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18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 17:56

 

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/syrie/offensive-turque-en-syrie/offensive-turque-en-syrie-que-prevoit-le-cessez-le-feu-organise-par-washington-et-ankara_3664841.html

 

Offensive turque en Syrie, que prévoit le cessez-le-feu organisé par Washington et Ankara ?

Les Etats-Unis et la Turquie ont annoncé cinq jours de trêve, pour permettre aux kurdes d'évacuer les zones d'affrontement en Syrie.

Un accord inattendu, la Turquie a accepté, Jeudi 17 Octobre 2019, de suspendre son offensive dans le nord-est de la Syrie pour cinq jours. C'est le résultat d'une négociation de plus de quatre heures, entre le vice-président américain, Mike Pence, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Mais que contient cet accord, longtemps boudé par la Turquie ? Faut-il en conclure que la guerre est terminée ?

Cette trêve est surtout l'occasion pour la Turquie d'obtenir ce qu'elle revendiquait par les armes, la création d'une zone de sécurité, de trente deux kilomètres de profondeur sur quatre cent kilomètres de long, allant de l'Euphrate à la frontière irakienne. Ankara milite depuis plusieurs mois en faveur de cette mesure qui devrait satisfaire deux de ses exigences, repousser les unités de protection du peuple (YPG), considérées par la Turquie comme une organisation terroriste, et permettre le rapatriement des réfugiés syriens.

Pour le moment, l'accord prévoit uniquement le retrait des troupes kurdes et alliées des zones d'affrontement entre les deux camps. « Nous pourrons arrêter l'opération seulement lorsque les forces kurdes se seront retirées complètement de la région », a toutefois précisé le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu. Mike Pence a par ailleurs affirmé que Washington avait commencé à « faciliter le retrait des forces kurdes de cette zone de près de trente deux kilomètres en Syrie au sud de la frontière turque ».

Les turcs ont toutefois promis aux Etats-Unis que cette zone tampon serait temporaire et qu’elle n'impliquerait pas de déplacements massifs de populations, a indiqué le représentant spécial américain pour la Syrie, James Jeffrey.

Malgré le feu vert plus ou moins implicite donné par Donald Trump à Ankara, avec le retrait des troupes américaines, la Maison Blanche avait vivement désapprouvé l'offensive turque. Le tollé international qui a suivi a poussé les Etats-Unis à infliger de lourdes sanctions à la Turquie. Les ministres turcs de l’énergie, de la défense et de l’intérieur sont personnellement interdits de séjour aux Etats-Unis, les transactions internationales en dollar d'Ankara sont bloquées, les droits de douane sur l'acier turc sont revus à la hausse de cinquante pour cent et les négociations commerciales entre les deux pays sont bloquées. Lors de la déclaration conjointe avec la Turquie, Mike Pence a annoncé que ces sanctions seront levées dès lors que l'offensive aura cessé.

L'offensive turque contre les forces des YPG a suscité de vives réactions du fait de l'implication des kurdes dans la lutte contre le groupe Etat Islamique. Ils étaient la principale force au sol pour combattre les djihadistes et ils sont à l'origine du recul significatif de l'Etat Islamique en Syrie. Ils ont notamment repris Kobané, première défaite symbolique pour l’Etat Islamique, puis Tell Abyad et Raqqa.

Les dirigeants de l'Union Européenne ont fermement condamné, lors d'un sommet à Bruxelles, « l'intervention militaire menée unilatéralement par la Turquie, qui provoque des souffrances humaines inacceptables, qui compromet la lutte contre l’Etat Islamique et qui menace gravement la sécurité européenne ». Huit cent proches de djihadistes, vivant dans des camps gérés par les kurdes, se sont échappés lors de l'offensive.

A l'annonce du cessez-le-feu, la Turquie et les Etats-Unis se sont donc engagés à « poursuivre les efforts visant à éliminer l'Etat Islamique dans le nord-est de la Syrie », ainsi qu'à se coordonner au sujet des centres de détention des djihadistes.

Dans les faits, un cessez-le-feu est toujours difficile à mettre en place dans cette région du Moyen-Orient. « Les cessez-le-feu qu'il a pu y avoir dans la région ont toujours été très fragiles », a estimé au micro de France Info Michel Goya, spécialiste des questions militaires, « là, en l'occurrence, il y a beaucoup d'acteurs présents, de forces et de milices, qui sont regroupées sous plusieurs bannières de part et d'autre, donc tout n'est pas forcément complètement contrôlable. Il n'y a pas que des kurdes, des turcs et l'armée syrienne, dans la région ».

D'autant plus que les contours de l'accord restent flous. Selon Mazlum Kobane, l’un des leaders des YPG en Syrie, le cessez-le-feu se limitera aux régions situées entre Tell Abyad et Ras al-Aïn, deux points stratégiques du combat. En aucun cas, la frontière ne sera contrôlée par les turcs, a-t-il promis. De leurs côtés, les turcs refusent même de parler de cessez-le-feu, estimant qu'aucun accord n'a été passé directement entre les deux parties.

Malgré la trêve, des raids aériens de la Turquie ont tué des civils Vendredi 18 Octobre 2019 dans le nord de la Syrie, selon l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme (OSDH).

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