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23 octobre 2020 5 23 /10 /octobre /2020 17:29

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/notre-constitution-c-est-votre-depart-le-hirak-pour-un-boycott-du-referendum-constitutionnel-en-algerie_4150695.html

 

« Notre constitution, c'est votre départ », le hirak rejette le référendum constitutionnel en Algérie

Alors que les peines de prison pleuvent contre les figures du hirak, les algériens sont appelés à se prononcer le premier novembre 2020 sur la nouvelle constitution, présentée par le président Abdelmadjid Tebboune comme une grande avancée de la démocratie et des libertés.

Jeudi 22 Octobre 2020

« Etes-vous d'accord sur le projet de révision de la constitution qui vous est proposé », les algériens sont appelés à répondre à cette question le premier novembre 2020, date anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale". Pour le pouvoir algérien, cette nouvelle république doit être un moment de réconciliation et mettre fin à la mobilisation populaire du hirak, lourdement réprimée ces derniers mois.

Les militants du hirak ne veulent pas de cette constitution écrite par le pouvoir. Ils réclament depuis le début du mouvement l'élection d’une assemblée constituante chargée d’écrire une nouvelle loi fondamentale qui serait le fruit des aspirations populaires.

Le dialogue de sourds et la confrontation entre le pouvoir algérien et le hirak se poursuivent. Selon le premier ministre Abdelaziz Djerad, la nouvelle constitution vise à mettre l'Algérie à l'abri des dépassements autocratiques et hégémoniques qu'elle a connus par le passé, « elle s'inscrit en droite ligne des exigences de l'édification de l'état moderne et elle répond aux revendications du hirak populaire authentique béni », a même déclaré le président Abdelmadjid Tebboune lors d’un conseil des ministres.

Ce programme est alléchant mais il est peu crédible selon l'opposition, alors que ce même pouvoir envoie chaque jour en prison journalistes, avocats et tous ceux qui réclament un véritable changement. « A quoi donc sert une loi fondamentale, si elle est foulée aux pieds avant même d’être adoptée. Il en est pratiquement de même pour tous les principes démocratiques énoncés à travers une multitude d'articles, mais restés lettre morte », écrit dans le Watan le chroniqueur Abderezak Merad.

Sauf que, pour l'opposition, cette constitution est tout sauf un changement. Elle renforce l’autorité du président de la république et de l’armée et elle voit s’éloigner un objectif majeur du hirak, une réelle séparation entre le pouvoir politique et le pouvoir judiciaire. D'autant que ce référendum arrive alors que la répression s’accélère et qu'elle frappe toutes les voix discordantes.

« Le Front des Forces Socialistes (FFS) ne cautionnera pas le scrutin du premier novembre 2020 qui constitue une énième violence constitutionnelle et un coup de force de trop contre la volonté populaire », a écrit Youcef Aouchiche, premier secrétaire du FFS, dans un communiqué du FFS.

Pour le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), par la voix de son leader Saïd Sadi, « l'hyper présidentialisme est digne des folklores constitutionnels des républiques bananières et la confusion des pouvoirs constitue la trame et l'esprit d'un texte qui n’aura pour seule finalité que de paralyser davantage une administration incapable de curer les caniveaux à chaque automne ».

Même son de cloche du côté du FFS, « notre constitution, c'est votre départ ». Cette formule est devenue le hashtag en arabe de l'opposition sur Twitter.

Mais les algériens vont-ils prendre le temps de lire les deux cent vingt cinq articles du texte constitutionnel ? Rien n’est moins sûr. Echaudés par des décennies de confiscation politique, ils savent que les bonnes constitutions ne font pas nécessairement les bonnes pratiques politiques.

Ce référendum vise surtout à éteindre définitivement la révolte populaire. Tout étudiant en science politique sait que les référendums servent rarement à répondre à la question posée, mais plutôt à adouber le pouvoir qui pose la question. A vrai dire, pour l'opposition, le taux de participation sera l'unique enjeu de ce référendum. Sera-t-elle entendue, alors que seuls les partis qui appellent à voter sont autorisés à faire campagne ?

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