'état espagnol, malheureusement, car la tendance à l'autoritarisme est encore trop présente. Ainsi, je ne sais pas si la république catalane sera féministe, mais je sais qu'il sera possible, au moins, d'avoir un processus permettant de définir des bases constitutionnelles dans une perspective de genre. C'est déjà beaucoup plus que ce que nous avons et c'est quelque chose que nous ne pouvons ni ne devons abandonner.

Partager cet article
Repost0

commentaires