Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 18:33

 

 

https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/sncf/sncf-quatre-questions-sur-le-dispositif-equipement-agent-seul-au-centre-du-mouvement-social-des-cheminots_3664939.html

 

Quatre questions sur le dispositif Equipement Agent Seul (EAS), au centre du mouvement social des cheminots

Les syndicats de cheminots critiquent la présence d'un seul agent à bord de certains trains, comme dans celui accidenté mercredi dans les Ardennes, Mercredi 16 Octobre 2019.

Un mouvement social inopiné perturbe le trafic ferroviaire dans de nombreuses régions, Vendredi 18 Octobre 2019. Des cheminots ont fait valoir leur droit de retrait à la suite d'un accident survenu sur un passage à niveau dans les Ardennes, Mercredi 16 Octobre 2019, où une collision entre un camion et un Train Express Régional (TER) a fait onze blessés.

Le conducteur, unique agent à bord du train, a dû gérer la situation. Le train fonctionnait en EAS, un système qui permet de faire circuler les trains sans contrôleur. Ce dispositif est vivement critiqué par les syndicats qui évoquent des risques pour les voyageurs et les conducteurs. France Info fait le point sur ce mode d'exploitation des trains.

Le système EAS permet de faire circuler les trains sans contrôleur. « C'est un dispositif qui existe depuis près de quarante ans en Ile-de-France », explique un porte-parole de la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCF) à France Info. La possibilité d'étendre ce mode d'exploitation en province a été évoquée dès 2002, au moment de la régionalisation des transports ferroviaires. Plusieurs régions pilotes, comme la Picardie, ont testé ce dispositif. « Depuis quatre ou cinq ans, il a été progressivement déployé », indique un porte-parole de la SNCF. Aujourd'hui, l'EAS est présent dans toutes les régions, indique la SNCF. « Les trois-quarts des TER sont exploités seuls à bord », ajoute Jean-Baptiste Djebbari, le secrétaire d’état aux transports.

L'objectif principal de ce système est de lutter contre la fraude. Il permet « de renforcer et de concentrer la présence humaine dans les trains où les fraudes et les incivilités sont des phénomènes importants et de l'alléger sur certains autres services », indiquait en 2002 le ministère des transports. « La SNCF perd chaque année cent millions d'euros sur les lignes des TER à cause de la fraude », justifie un porte-parole de la SNCF.

En mode EAS, le conducteur assure lui-même la fermeture des portes, fait les annonces et surveille les passagers, des opérations normalement assurées par le contrôleur. Pour que le conducteur soit autonome, les trains sont notamment équipés d'un système de fermeture automatique des portes, d'un dispositif audio et de caméras.

La Confédération Générale du Travail (CGT), la Fédération Générale Autonome des Agents de Conduite (FGAAC) de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT), la CGT Force Ouvrière et le Syndicat Unitaire et Démocratique (SUD), sont vent debout conte la circulation de trains sans contrôleur. « Le rôle du contrôleur ne se limite pas à la vérification des billets, il assure aussi la sûreté du train et la sécurité des passagers », explique Bruno Poncet, secrétaire fédéral de SUD Rail, à France Info.

« Dans ces nouveaux TER où il n'y a plus de contrôleurs, dès qu'il y a une collision, le conducteur ne peut plus assurer la sécurité », alerte Olivier Maigret, secrétaire général de la fédération des cheminots de la CGT du secteur de Reims, où le mouvement a été lancé. « C'est un miracle qu'il n'y ait eu que des blessés », dit Bruno Poncet, en évoquant l'accident de train dans les Ardennes. « C'est l'agent de conduite, blessé, qui est arrivé à appliquer les règles de sécurité pour arrêter un train qui arrivait en face et à éviter le sur accident », explique un communiqué publié par SUD Rail.

L'absence de contrôleurs dans les trains engendrerait également des tensions entre les passagers, selon les syndicats. « Cela a aggravé les problèmes de sécurité dans les trains. Il y a des agressions physiques, notamment le soir », déplore le secrétaire fédéral de SUD-Rail.

Les syndicats critiquent aussi la mise en place prochaine d'une nouvelle procédure de départ des trains, qui doit entrer en vigueur le 15 décembre 2019, autorisant à supprimer les agents sur les quais. Ce serait alors au conducteur de s'assurer lui-même que le train peut partir en toute sécurité.

Pour Bruno Poncet, cet accident est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Du côté de la fédération des cheminots de la CGT, Olivier Maigret pense que l'objectif principal de l'exploitation EAS est la réduction des coûts. « Les gains économiques ne peuvent pas se faire sur le dos de la sécurité et de l'humain », a dit Olivier Maigret à France Info.

Dans un communiqué, la fédération des cheminots de la CGT, premier syndicat de la SNCF, « exige le retour de contrôleurs sur l'ensemble de ces circulations afin de permettre aux agents de conduite de se concentrer uniquement sur la gestion de la sécurité ferroviaire ». Même son de cloche chez SUD-Rail, « nous voulons que la SNCF prenne des décisions fortes », dit Bruno Poncet à France Info, « il faut remettre du personnel dans les trains ».

D'autres revendications sont également annoncées. La fédération des cheminots de la CGT a exigé le « déclenchement immédiat de rencontres dans les régions sur l'équipement des trains ». De son côté, SUD-Rail souhaite « un calendrier d'embauches immédiates de contrôleurs et l’abandon de la suppression des autorisations des départs des trains dans les gares », indique un communiqué. La FGAAC de la CFDT a aussi demandé « le report de la mise en application le 15 décembre 2019 des évolutions des règles des départs des trains ».

Pour tenter de trouver une issue à ce mouvement social, une réunion de concertation entre les syndicats et la direction a été organisée Vendredi 18 Octobre 2019 au siège de la SNCF. « Nous sommes bien dans une grève qui se passe aujourd'hui sans préavis et qui, de ce point de vue, n'est pas acceptable », a cependant dénoncé Franck Lacroix, directeur général des TER de la SNCF.

Il affirme être réceptif aux inquiétudes des cheminots qui dénoncent le manque de sécurité dans les trains faute de contrôleur. Mais pour l'entreprise, EAS est un dispositif éprouvé.

« Cela fait des années que ce dispositif est déployé en Ile-de-France, avec des rames de Réseau Express Régional (RER) bien plus remplies que les TER », a dit un porte-parole de la SNCF à France Info.

Dans un communiqué, l'entreprise a promis « une concertation territoriale dans chacune des régions, sur des questions de sécurité et de sûreté posées par les conducteurs, une réunion de concertation nationale entre la direction et l'ensemble des organisations et l'étude de la possibilité juridique et technique de repousser de quelques mois la nouvelle procédure de départ des trains ».

Partager cet article
Repost0

commentaires