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2 juin 2022 4 02 /06 /juin /2022 17:07

 

 

https://ukrainesolidaritycampaign.org/2022/05/09/fascism-and-the-imperialism-of-the-kremlin/

 

Le fascisme et l’impérialisme du Kremlin

Par André Rumata, militant de la Ligue Socialiste Ukrainienne

Lundi 9 Mai 2022

L’essence de tout impérialisme d’une civilisation humaine est d’étendre son influence, dans tous les sens du terme, mais l’impérialisme a toujours pris des formes différentes selon la formation sociale. Si l’impérialisme féodal a poursuivi l’expansion de ses territoires en faisant appel aux guerres de religion, l’impérialisme capitaliste cherche des justifications entièrement différentes pour ses ambitions impériales. L’expansion du capital est le but de la formation sociale capitaliste, mais même ce processus doit être habillé d’une certaine forme idéologique. Les guerres de religion ne sont pas entièrement convaincantes dans une société bourgeoise. À la place de l’idéologie féodale, elle s’approprie des slogans tels que la défense de la patrie, le patriotisme des masses et, sans surprise, la protection des valeurs démocratiques.

La première guerre mondiale a très bien montré comment le capital de divers pays industriels a tenté de dépasser ses limites nationales. L’empire allemand de 1871 à 1918 en est un exemple frappant. Le carnage mondial auquel se livraient les principaux pays du monde était caractérisé par un grand chauvinisme. Le point culminant des idées chauvines fut l’Allemagne nazie, qui a conduit à la seconde guerre mondiale. C’est le fascisme qui est devenu le masque idéologique ultime porté par le capital dans son expansion impérialiste vers d’autres nations.

« Le fascisme est l’hypnotisme démagogique des masses », disait un révolutionnaire qui pour ses idées a été expulsé par le pouvoir mondial de la réaction vers le Mexique. C’est ainsi. Le fascisme n’est rien d’autre qu’une vague massive de réaction embrassant toutes les croyances et toutes les classes de la société, à l’avant-garde de laquelle se trouve la classe dirigeante. Elle dépense une grande partie de son pouvoir et de ses moyens d’agitation, de propagande et d’incitation matérielle pour transformer les masses en zombies. Le but ultime de cette zombification des masses est une campagne nationaliste contre d’autres nations pour l’expansion de son capital, car il semble impossible autrement de résoudre les contradictions capitalistes mondiales. Pour être succinct et précis, le fascisme considère que sa mission est de créer des esclaves dont l’esprit est bourré de merde chauvine. La pensée critique des victimes du fascisme est strictement interdite.

La Fédération de Russie de 2022 n’a pas fait exception à cette règle. Dans la nuit du Mercredi 23 Février au Jeudi 24 Février 2022, le Kremlin a commencé sa guerre contre l’Ukraine. Les agresseurs russes, menés par Vladimir Poutine, semblent bien décidés à répéter les exploits d’Adolf Hitler. La justification de leur acte de guerre a été qualifiée par le Kremlin de dénazification de l’Ukraine et elle a été justifiée par le fait que l’Ukraine est une terre russe. Il n’est pas nécessaire de contrer ces absurdités, car l’histoire elle-même s’en moque, joyeusement et en même temps tragiquement. Mais ce qui semble encore plus ironique, c’est le désir de détruire les fascistes ukrainiens, qui bien sûr n’ont pas été trouvés. Le fascisme est l’expression des ambitions impérialistes et les russes, sans le savoir, ont trouvé le fascisme en eux-mêmes.

De nombreuses villes ukrainiennes ont fait l’expérience des sirènes aériennes qui hurlent la nuit de manière perçante, annonçant l’arrivée prochaine d’une roquette meurtrière en provenance du côté russe. Un certain nombre de villes n’existent plus, comme c’est le cas pour les personnes, et la terrible chronique de la ville de Boutcha ne fait que révéler toute l’essence de l’abomination fasciste qu’incarne le soldat russe. Nombreux sont ceux qui, avec une surprise dégoûtée, notent comment les soldats fascistes du Kremlin soumettent les ukrainiens à l’humiliation et aux violences sexuelles. Dans le même temps, les citoyens russes à l’intérieur ont embrassé l’occultisme, tandis que le pouvoir bureaucratique de Moscou serre les vis du régime totalitaire. Mais il n’y a pas de mystère ici, car le fascisme n’aurait pas eu le soutien populaire de quatre-vingt-dix pour cent des russes s’il n’avait pas développé et encouragé les penchants égoïstes et chauvins de l’étroitesse d’esprit. Le bétail est un bon serviteur du maître de l’idéologie fasciste de la conscience endormie.

Les raisons du fascisme de la Russie sont claires. Outre le chauvinisme grand russe, la Fédération de Russie dispose de quantités considérables de capital national, le pays l’étend à sa portée. En même temps, le capital du Kremlin n’occupe pas une position assez forte dans la division internationale du travail et des forces productives et il ne peut être économiquement compétitif ni avec les Etats Unis et l’Union Européenne, ni avec la Chine. Pour surmonter cette contradiction et pour montrer sa puissance, la bureaucratie russe commence son expansion militaire vers les régions qu’elle considère comme sa propriété impérialiste stratégique. Tous les voisins de la Russie le savent mais, pour formaliser cet intérêt économique dans un dossier rempli de slogans politiques, il faut du fascisme et le Kremlin l’a obtenu.

La Fédération de Russie et son leader Vladimir Poutine se sont retrouvés dans le rôle d’agresseurs fascistes, ce qui peut paraître farfelu au vingt et unième siècle. L’impérialisme mondial ne tolérera pas le scandale de Vladimir Poutine, l’Ukraine ne tolérera pas les tentatives d’atteinte à son indépendance nationale, elle s’y opposera autant qu’elle le pourra et le fascisme, à son tour, ne tolérera pas un citoyen russe affamé, humilié et berné. Le régime est en train de creuser sa propre tombe. Ses ambitions sont trop grandes, de même les attentes qu’il a de lui-même, mais la capacité réelle de répondre à ces ambitions le désespère.

La guerre russe contre l’Ukraine est la démonstration d’un impérialisme capitaliste classique, où le capital et les forces productives cherchent à atteindre un nouveau niveau et à dépasser les cadres nationaux parce que ceux-ci les contraignent. Les guerres inter-impérialistes ne résoudront pas le problème de la formation capitaliste mais elles ne feront que l’intensifier. Il faut une autre force pour résoudre ces problèmes. Il faut une force internationale, solidaire et indépendante de la dictature du capital qui aime parfois porter les vêtements fous et laids du fascisme.

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