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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 20:10
L'impasse de Beyrouth

La violence quotidienne complique la formation d'un gouvernement d'union.


De notre correspondante à Beyrouth
ISABELLE DELLERBA


QUOTIDIEN : samedi 7 juin 2008

 

Trois semaines après la signature de l’accord de Doha (Qatar), qui devait mettre fin aux violences et a défini les étapes d’un processus de sortie de crise, rien n’est pour autant réglé au Liban. Si le général Michel Sleimane a bien été élu à la présidence de la République le 25 mai, premier pas vers une normalisation de la situation après six mois de vacances à la tête de l’Etat, de nombreux obstacles politiques entravent la formation d’un gouvernement d’union nationale, deuxième volet de l’accord, et surtout, dans la rue, les atteintes à la sécurité se poursuivent.

 


«Les gens qui nous soutiennent sont toujours victimes d’exactions de la part des miliciens de l’opposition»,
affirme Nabil de Freige, député du Courant du futur, le parti sunnite de la majorité dirigé par Saad Hariri. «Au Qatar, il avait été convenu que tout recours aux armes était désormais interdit et que la sécurité des citoyens devait être assurée. C’est fondamental. Nous avons décidé de geler notre participation aux négociations pour la formation d’un nouveau cabinet tant que cette clause de l’accord ne sera pas respectée.» Mardi soir, Imad Zaghloul, un militant du parti, avait été attiré dans un guet-apens, arrosé de balles et grièvement blessé. L’incident de trop pour le Courant du futur, dont des dizaines de sympathisants disent avoir reçu des menaces et dont certains ont peur de retourner vivre chez eux, dans des quartiers mixtes, sunnites et chiites.


Blocage.


 
Avant-hier soir, il y aurait encore eu des heurts dans différentes zones de la capitale. «Nous tenons le Hezbollah pour responsable, ajoute Nabil de Freige. C’est lui qui a perpétré un coup de force début mai. L’opposition doit maintenant tenir ses engagements et retirer tous ses éléments armés de Beyrouth.» En face, le Parti de Dieu et l’autre parti chiite, Amal, dénoncent «les informations mensongères diffusées par ceux qui veulent entraver l’entente et la formation du gouvernement national», tout en assurant «qu’aucune couverture politique ne sera assurée à ceux qui violent la loi». Le Premier ministre, Fouad Siniora - reconduit à la tête du gouvernement la semaine dernière -, a annoncé qu’il entendait mettre en place une chambre d’opération spéciale pour enregistrer les violations de l’accord de Doha. Parallèlement, il poursuit ses concertations pour former un nouveau gouvernement. Les discussions pour mettre sur place ce cabinet d’union nationale dans lequel la majorité doit disposer de seize ministres et l’opposition de onze portefeuilles, soit une minorité de blocage, n’ont donné aucun résultat pour l’instant.


Lettre ouverte.


 
Outre les difficultés inhérentes au système libanais - qui fonctionne selon un système de quota pour assurer une juste représentation des différentes communautés confessionnelles -, les partis se disputent plusieurs portefeuilles dont ceux dits de «services» grâce auxquels ils se garantissent une clientèle électorale. Jeudi, des associations de la société civile ont adressé une lettre ouverte à l’ensemble de leurs responsables politiques : «Nous en avons assez du confessionnalisme, de la personnification du pouvoir, de l’égocentrisme, de la violation des droits du citoyen et de l’absence de vision nationale réelle. Cessez donc de violer le concept de l’Etat. Assez !»



http://www.liberation.fr/actualite/monde/330388.FR.php
© Libération
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